La variole du singe (Monkeypox), une maladie infectieuse virale rare, sévit depuis le 7 mai 2022. Bien que ce virus soit rarement mortel, la vague d’homophobie qu’il ravive inquiète. Zoom sur le phénomène.
Variole du singe : la communauté LGBTQI+ est massivement touchée
La variole du singe est une maladie virale qui se manifeste bien souvent par de la fièvre et une éruption cutanée. Les individu·e·s atteint·e·s peuvent aussi ressentir de violents maux de tête, des douleurs musculaires et dorsales et une fatigue intense.
Depuis l’identification d’un premier malade il y a un peu plus de 3 mois, près de 43 000 cas ont été recensés. Cependant si l’OMS a tiré la sonnette d’alarme le 23 juillet dernier en classant l’épidémie « urgence de santé publique de portée internationale », il précise aussi qu’il considère la variole du singe comme un risque modéré. Pas de panique donc.
Un chiffre interpelle néanmoins les spécialistes. Le continent africain mis à part, « 99 % des cas recensés sont des hommes » indiquait le 20 juillet 2022, la docteure Rosamund Lewis, principale experte de l’OMS pour la variole du singe. Plus étonnant, 98 % d’entre eux sont « des hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, et principalement ceux qui ont de multiples partenaires ».
Les médecins peinent encore à expliquer précisément le phénomène. Cette surreprésentation d’hommes LGBTQI+ tiendrait au mode de transmission de la maladie. Pour contracter la variole du singe, il faut avoir été en contact relativement prolongé avec les fluides corporels, le sang ou les lésions cutanées d’un individu infecté. Ainsi, les relations sexuelles semblent être un cadre de prolifération parfait.
Un constat qui donne lieu à une stigmatisation excessive et injustifiée
Bien que la communauté LGBTQI+ soit majoritairement concernée par cette épidémie, la maladie n’a bien sûr rien à voir directement avec l’orientation sexuelle des malades. Cela relève surtout de leur mode de vie et de sociabilité. Néanmoins, il n’en faut pas plus pour enflammer les esprits et donner lieu à une nouvelle stigmatisation des personnes non-hétérosexuelles.
Dans une interview pour Ouest France, Terrence Khatchadourian, secrétaire général de STOP homophobie, détaille ces (micro-)agressions :
« On reçoit de nombreux témoignages d’homophobie sur l’application Telegram, où nous avons un groupe qui compte plus de 160 membres. Un couple a retrouvé une lettre d’injures sur sa voiture. On nous dit que c’est notre faute, que nous sommes des abominations… Pour eux, on est sales. »
Et cette homophobie ne s’arrête pas sur les réseaux sociaux ou dans la rue. Le 4 août dernier, le député LR Aurélien Pradé est accusé d’homophobie par Sandrine Rousseau après avoir déclaré, alors que sa collègue abordait à l’Assemblée Nationale la « honte » non justifiée ressentie par la population LGBTQI+, que c’était surtout « une honte pour les singes ».
Des discriminations qui font écho aux années 1980-1990
Cette stigmatisation ambiante n’est pas sans rappeler la crise du Sida dans les années 1980-1990. Déjà le VIH posait problème à la communauté homosexuelle qui subissait discriminations et mises à l’écart.
À bon entendeur : le fait de considérer à l’époque le Sida comme une maladie d’homosexuels, ne touchant de fait que ceux-ci, à finalement fait baisser la garde des personnes hétérosexuelles. Résultat, la maladie s’est répandue à loisir au sein de la population générale.
À nous donc de ne pas répéter les erreurs du passé et de ne pas faire d’amalgame. Si la communauté LGBTQI+ est plus massivement touchée à l’heure actuelle par la variole du singe , elle n’est pas la seule population vulnérable.