Même si la neige se fait de plus en plus rare en plaine, elle n’a pas encore totalement disparu. Alors forcément, lorsque les paysages revêtent leur blanc manteau, tout le monde met le nez dehors. Pendant ces virées immaculées, les enfants n’hésitent pas à se faire des cornets de glace avec la poudreuse et à croquer dans leur boule de neige comme s’il s’agissait d’une pomme. À l’âge adulte, il arrive aussi de tendre la bouche vers le ciel et de laisser les flocons fondre sur sa langue, à la manière des bonbons crépitants. Dans un registre plus « survivaliste », les adeptes de randonnées peuvent aussi envisager de ravitailler leur gourde avec une pelletée de neige bien fraîche. Pourtant, si elle évoque la pureté, la neige n’est pas vraiment propre à la consommation. Voici donc pourquoi vous ne devriez jamais manger de neige, même si la tentation est grande.
Un mélange peu ragoûtant de polluants
Avec sa couleur éclatante et sa texture proche du sorbet, la neige a déjà chatouillé de nombreux palais. Que ce soit par inadvertance lors d’une culbute en luge ou par simple curiosité, vous avez certainement déjà goûté cet élément givré, disponible en libre accès dans la nature. Pendant l’enfance, vous avez peut-être même improvisé un restaurant avec une déclinaison de plats enneigés et plantez vos crocs dans vos sculptures glacées. Une bouchée de neige, ça ne fait pas de mal, dites-vous certainement.
Pourtant, vous ne devriez plus jamais manger de neige, même pour amuser la galerie. Sous son allure angélique, la neige renferme une composition qui donne la chair de poule. En plus de se mêler au gravier, aux feuilles mortes toxiques et à la terre, parfois traitée ou parsemée d’urine, la neige abrite plusieurs particules polluantes qui ont de quoi refroidir les becs un peu trop aventureux. « Consommer une bouchée de neige reviendrait à respirer une bouffée d’un tuyau d’échappement », évoque MétéoMédia.
Selon une étude de 2017 menée par l’Université canadienne McGill, la neige agit comme une éponge et capte les polluants présents dans l’atmosphère. Elle est d’ailleurs encore plus malsaine lorsqu’elle gît depuis plusieurs jours sur les sols. La neige, qui semble être un cadeau du ciel, s’enveloppe de micro-particules nocives une fois sur la terre ferme. Y plonger ses lèvres, c’est donc prendre une belle dose de CO2, de résidus de métaux lourds et de pesticides. Méfiez-vous des apparences, la neige est plus sombre qu’elle en a l’air. Manger de la neige est une expérience rigolote, souvent prise à la légère, mais cette substance dégustée à même le gant pèse lourd sur la santé.
La neige est déminéralisée
Si vous sillonnez les sentiers de randonnée enneigés et prenez des parcours « rudes » qui s’étalent sur plusieurs kilomètres, vous avez peut-être déjà envisagé de vous hydrater avec de la neige, en mode « Mike Horn ». Certes, manger de la neige vous donnera peut-être l’illusion de vous désaltérer, mais en réalité il n’en est rien. Tout comme l’eau de pluie, elle est non potable. Même si la neige n’est autre qu’un amas d’eau cristallisée, elle est déminéralisée. Elle décuple la soif et provoque souvent une consommation immodérée.
Or, selon une étude de l’OMS, l’eau déminéralisée peut perturber l’organisme et notamment modifier l’homéostasie, qui participe à tout l’équilibre du corps. Certain.e.s randonneur.se.s ayant troqué leur gourde vide contre de la neige fondue se sont ainsi retrouvé.e.s avec des diarrhées aiguës et de lourdes séquelles aux intestins.
Même écho chez les enfants exposé.e.s uniquement à de l’eau déminéralisée, qui, elleux, ont eu des oedèmes au cerveau ou des acidoses métaboliques. Toutefois, le danger est à relativiser. Manger de la neige en infime quantité, simplement pour « plaisanter » ou par mégarde, est sans gravité avérée. Mais ça ne veut pas dire que vous devez laisser votre enfant se faire un encas avec de la neige, fraîchement démoulée.
Gare au choc thermique
Ce n’est pas un scoop, manger de la neige glace le palais et soulève plus d’un frisson. Les dents, quant à elles, semblent avoir pris un véritable coup de jus. La neige paralyse tout le corps et c’est d’autant plus le cas lorsqu’elle franchit le seuil de la bouche. Outre le fait qu’elle abîme l’émail des dents, la neige frigorifie tout le corps au sens propre. Sa température très faible, qui se situe autour de 0°C, provoque un choc thermique assez rude avec un corps réglé à 38°C.
Sur le moment, vous ne le ressentirez peut-être pas, mais le lendemain il risque de vous clouer sur la lunette des toilettes et provoquer de nombreux dommages gastriques. En revanche, une fois la neige fondue et portée à ébullition, vous pouvez la consommer sans craindre de vous plier en deux de souffrance.
Manger de la neige est un geste que beaucoup pensent inoffensif et cocasse. Pourtant, mieux vaut éviter d’en faire son quatre-heures, au risque de récolter de vilaines aigreurs. Contentez-vous simplement de l’apprécier, avec vos yeux (et pas votre langue).