Suite à la publication d’une étude sur l’obésité et le faible encadrement des multinationales de l’alimentaire, le chirurgien bariatrique Marc Vertruyen (Cliniques de l’Europe à Bruxelles) a tenu à tirer la sonnette d’alarme. Pour lui, la chirurgie de l’obésité, très pratiquée en France, « créée une maladie métabolique« . Un suivi à long terme est essentiel. Il s’exprime dans les pages de La voix du Nord. Voici ce qu’il faut retenir.
« La chirurgie est une aide, mais pas une solution à l’obésité »
Il tient à le rappeler (à juste) titre :
La chirurgie est une aide, mais pas une solution à l’obésité, qui est un trouble du comportement alimentaire. Ce n’est pas en coupant l’estomac des patients que l’on règle le problème.
Selon lui, la chirurgie devrait être un ultime recours après plusieurs tentatives plus naturelles pour perdre du poids :
Pour nous, l’hôpital ne doit être qu’au bout de la ligne, après l’école, les parents, l’éducation, l’offre nutritionnelle. Que la cause soit le stress, un burn-out, la perte d’un emploi ou d’un couple, le grignotage permanent ou l’hyperphagie conduisent au surpoids, donc aux problèmes de mobilité, ce qui crée un cercle vicieux.
Il est néanmoins très conscient que la réussite d’une chirurgie de l’obésité sur le long terme dépend surtout du suivi post opératoire :
La chirurgie permet certes de sortir du cercle vicieux en rendant de la mobilité au patient, mais cela ne suffit pas s’il ne fait pas un travail sur lui-même. Et il faut pour cela l’assister.
Des risques de complications graves après une chirurgie bariatrique
Nous l’avions déjà expliqué. Dans le cas de la sleeve par exemple, même si l’estomac est réduit, il peut reprendre sa forme initiale avec le temps :
On peut fabriquer un mini-estomac, mais si on l’alimente en permanence, on peut ingurgiter autant de calories que précédemment, puis provoquer une nouvelle dilatation de l’estomac, avec tous les risques que l’on imagine.
En ce qui concerne le bypass, les risques sont considérés comme encore plus grands. En effet, on « branche » directement un mini estomac sur le dernier mètre de l’intestin :
Cela crée quand même une maladie métabolique et une malabsorption, qui induit des carences multiples et qui est incontrôlable. Fistules, péritonites ou hernies internes ne sont pas à exclure et demandent une surveillance stricte.
Obésité : pour réussir une chirurgie, le patient doit être suivi à vie
Très conscient du phénomène de reprise de poids qui attend 100 % des patients opérés d’une sleeve, d’un anneau gastrique ou d’un bypass, il conclut :
Le geste opératoire doit être clairement expliqué, car il engage le reste de la vie du patient, qui doit agréer à l’opération en connaissance de cause. Le traitement de l’obésité doit être un traitement de longue durée, qui suppose beaucoup d’empathie, de disponibilité et d’écoute, afin de ne pas laisser le patient seul, une fois passé le stade de la salle d’opération. Il faut l’aider quand il rencontre des ennuis dans la vie.
Au final, le chirurgien n’est qu’une « petite main ». La réussite de l’opération et le maintien de la perte de poids à long terme ne dépendent pas que de lui, bien au contraire. Il faut être suivi psychologiquement et physiquement par toute une équipe de médecin.
Les témoignages de reprises de poids après une chirurgie de l’obésité ne manquent pas sur The Body Optimist. On parle de ça et bien plus encore sur notre forum et plus particulièrement dans la rubrique Chirurgie. Venez nous rejoindre !