Les témoignages de jeunes mamans ayant le sentiment que leur consentement n’a pas été respecté durant l’accouchement sont malheureusement très nombreux. Si certains gestes effectués par les professionnel·le·s sont une urgence vitale, d’autres n’ont pas à être appliqués sans votre accord. Parce qu’on sait qu’il n’est pas facile d’analyser et de réfléchir lorsqu’on se trouve à la maternité à quelques heures d’accoucher, voici 10 gestes « interdits » dont vous pouvez d’ores et déjà prendre connaissance.
Petit point avant d’entrer dans le détail : nous vous conseillons fortement de réaliser ce que l’on appelle un « projet de naissance » avec une sage-femme en qui vous avez totalement confiance. Durant ce rendez-vous, plusieurs points seront déterminés et entérinés et donc, techniquement, non modifiables sauf urgence vitale bien évidemment. En autres : la présence ou non du/de la conjoint.e, sortir seule le bébé une fois les épaules dehors, conditions d’accouchement (dans l’eau, sur une table…), lieu de la mise au monde (hôpital ou domicile), gestion de la douleur ou encore, épisiotomie.
1 – La présence d’internes, d’externes ou d’étudiant·e·s dans la salle d’accouchement
Il est vrai que pour être formé·e·s, les médecins de demain ont besoin de voir et d’expérimenter dans la vraie vie. Cependant, si leur présence vous gêne et que vous préférez être en comité très restreint lors de votre accouchement, vous êtes totalement en droit de demander à ce qu’il·elle·s sortent de la pièce, et ce, sans vous justifier.
2 – Un toucher vaginal qui vous dérange ou qui vous fait mal
Beaucoup de mamans qui accouchent pour la première fois racontent : « l’infirmière est entrée et sans me demander, elle m’a inséré plusieurs doigts afin de savoir à combien est ouvert mon col ». Un·e professionnel·le bien formé·e vous demandera toujours l’autorisation (surtout la première fois), de vous toucher à cet endroit intime. Et si la personne vous a fait mal, vous pouvez arrêter le geste médical, lui signifier votre douleur et même, demander quelqu’un d’autre si cette personne est vraiment brutale avec vous.
3 – La péridurale
C’est la grande question que se posent toutes les futures mamans : avec ou sans péridurale ? Vous avez le droit de ne pas savoir, de la demander au dernier moment ou de la refuser tout court. Personne n’a à vous imposer de choix sans vous demander expressément votre avis si cela ne met pas en danger la vie de votre enfant à naître. En général, la péridurale est posée à 3 ou 4 cm d’ouverture du col. Mais vous pouvez demander à la poser plus tard si vous le souhaitez.
4 – Rester immobile lorsque vous êtes en travail
« Madame, allongez-vous et restez tranquille ». Si votre bébé se porte bien, personne ne peut vous obliger à rester immobile. Vous pouvez marcher ou vous asseoir sur votre ballon de grossesse. En outre, la marche accélère la descente de bébé dans le bassin. Soyez à l’écoute de votre corps et si votre conjoint·e est là, communiquez avec lui·elle et faites-lui savoir ce que vous ressentez. Il·elle pourra expliquer tout cela au personnel médical en cas de besoin.
5 – Rompre la poche des eaux artificiellement
Si elle tarde à se percer naturellement, les médecins peuvent (et doivent parfois) vous proposer de rompre eux·elles-mêmes la poche des eaux. Vous n’êtes pas obligée d’accepter immédiatement si la santé de bébé le permet. En revanche, le personnel n’a absolument pas le droit d’effectuer cet acte sans votre consentement. Surtout lorsqu’on sait que cela peut faire très mal (douleur variante d’une future mère à l’autre).
6 – L’accélération du travail avec injection d’ocytocine
On utilise de plus en plus l’ocytocine pour accélérer le travail selon le Collège des sages-femmes. Toujours selon lui, une femme sur trois en reçoit avant d’accoucher. Pourtant, ce produit ne devrait servir que lorsque la situation est urgente. Car il provoque des effets secondaires : multiplication des risques d’hémorragie post-partum de 1 à 5 selon les doses administrées par exemple. Vous avez donc parfaitement le droit de refuser qu’on vous l’injecte.
7 – Le déclenchement de l’accouchement et le décollement des membranes
C’est l’étape ultime avant la naissance de l’enfant. Il est important que vous vous sentiez prête même si, bien sûr, ressentir de la peur est tout à fait normal. Sauf cas d’urgence vitale, tout déclenchement d’accouchement ou de décollement des membranes doit se faire avec l’accord explicite de la maman. N’ayez pas peur de poser des questions.
8 – L’épisiotomie
Ce fameux acte médical, très redouté par les futures mamans, car il est promesse de douleurs post-accouchement dans la majeure partie des cas. Encore trop de femmes enceintes subissent une épisiotomie lors de leur accouchement. L’OMS a tiré la sonnette d’alarme il y a quelques années. Elle est donc moins pratiquée en France. Mais sachez que vous pouvez la refuser et mieux vaut en informer le personnel soignant au préalable.
9 – Le « point du mari »
En recousant l’épisiotomie, le·a chirurgien·ne recoud avec quelques points de suture en plus, sans en informer la mère. Le but ? Accroître le plaisir du mari lors des futurs rapports sexuels. Renseignez-vous auprès de votre équipe médicale à ce propos. Et spécifiez bien que vous n’êtes pas d’accord, si tel est le cas. Avec l’approbation de monsieur, ce serait encore mieux !
10 – L’expression abdominale
En termes clairs, cette pratique consiste à appuyer ou comprimer le ventre de la maman afin de faire sortir le bébé. Elle a été jugée inefficace, voire dangereuse, par la Haute Autorité de Santé. Pourtant, il arrive qu’elle soit encore pratiquée, et ce, sans le consentement de la mère. Elle est désormais considérée comme une violence obstétricale en raison des séquelles physiques et psychologiques qu’elle peut laisser à la maman. N’hésitez pas à le préciser dans votre projet de naissance, aux médecins qui vous entourent et surtout, à votre conjoint·e, qui pourra faire cesser le geste si vous n’êtes pas en capacité de le faire au moment propice.
Quoi qu’il en soit, choisissez avec soin l’équipe qui va vous entourer et faites-leur confiance. Si le feeling est là et que vous les sentez professionnel·le·s, tout va très bien se passer et vous accueillerez bientôt le plus cadeau qui soit. En attendant, on vous propose de découvrir le témoignage de cette maman noire qui a mis un enfant blanc au monde et qui doit faire face au racisme. Ou encore notre article sur ce compte Instagram qui met en lumière la réalité des maternités lesbiennes.