121 millions. C’est le nombre de grossesses non désirées qui seraient néanmoins enregistrées chaque année dans le monde. Le Fond des Nations Unies pour la population tire la sonnette d’alarme.
Grossesses non désirées : des chiffres inquiétants…
Près de la moitié des grossesses portées à la connaissance des administrations ne sont pas intentionnelles. C’est le constat que fait le Fond des Nations Unies pour la population dans son rapport publié le 30 mars dernier. Et quand on parle de grossesses non désirées, il n’est pas uniquement question d’accident de parcours de couples dont les deux parties ont un rapport sexuel consenti au cours duquel le moyen de contraception fait défaut (bien que ce type de grossesses puisse tout à fait constituer un traumatisme).
Dans le monde (47 pays dont on connait les données), environ 40 % des femmes sexuellement actives n’utilisent aucun moyen de contraception par manque d’éducation ou parce qu’elle n’y ont pas accès. De même, près d’un quart des femmes ne sont pas en mesure de refuser un rapport sexuel.
Un phénomène accentué par les situations de crises
Si ces chiffres font déjà froid dans le dos, ils redoublent encore lors des différentes crises et les Nations Unies attirent l’attention à la fin de leur rapport sur le cas de la guerre en Ukraine. En effet, le conflit armé et le climat ambiant d’urgence et d’anxiété retardent l’approvisionnement de moyens de contraception tels que la pilule, le préservatif ou le stérilet.
« Si vous aviez 15 minutes pour quitter votre maison, qu’emporteriez-vous ? Votre passeport ? De la nourriture ? Penseriez-vous à prendre votre moyen de contraception ? », s’interroge le docteur Natalia Kanem dans le rapport
Or, certaines études montrent que plus de 20 % des femmes et filles réfugiées seront un jour confrontées à des violences sexuelles. Une situation déjà traumatisante et à laquelle s’ajoute le traumatisme de porté un enfant-preuve de l’agression. Des événements dramatiques dont 60 % se soldent par un avortement bien souvent dangereux, car non médicalisés.
… qui posent une fois de plus la question du respect du droit des femmes en matière de grossesse
Là où ces chiffres sont particulièrement inquiétants, c’est qu’ils bafouent en tous points l’un des droits fondamentaux, consacrés à l’international par plusieurs traités et accords : celui de décider d’avoir ou non des enfants.
« Seules 57 % des femmes sont capables de faire valoir leurs choix à l’égard de leur santé et de leurs droits en matière de sexualité et de procréation », détaille le Fond des Nations Unies.
Les causes avancées sont la pauvreté, le faible taux d’emploi et d’éducation, les inégalités de genre ainsi que l’exposition aux violences physiques, mais aussi et surtout psychologiques. Des facteurs somme toute assez classiques que le rapport désigne surtout comme une « pression exercée par la société sur les femmes et les filles pour qu’elles deviennent mères ».
En temps de paix comme en temps de guerre, on relègue les droits des femmes au second plan. Seule arme demeurant : la prévention et la sensibilisation auprès des femmes et des filles du monde entier.