1,6 million de Français.es seraient porteur.se.s de troubles bipolaires. Un chiffre qui nous laisserait croire que cette maladie est suffisamment connue de tou.te.s. Eh bien, non. Encore aujourd’hui en 2024, certaines personnes ayant ce « trouble maniaco-dépressif », subissent les préjugés et les idées reçues à ce sujet. Le trouble bipolaire reste l’un des troubles mentaux les plus mal compris et entourés de préjugés. Pour mettre fin à ces stigmatisations, en cette Journée mondiale des troubles bipolaires, voici 5 idées reçues à briser à propos de cette maladie mentale.
Qu’est-ce que le trouble bipolaire ?
Les troubles bipolaires toucheraient plus de 60 millions de personnes dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’assurance maladie définit les troubles bipolaires comme « une maladie psychique chronique responsable de dérèglements de l’humeur avec le plus souvent une alternance d’états d’exaltation et de dépression ».
Cette maladie était auparavant appelée psychose maniacodépressive et se caractérise par la venue de différents épisodes émotionnels, maniaques, dépressifs ou hypomaniaques (périodes d’euphorie et d’excitation). La maladie mentale est quelque chose que notre société a du mal à voir. Selon l’OMS et des témoignages de personnes concernées, la stigmatisation serait en ce sens l’obstacle le plus important à surmonter pour la prise en charge des maladies mentales. Le diagnostic de la bipolarité se réalise tardivement : le premier est en moyenne atteint au bout de 10 ans.
Le trouble bipolaire n’est qu’une série de sautes d’humeur ordinaires
L’une des idées fausses les plus répandues est que le trouble bipolaire est simplement une série de hauts et de bas émotionnels que tout le monde ressent à un moment donné. En réalité, le trouble bipolaire implique des changements d’humeur dits extrêmes qui peuvent interférer avec la vie quotidienne.
Les personnes porteuses de ce trouble peuvent ainsi passer par des épisodes de manie, caractérisés par une énergie excessive, une impulsivité et un comportement risqué, suivis de périodes de dépression profonde où même les tâches les plus simples semblent insurmontables.
Le trouble bipolaire touche que les femmes
Arrêtons tout de suite ce delirium ! Les troubles psychiques peuvent concerner toutes les populations sans distinction d’âge, de sexe ou de milieu social. Ainsi, les troubles bipolaires peuvent toucher n’importe quel genre et cette maladie se déclare généralement vers l’adolescence à 15-25 ans.
« Il y aurait un peu plus d’hommes que de femmes pour le trouble bipolaire de type 2, mais les données sont relativement controversées. Les femmes ont plus tendance à faire des phases dépressives alors que les hommes ont davantage de phases maniaques et hypomanes », explique le Dr et psychiatre Desseilles à Santé magazine
Les personnes bipolaires sont toujours soit très heureuses, soit très tristes
Une autre idée fausse courante est que les personnes bipolaires vivent constamment dans des extrêmes émotionnels, soit dans un état de bonheur euphorique, soit dans une profonde tristesse.
En réalité, la plupart des gens porteurs de trouble bipolaire passent plus de temps dans des phases de stabilité émotionnelle que dans des épisodes maniaques ou dépressifs. Ces phases stables sont souvent mal comprises, car elles ne sont pas aussi spectaculaires que les phases dites extrêmes.
Les personnes bipolaires ne peuvent pas avoir de vie normale
Pourquoi certaines personnes pourraient vivre une vie dite « normale » avec leur maladie et pas celles qui sont porteuses de troubles bipolaires ? De nombreux.ses individu.e.s souffrant de troubles bipolaires ont une vie sociale, amoureuse et professionnelle, comme tout le monde.
La seule différence est qu’iels sont suivi.e.s par des profesionnel.le.s et prennent des traitements spécifiques au quotidien. Il est bien temps que les mentalités changent, et que les préjugés cessent !
Les femmes bipolaires ne peuvent pas avoir d’enfants
La grossesse est parfaitement possible chez les femmes souffrant d’un trouble bipolaire. Elles ont le droit et peuvent avoir des enfants. Ce n’est pas le choix du/de la médecin, mais celui de la femme et/ou du couple.
Elles sont et doivent être étroitement suivies par des équipes médicales. Notamment, une réévaluation du traitement est parfois nécessaire avant de débuter la grossesse.
« La grossesse et surtout la période du post-partum sont des périodes à risque accru de décompensation. Il est donc important d’en discuter avec son/sa médecin – idéalement en amont du projet de maternité – afin d’évaluer les risques encourus pour le fœtus s’il est exposé aux phases maniaques ou dépressives de la mère, et les risques liés à l’exposition aux médicaments in utero. (…) », recommande le Dr Desseilles à Santé magazine
Les personnes bipolaires sont instables et peu fiables
Encore une idée fausse répandue… En réalité, avec un traitement approprié et un soutien adéquat, de nombreuses personnes bipolaires mènent des vies stables et productives.
La régularité dans la prise de médicaments, les rendez-vous thérapeutiques réguliers et un réseau de soutien solide peuvent contribuer à stabiliser les humeurs et à maintenir un mode de vie dit sain.
La bipolarité ne se soigne pas
À ce jour, les troubles bipolaires ne se soignent pas définitivement. Mais il existe de nombreux traitements pour rendre le quotidien plus agréable et avoir ainsi une vie dite « normale ». Les personnes bipolaires doivent suivre des traitements à vie.
En parallèle des soins médicaux, ces personnes doivent maintenir une bonne hygiène de vie, prendre soin d’elles, etc. Certaines thérapies comportementales et cognitives et la méditation peuvent également faciliter la vie avec ces troubles.
Les troubles bipolaires sont héréditaires
Les études ont montré que la génétique peut être impliquée dans plusieurs pathologies psychiatriques. On estime que l’hérédité contribue à 60 % dans l’apparition des troubles bipolaires. Un.e enfant sur dix environ, dont le père ou la mère est porteur.se du trouble bipolaire, développera également la maladie.
Toutefois, les gènes ne sont pas les seuls responsables. L’environnement joue un rôle. Les maltraitances et les événements traumatisants durant l’enfance de l’individu.e peuvent avoir un effet déclencheur des troubles bipolaires. L’anxiété, le stress et le sommeil irrégulier, l’alcoolisme ou encore la toxicomanie durant l’adolescence peuvent aussi enclencher la maladie.
Alors qu’une personne sur 5 sera touchée par une maladie psychique au cours de sa vie (dépression, trouble bipolaire, schizophrénie…), il est important de lever les tabous. Si vous ou quelqu’un que vous connaissez êtes concerné.e par le trouble bipolaire, n’hésitez pas à chercher de l’aide professionnelle et à vous renseigner auprès de sources fiables pour obtenir un soutien et des conseils appropriés. Il n’y a pas de honte à avoir de s’exprimer sur sa bipolarité ou celle d’un.e proche.