On n’arrête pas les progrès de la médecine… Depuis quelques semaines, plusieurs hôpitaux ont décidé de pratiquer la chirurgie de l’obésité en ambulatoire. On fait un point complet sur la question.
La France et la Suisse s’essaient à la chirurgie de l’obésité en ambulatoire
La nouvelle s’est répandue au début de l’été 2018, plusieurs hôpitaux (notamment français et suisses) ont décidé d’opérer le by-pass ou encore la sleeve sur une journée afin de permettre au patient de rentrer chez lui quelques heures plus tard.
A l’heure actuelle, on préconise une hospitalisation d’au minimum 3 jours (sous réserve que tout se déroule bien). Dans le centre hospitalier de Mâcon en France ou encore le centre de l’obésité de l’HNE en Suisse, la sleeve et le by-pass seront maintenant pratiqués en ambulatoire… Oui, vous avez bien lu.
Après avoir été opéré, le patient bénéficiera d’une surveillance de 10 heures et si le chirurgien considère que tout va bien, ce dernier sera invité à rentrer chez lui le soir. Une fois à son domicile, une infirmière passera deux fois par jour afin d’effectuer un suivi post opératoire.
Un temps d’opération réduit et des « instruments intelligents »
La chirurgie bariatrique en France se développe à vitesse grand V depuis environ 10 ans. A l’époque, 3h30 d’intervention étaient nécessaires. On a ensuite réduit ce temps à 1h30 et dernièrement, ce type d’intervention s’effectue en 30 à 50 minutes.
Ceci est rendu possible grâce à plusieurs facteurs. L’expérience et le savoir-faire des chirurgiens qui s’est grandement affiné mais aussi la performance des outils médicaux utilisés. On parle notamment de « pinces intelligentes » capables de détecter l’épaisseur des tissus mais aussi de couper et agrafer en même temps grâce à une légère pression du pouce. Le nombre d’incisions est désormais limité à trois.
Tout ce temps gagné permet de réduire le temps d’anesthésie et donc le réveil du patient. Nous le savons maintenant, l’anesthésie doit être la plus courte possible. Avec tous ces nouveaux paramètres (et si le médecin donne son feu vert), le patient pourra donc rentrer chez lui seulement quelques heures après avoir subi une chirurgie de l’estomac.
« Le temps c’est de l’argent » : mais que fait-on de la sécurité des patients ?
Nous nous interrogeons réellement sur cette nouvelle pratique. Nous savions déjà que la Sécurité Sociale avait prévu de renforcer ses contrôles avant une chirurgie de l’obésité mais cette nouvelle pratique post opératoire ne va t-elle pas à l’encontre de la sécurité des patients ?
Nous avons demandé son avis à Coline, une amie de la rédaction, qui a subi une sleeve il y a deux ans :
J’avais 22 ans au moment de l’opération, j’étais donc jeune, en bonne santé et sans pathologies associées à l’obésité. J’étais un cas « facile », pourtant je vous garantis que je n’aurais jamais pu rentrer chez moi le soir même. Je pouvais difficilement garder les yeux ouverts plus de 5 minutes, j’ai eu plusieurs doses de morphine la première nuit pour lutter contre les douleurs, je ne pouvais pas aller faire pipi seule et j’ai « déliré » un peu des suites de l’anesthésie durant les deux nuits qui ont suivi l’opération.
Cette course à l’économie et au « temps gagné » va t-elle finir par se retourner contre les patients ? Que va t-il se passer si une fois rentré le patient est seul, sans famille pour l’accompagner les premiers jours ? Que se passera t-il s’il se lève la première nuit et tombe sans pouvoir se relever et atteindre un téléphone ? Que va t-il se passer lorsqu’il sera incapable de se faire à manger car il ne saura pas quels aliments choisir ni comment les préparer ? Que va t-il se passer lorsqu’il se sentira en souffrance psychologique les premiers jours après cette très difficile opération ?
N’hésitez pas à nous donner votre avis sur la chirurgie de l’obésité en ambulatoire…