Violences gynécologiques : cette illustratrice dénonce le « point du mari »

L’illustratrice Alison Dos Santos a mis en lumière sur Instagram une pratique banalisée pendant des années au sein des services de gynécologie. Après son accouchement avec épisiotomie, le gynécologue lui a infligé une « mutilation » médicale supplémentaire afin de resserrer l’entrée de son vagin. Le but ? Pour faire plaisir à chéri. Eh oui ! « Le point du mari » ne vise qu’à accentuer le plaisir sexuel du compagnon lors des prochains rapports avec pénétration. Et cela sans demander le consentement de la mère, et en dépit des douleurs qui s’en suivent. Retour sur cette pratique sexiste et infondée.

Subir « le point du mari » après une épisiotomie

Il y a dix ans, Alison a vécu son premier accouchement avec épisiotomie. Cette dernière est une opération chirurgicale consistant à faire une incision de 2,5 cm à 5 cm dans le bas du vagin pour augmenter l’ouverture et faciliter le passage de la tête du bébé. « J’ai eu les forceps et une épisiotomie, il a fallu me recoudre, le gynécologue me fait des points. La péridurale ne faisait plus trop effet et je sentais le fil passer… horrible et douloureux », confie-t-elle en légende de son post.

Sur le moment, la jeune mère ne comprend pas ce qui lui arrive et communique sa douleur. Le gynécologue lui dit « on va faire ça bien pour monsieur. »

« Le gynécologue râle, car je bougeais, j’avais beau lui dire que je sentais tout et que ça me faisait mal, ça ne l’intéressait pas. Mais il a été ‘bienveillant’ pour mon mari et a sorti cette phrase dont je me souviendrai toute ma vie : je le revois encore entre mes jambes et dire ‘on va faire ça bien pour monsieur’ », confie-t-elle également

C’est quelques années plus tard, alors qu’elle avait oublié cet évènement, qu’Alison tombe sur une émission à la télévision. Elle découvre le terme « le point du mari » et fait le lien avec ce qui lui est arrivé. Premièrement sidérée, elle comprend le sens de « cette phrase écœurante » du gynécologue.

Alison Dos Santos décide donc de partager son histoire avec les 70 000 abonné.e.s de son compte Instagram. Elle est plus connue sous le pseudonyme de « La Grande Lizon », pour ses illustrations pleines d’amour et d’humour sur la vie de maman. Alison accompagne son dessin avec un témoignage poignant, se remémorant avec colère toutes les sensations vécues et l’injustice de cette pratique.

Un geste clandestin, douloureux et infondé

Ce geste clandestin, l’illustratrice le qualifie de « mutilation ». Il consiste à recoudre (post-accouchement) l’épisiotomie ou le périnée déchiré par un point de suture supplémentaire. Cette pratique resserre ainsi l’entrée du vagin dans le but d’accroître le plaisir de « monsieur » lors de la pénétration. D’où l’expression « le point du mari ». Le problème est que d’une part, cet acte se fait généralement sans le consentement de « madame ». Et d’une autre part, cette opération est d’autant plus illégitime qu’elle est infondée. Les rapports hétérosexuels ne peuvent pas être réduits à la question de la taille d’entrée du vagin, ni à la pratique de la pénétration.

De plus, l’opération engendre des douleurs et de l’inconfort pendant et après sa réalisation. Alison se rappelle qu’elle rencontrait des difficultés à marcher et à s’assoir durant des semaines. C’est au bout d’un mois qu’elle raconte ses maux à sa gynécologue. Lorsque la professionnelle aperçoit les points de suture trop serrés, elle coupe,

« et là le soulagement instantané, plus de douleur, je revis ! », témoigne Alison Dos Santos

Les violences obstétricales et gynécologiques à l’ère #MeToo

C’est dans le sillage du mouvement #PayeTonUtérus en 2014 et #MeToo en 2017 que les témoignages affluent sur les réseaux sociaux. De plus en plus de femmes ont concordé sur des violences obstétricales et gynécologiques (VOG) gratuites et répréhensibles. Aujourd’hui la parole continue de se libérer et de briser petit à petit les tabous. Mais pour l’illustratrice Alison Dos Santos, dévoiler ce dessin n’a pas été une étape facile :

« J’ai eu beaucoup de colère. J’ai mis du temps à mettre en dessin mon expérience et de surtout à la partager, car on touche à la sphère de l’intime. »

Pourtant, l’artiste a réussi à se dévoiler dans le but d’alerter sur les dangers de la pratique, et d’inciter les victimes à témoigner elles aussi. Alison raconte que très peu de ses followers connaissaient cette pratique. Et que d’autres femmes ont compris ce qu’elles avaient vécu grâce à son post. Mais comme elle le déplore :

« beaucoup de femmes ont subi le ‘point du mari’, même encore en 2021 (…) Si cela permet d’en parler et de prévenir pour éviter cette pratique, ce sera un grand pas. Il y a tellement à dire sur les actes de maltraitances gynécologiques (verbales et physiques), malheureusement », conclut Alison Dos Santos

Et vous, avez-vous subi le « point du mari » ? Venez partager votre expérience sur notre forum ; dans le coin Grossesse, Futurs Parents, Parentalité, on parle de tout, sans tabou !

Cindy Viallon
Cindy Viallon
Journaliste free-lance, mes sujets de prédilection sont les féminismes intersectionnels, la société et la culture. J’aime déconstruire l’actualité et briser les tabous une fois pour tous·tes !
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