C’est en 2016 que le petit village alsacien d’Oberbruck accueille le tout premier cabinet de télémédecine en France. Depuis, la téléconsultation se démocratise dans le pays. 2 ans plus tard, le gouvernement annonçait d’ailleurs le remboursement de cette pratique par l’Assurance Maladie.
Dans un contexte où les déserts médicaux sont de plus en plus présents, la téléconsultation en ophtalmologie semble notamment plébiscitée par les professionnel.le.s et les patient.e.s. On fait le point.
Les déserts médicaux dans le milieu de l’ophtalmologie
Ce n’est pas un secret : l’accès aux ophtalmologues est difficile en raison des délais d’attente. D’après une enquête OpinionWay(1) menée pour le Rassemblement des Opticiens de France (ROF) : 56 % des Français.es doivent attendre plus de 4 mois pour un rendez-vous chez un.e ophtalmologiste.
En parallèle, la France fait face à une augmentation du nombre de pathologies visuelles et à un vieillissement de sa population. Elle se doit donc répondre à une demande médicale de plus en plus croissante. Problème : les déserts médicaux dans le milieu de l’ophtalmologie se comptent par centaines. Près de 25 millions de Français.es vivraient aujourd’hui dans des déserts médicaux visuels.
La téléconsultation, késako ?
C’est une consultation qui s’effectue à distance entre un.e professionnel.le de santé et son.a patient.e, via l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (téléphone, ordinateur, tablette). Cette consultation à distance peut s’effectuer dans différents lieux : chez soi avec son ordinateur, dans un centre Point Vision, en maison de santé, dans une clinique, en EHPAD, à l’hôpital, etc.
Si cette pratique médicale est décriée par certain.e.s professionnel.le.s et patient.e.s, elle semble tout de même plébiscitée par beaucoup. Et pour cause. Son but premier est de réduire les inégalités d’accès aux soins dans les zones sous-dotées (déserts médicaux). Et aussi de faciliter la prise en charge médicale en la rendant plus rapide, notamment via des plateformes spécialisées comme Qare ou AlloDocteur. Des atouts non négociables.
La téléconsultation en ophtalmologie pour faciliter l’accès à la santé visuelle
Face à ce constat, Afflelou a récemment implanté un service de téléconsultation au cœur de ses 30 magasins d’optique. L’enseigne a constaté que la plupart des client.e.s qui venaient en magasins n’avaient pas d’ordonnance. En prime, le groupe dispose de 200 magasins présents dans des zones de désert médical.
La téléconsultation en ophtalmologie s’est alors imposée comme la meilleure solution pour faciliter l’accès à la santé visuelle. D’autres acteur.rice.s du secteur ont d’ailleurs aussi succombé à cette pratique. On pense notamment au Groupe Point Vision ou aux plateformes spécialisées qui proposent désormais de consulter un.e médecin par visio.
Un nouvel amendement redouté sur la téléconsultation
Néanmoins, la téléconsultation qui était jusque-là en plein essor doit faire face à un nouvel amendement qui pourrait bouleverser la pratique. Est-ce la fin des téléconsultations à domicile ? Là est la question.
Les député.e.s ont en effet adopté en Commission des affaires sociales le 13 octobre dernier un amendement déposé au Plan de financement de la Sécurité sociale. Ce dernier oblige l’accompagnement de toute téléconsultation par un.e professionnel.le de santé. Autrement dit, pour pratiquer la consultation à distance, il faudra désormais la présence de deux soignant.e.s, un de chaque côté de l’écran.
Si l’objectif est de garantir un bon usage de la téléconsultation, certaines personnes y voient une mise à mal de la pratique telle qu’on la connaît. « Les oppositions réunies veulent perpétuer les déserts médicaux et mettent en péril la santé des Français.es », s’est exprimé le ministre délégué au Numérique Jean-Noël Barrot.
Quoiqu’il en soit, la téléconsultation notamment celle en ophtalmologie n’a pas dit son dernier mot. En 2022, elle reste en effet un réel atout pour pallier les déserts médicaux dans certaines villes françaises.