Accoucher à domicile représente une option de plus en plus explorée par les futures mamans. À l’heure où les choix en matière de naissance évoluent, beaucoup considèrent en effet cette alternative comme une manière de redéfinir leur parcours vers la maternité. Toutefois, cette pratique n’est pas sans risque. Dernièrement en Ille-et-Vilaine (France), une femme de 37 ans et son enfant à naître sont morts. Autre affaire, en 2022 de jeunes parents avaient mené un combat pour récupérer leurs 2 filles confiées à la protection maternelle et infantile suite à un accouchement à domicile. Ces affaires posent de grandes questions à propos de l’accouchement à domicile. Quelles sont nos options si l’on ne souhaite pas donner le jour dans une maternité ? La rédaction vous éclaire.
L’épineuse question de l’accouchement à domicile en France
La première chose à savoir est que vous avez tout à fait le droit d’accoucher à domicile. Les risques existent, comme pour tout type d’accouchement. Le syndicat des gynécologues dénonce cette pratique en raison des complications vitales (pour l’enfant ou pour la mère) qui peuvent survenir en quelques minutes (et a fortiori lorsque vous êtes loin d’une structure hospitalière).
En l’occurrence, on parle ici du risque d’hémorragie suite à la délivrance, première cause de mortalité maternelle, selon le Dr Bertrand de Rochambeau qui précise à Allodocteurs.fr :
« L’hémorragie de la délivrance aboutit à un décès qui, si vous n’êtes pas dans une structure médicalisée, est inévitable. Quand vous n’avez aucun accès aux soins médicaux, c’est la catastrophe assurée pour la mère. C’est d’ailleurs pour cela qu’il n’y a pas d’assurance professionnelle qui accepte d’assurer un.e médecin ou une sage-femme pour ce type de risque. »
C’est la loi Kouchner, datant de 2022, qui autorise les mères à accoucher à domicile. Elle les autorise également à choisir le.a professionnel.le de santé qui va les accompagner, le lieu de l’accouchement et le type de soins qu’elles souhaitent recevoir. Problème : cette loi exige également une obligation d’assurance de la part des sages-femmes et/ou médecin. Sauf que, comme nous vous le disions plus haut, aucune assurance n’accepte de jouer le jeu au vu des risques encourus. La loi est donc favorable, l’accouchement remboursé par l’Assurance maladie, mais le contexte sociétal très hostile à cette pratique.
Toujours selon les chiffres partagés par Allodocteurs.fr et datés de 2021, sur 27 000 sages-femmes françaises, elles ne sont que 65 à pratiquer l’accouchement à domicile. Accompagner ce type de naissance est considéré comme un véritable engagement personnel, un choix militant. D’ailleurs, ces sages-femmes sont souvent stigmatisées par le corps médical et jugées inconscientes.
Je fais le choix d’un accouchement à domicile : ce qu’il faut savoir
Avant de vous lancer et de prendre définitivement la décision, certains facteurs sont à prendre en compte afin que tout se passe au mieux pour vous-même maman et votre bébé.
Santé
Quels sont vos antécédents ? Faites-vous de l’hypertension ? Du diabète gestationnel ? Avez-vous déjà eu une césarienne (risque de rupture utérine) ? Il est fortement conseillé de se renseigner sur toutes ces questions. Elles peuvent avoir une importance vitale si quelque chose vient à mal se passer lors de la délivrance.
Aussi, ce choix engage une réflexion approfondie sur les critères médicaux, la préparation adéquate, et la disponibilité des professionnel.le.s de la santé spécialisé.e.s dans l’accompagnement des naissances à domicile.
Problématiques logistiques
Votre maison ou appartement est facile d’accès pour les secours ? Êtes-vous proche d’une structure hospitalière ? Votre sage-femme n’habite-t-elle pas trop loin ? Rien de négatif à ce que vous accouchiez à la maison si votre santé et celle de votre enfant le permettent. Vous devez par contre vous assurer d’un maximum de sécurité en cas de problème.
Du personnel médical adéquat à la disponibilité des équipements nécessaires, en passant par la mise en place d’un environnement sécurisé, les problématiques logistiques revêtent une importance cruciale.
Consultations obligatoires
Les consultations médicales en amont de votre accouchement jouent un rôle prépondérant dans ce processus. Cela offre un cadre structuré pour évaluer la faisabilité de l’accouchement à domicile. Elles permettent aussi de surveiller étroitement le déroulement de la grossesse, d’évaluer les risques potentiels et de prendre des mesures préventives le cas échéant.
Aussi, le Code de santé publique demande aux parents, après la naissance à domicile, de présenter à un.e pédiatre ou un.e médecin le nourrisson dans un délai de 8 jours. La maman doit également être examinée dans un délai de 8 semaines. Les autres démarches administratives (certificat accouchement, déclaration en mairie, acte de reconnaissance, choix du nom…) sont les mêmes que si l’enfant naît dans une structure médicale.
Risques
Il est tout à fait normal de se demander si un accouchement à domicile comporte plus de risques qu’un accouchement à l’hôpital. La réponse est non. Précisément, le risque zéro lors d’un accouchement n’existe pas, que ce soit un accouchement à l’hôpital ou à domicile. Parmi les risques potentiels figurent des complications inattendues, telles que des problèmes liés à la progression du travail, des hémorragies ou un hématome rétroplacentaire. D’où l’importance d’être bien entourée médicalement.
Les sages-femmes, notamment, sont formées aux gestes de secours. Si quelque chose se passe vraiment mal, elles déclenchent immédiatement les secours. Ce qui n’était pas le cas quelques siècles en arrière, d’où le taux élevé de mortalité maternelle.
Avantages
Cette option offre un cadre intime et familier, permettant à la future mère de se sentir entourée de ses proches dans le confort de son propre chez-soi. L’accouchement à domicile peut ainsi contribuer à réduire le stress associé à l’environnement hospitalier.
Aussi, la personnalisation du processus de naissance est un avantage majeur. Cela offre aux parents la possibilité de créer un plan de naissance sur mesure, adapté à leurs préférences et valeurs. En prime, la sage-femme se concentre uniquement sur vous future maman durant tout l’accouchement. À la maternité, elles sont souvent obligées de s’interrompre afin d’aller aider une autre maman.
Environ 2 000 Françaises accouchent chaque année à leur domicile. Cette décision ne convient toutefois pas à toutes. La sécurité et le bien-être de la mère et de l’enfant demeurent la priorité absolue. Le choix d’accoucher à domicile doit donc être pris après une évaluation des conditions médicales, du suivi pré et postnatal, ainsi que des protocoles d’urgence établis.
