La taille des seins influence-t-elle le risque de cancer du sein ? Il est temps de rétablir la vérité

Le cancer du sein touche en moyenne 60 000 femmes par an en France. Résultat d’une mauvaise hygiène de vie, héritage génétique empoisonné ou « faute à pas de chance », la maladie s’abat parfois sans prévenir. Mais selon les croyances populaires, les femmes dotées d’une forte poitrine sont plus à risque que celles qui font un bonnet A ou B. Cette idée, ancrée dans de nombreux esprits, prétend que plus les seins sont charnus, plus la maladie a de terrain à gagner. Est-ce que la taille des seins influence vraiment le risque de cancer du sein ou est-ce un mythe ? Est-ce que les femmes aux petits seins sont plus épargnées ? Éléments de réponse.

Les fortes poitrines, plus exposées au cancer du sein ?

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes. Lorsque le diagnostic tombe, certaines jettent la faute sur les mensurations de leur poitrine et accusent leur bonnet. Elles estiment qu’elles n’ont pas été gâtées par la nature. En effet, dans l’imaginaire collectif, les poitrines généreuses sont plus susceptibles de se faire envahir par le cancer. Si vous-même vous avez un décolleté bien rempli, vous vous êtes peut-être déjà inquiétée sur votre sort. Mais faut-il vraiment crier à l’injustice anatomique ? Est-ce que la taille des seins vous rend plus vulnérable face au cancer du sein ?

Cette hypothèse part de l’idée selon laquelle des seins plus volumineux contiendraient plus de tissu mammaire et, par conséquent, un plus grand nombre de cellules à « attaquer ». Selon une étude américaine menée auprès de 16 000 femmes et relayée dans le média The Telegraph, il y aurait bien un lien, mais pas beaucoup de certitudes. En réalité, elle pointe surtout l’hormone baptisée oestrogène, parfois responsable du grossissement des seins ou pire, de tumeurs. La taille des seins n’est donc pas une valeur sûre pour justifier la survenue d’un cancer du sein. D’ailleurs aucune autre étude d’envergure ne va dans ce sens.

Les facteurs de risque avérés, comme l’âge, les antécédents familiaux, les mutations génétiques (BRCA1 et BRCA2), l’exposition aux hormones, et les habitudes de vie telles que le tabagisme ou la consommation excessive d’alcool, jouent un rôle bien plus important dans l’apparition de cette maladie. Les femmes qui souffrent d’obésité sont également des proies plus faciles. Ce n’est donc pas la taille de leurs seins qui est à incriminer, mais leur condition médicale.

Et les petites poitrines, moins à risque ? Pas vraiment…

Les femmes qui ont une poitrine plus proche des mandarines que des melons sont-elles vraiment plus chanceuses ? Certes, la maladie a moins de surfaces sur lesquelles s’accrocher, mais elle peut aussi s’y installer. D’ailleurs, 1 % des hommes peuvent être touchés par le cancer du sein alors qu’ils ont un buste à peine développé et un torse plat. Encore une fois, la taille des seins n’est pas un indicateur fiable pour savoir si le cancer du sein frappera. La maladie n’a pas de « profil type ». Elle n’exclut personne, pas même les jeunes femmes de 30 ans qui font un bonnet A.

Cependant, les petites poitrines ont un avantage sur les plus garnies. Comme le précise le Dr Olivier Rousseau, gynécologue et Président du réseau DIANE, à France Bleu Région, l’auto-palpation est plus facile. Les anomalies se sentent presque tout de suite sous les doigts. De ce fait, le dépistage est plus précoce. À l’inverse, les femmes qui ont une forte poitrine peuvent avoir du mal à identifier des grosseurs ou des irrégularités.

En revanche, celles dont la poitrine passe presque inaperçue sous les vêtements redoutent davantage la mammographie. Elles voient cet examen comme une épreuve de torture. Se faire aplatir les seins comme des crêpes n’est pas forcément une partie de plaisir, mais c’est une étape presque vitale.

« Il y a des seins douloureux et d’autres non, sans que cela soit lié au volume. Cela a parfois à voir avec les variations ou déséquilibres hormonaux », rassure la Dr Corinne Bordonné, médecin radiologue au média Doctissimo

La densité mammaire, un critère plus important que la taille

Si la taille des seins n’influence pas le risque de cancer du sein, les spécialistes penchent plus leur loupe sur la densité mammaire. Vous avez peut-être déjà entendu parler de « seins denses » sans vraiment en comprendre la signification. C’est souvent ce qui porte à confusion. Le grand public a tendance à mélanger densité et taille des seins.

La densité mammaire est invisible à l’œil et ne se mesure pas avec un mètre de couturière. Les femmes avec une densité mammaire élevée ont un tissu plus riche en glandes, ce qui peut compliquer la détection de petites anomalies ou tumeurs lors des examens de routine. Dans ce cas, la mammographie est complétée par une échographie, qui permet d’éclaircir les zones d’ombre. Vous pouvez donc avoir une petite poitrine très dense ou une poitrine imposante, mais dite « graisseuse ». Vos seins sont uniques. Il n’existe pas deux paires similaires.

Il existe encore de nombreuses idées fausses sur le cancer du sein. Il est impitoyable et peut s’abattre sur toutes les poitrines, qu’importe leur gabarit. D’où l’importance de se faire dépister et de ne pas repousser ce check-up mammaire.  

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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