Syndrome du sablier : voici pourquoi rentrer son ventre en permanence est dangereux

Pour tricher sur leur silhouette et la rendre plus svelte, certaines personnes ont pris le pli de rentrer le ventre. Un automatisme que la classe médicale appelle le « syndrome du sablier ». Le fait d’aspirer son nombril en société est un comportement typiquement féminin qui s’impose dès le plus jeune âge. Même si cette habitude est presque devenue un réflexe inconscient, elle peut faire de sérieux dégâts sur la santé. Voici pourquoi il est temps de relâcher sa bedaine et d’arrêter cette apnée quotidienne. Encore une fois, vouloir rivaliser avec les standards de beauté n’est qu’une quête destructrice. 

Le syndrome du sablier, un « toc » aux effets désastreux

À la plage, sur les photos ou encore lors des câlins coquins, rentrer le ventre est presque robotique. Dès que le corps est à la merci de tous les regards, il revêt une gaine invisible, mais bel et bien étouffante. Les petits bourrelets se replient sur eux-mêmes et le ventre tente de ne pas faire de vagues. Tout ça pour mimer cette forme de sablier, triomphante dans les normes de beauté. Ce gimmick est devenu une « banalité » et il illustre désespérément cette apologie du ventre plat. Si le syndrome du sablier est loin d’être une « découverte », il a récemment été pointé par des vidéos TikTok.

Comme l’exposent de nombreuses utilisatrices, cette manie dénature la posture et l’état des abdominaux. Dans cette position, déjà assez inconfortable, les abdos ne sont jamais au repos. Et détrompez-vous, ce n’est pas en les contractant h24 de la sorte qu’ils deviendront saillants et bétonnés. C’est d’ailleurs l’effet inverse qui se produit. Au lieu de créer les fameuses « tablettes de chocolat », le syndrome du sablier estropie toute l’anatomie du ventre. Une ligne creusée ou des fossettes peuvent même en résulter sur l’abdomen.

Au-delà de ces signes esthétiques, le syndrome du sablier agit aussi de l’intérieur. L’organisme tout entier est alors en déroute, fonctions moteurs incluses. Or, une fois que le cerveau a assimilé ce geste, difficile de lui demander de faire « reset ». Alors que 7 Français.es sur 10 sont complexé.e.s par leur silhouette, cette mimique semble pourtant être une bonne ruse. Toutefois, falsifier les courbes de son ventre peut coûter très cher à la santé.

Il altère la posture

Le syndrome du sablier consiste à serrer ses abdos sans arrêt. L’estomac est alors recroquevillé, ce qui entraîne une pression sur le bas du dos. Il n’est d’ailleurs pas rare de constater un déséquilibre du bassin.

La colonne vertébrale, quant à elle, dévie progressivement, reproduisant presque les effets de la scoliose. La posture, dans son intégralité, devient alors chaotique. Des tensions peuvent ensuite apparaître au niveau des cervicales et des lombaires.

Il nuit à la respiration

Pour pouvoir s’oxygéner correctement, le corps a besoin d’une respiration profonde et ample. Un geste « primaire » incompatible avec le syndrome du sablier. Rentrer le ventre en permanence peut entraver le fonctionnement du diaphragme, principal muscle respiratoire. Cela implique de retenir l’air dans les poumons tout en augmentant le volume du thorax.

Avec le syndrome du sablier, la respiration est superficielle et se joue à l’envers. Il est question de respiration paradoxale : le ventre dégonfle à l’inspiration et gonfle à l’expiration. Un mécanisme inversé susceptible d’entraîner fatigue, diminution de la concentration et faible énergie. Comme l’expose The Conversation, cela peut causer une diminution de 34 % de l’air expiré et une diminution de 27 à 40 % de la capacité pulmonaire totale.

Il fait pression sur les organes internes

Le syndrome du sablier crée une sensation d’emprisonnement qui se fait ressentir jusque sur les organes internes. Estomac, intestins, diaphragme sont alors « écrasés ». Tout l’équilibre intestinal est alors perturbé.

La digestion est plus lente, les crampes aux ventres sont plus régulières et la constipation devient chronique. Sur le long terme, des troubles gastro-intestinaux handicapants peuvent se manifester, rendant le quotidien de moins en moins vivable.

Il maltraite les muscles du plancher pelvien

Le plancher pelvien est un ensemble de muscles et de tissus qui jouent un rôle crucial dans le soutien des organes pelviens tels que la vessie, l’utérus et le rectum. Tout cet écosystème intime est également mis à rude épreuve avec le syndrome du sablier.

En gardant toujours ce ventre « figé », les muscles du plancher pelvien sont tassés et subissent une pression anormale. Ils finissent ainsi par se fragiliser et n’assurent plus leur rôle. Ce qui conduit à des fuites urinaires, des douleurs pelviennes et un risque plus accru de descente d’organe.

Syndrome du sablier : comment s’en défaire ?

Même si le syndrome du sablier s’enracine assez jeune, il n’est pas irréversible. Pour reprendre les rênes de son corps et arrêter de faire la misère à son ventre, les spécialistes préconisent essentiellement des approches « holistiques ».

C’est le cas par exemple de la méditation de pleine conscience qui permet d’ajuster la respiration et de détendre les muscles. Rentrer le ventre est souvent une attitude spontanée et incontrôlée. Il faut donc faire un gros travail sur soi pour que ça fasse tilte dans les esprits. Le yoga est aussi une piste pour se réconcilier avec son corps et le traiter avec respect.

« On peut absolument le traiter par la physiothérapie. Nous travaillons sur des choses comme la respiration dans différentes positions pour aider à décharger les endroits où la pression est plus présente », évoque le Dr Alexis Shoope, kinésithérapeute au média BuzzFeed

Le syndrome du sablier est encore l’œuvre de ces entêtants « standards de beauté ». Il traduit un désir irraisonnable de modifier sa corpulence pour obtenir la fameuse taille mannequin. Mais à quel prix ?

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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