Déferlement de haine après le décès d’une activiste obèse

Elle s’appelait Catherine Oakeson et n’était âgée que de 49 ans. Après son décès dû à une crise cardiaque, les internautes grossophobes s’en donnent à coeur joie car selon eux, l’activiste obèse n’a eu que ce qu’elle méritait, elle qui prônait l’acceptation de soi.

Des commentaires haineux qui prouvent une fois de plus que le mouvement body positif est encore mal compris et que les personnes obèses peinent toujours à être considérées avec empathie.

Une activiste obèse meurt d’une crise cardiaque, les internautes s’en félicitent

À l’automne 2017, Catherine Oakeson décédait des suites d’une crise cardiaque. La nouvelle passée un peu inaperçue a depuis refait surface et les internautes s’en donnent à coeur joie sur la toile.

Voilà en effet un événement qui apporte de l’eau à leur moulin, eux qui justifient leur haine des gros en se cachant derrière l’argument de la santé. Une activiste obèse qui décède d’une crise cardiaque à même pas 50 ans, c’est en effet une véritable aubaine pour eux.

Sur Twitter on a ainsi pu lire des commentaires tous plus affligeants les uns que les autres.

« Purification par la sélection naturelle ».

« Qu’une chose à dire : cheh ! ».

« La mort elle ne fait pas dans la grossophobie, la mort aime tout le monde. Un peu plus les gros quand même. La mort est grossophile ».

« N’empêche c’est triste déjà que les baleines sont en danger ».

« Pas besoin de l’enterrer. Suffit de poser le cercueil sur le sol et le poids + gravité feront le reste pour creuser le trou ».

« Y en a ils disent que c’est une maladie alors qu’ils bouffent mcdo choco et bouffent tout le temps. Bizarre dans les pays touchés par la famine ou la misère y a pas de gens obèses ». 

Des commentaires nauséabonds et dénués d’empathie, de décence et de respect qui se justifient par une chose : en plus d’être obèse, Catherine Oakeson était une militante body positive qui encourageait les gens gros à s’aimer.

C’est quoi au juste, le mouvement body positif ?

Cette triste histoire est l’occasion pour nous de rappeler ce qu’est et ce que n’est pas le mouvement body positif. Ce qu’est et ce que n’est pas un activiste obèse. De nombreuses personnes semblant encore avoir du mal à appréhender ce mouvement.

Être body positif, ce n’est pas encourager à être gros et nier les risques de l’obésité

Être body positif, ce n’est pas nier l’impact du surpoids et de l’obésité sur la santé. Ce n’est pas balayer d’un revers de la main les études qui nous disent qu’être en surpoids expose à un risque accru de souffrir de certains cancers, d’avoir des problèmes cardiovasculaires, du diabète, de l’apnée du sommeil ou encore des problèmes articulaires.

Ce n’est pas encourager les gens à être gros ou à le rester, pas plus qu’à mettre en danger leur santé. Que le surpoids nous expose à un risque de décès prématuré, on le sait, merci, mais ce n’est pas le sujet !

Être body positif, c’est dire stop aux humiliations, aux discriminations et réclamer le droit de se réapproprier sa vie

Être body positif, c’est dire STOP. Stop à l’humiliation permanente, stop aux discriminations à l’embauche, stop aux préjugés, stop à la grossophobie médicale qui amène à des erreurs de diagnostic, stop au harcèlement moral que notre surpoids ne saurait justifier.

Être body positif, c’est réclamer le droit de s’aimer, de vivre sa vie comme on l’entend et de choisir une autre voie que la flagellation permanente, la honte et la tristesse.

Être body positif, c’est rappeler que derrière le corps gros il y a une personne, et que sa vie comme sa mort doivent être traitées avec respect. Catherine Oakeson n’en aura malheureusement pas bénéficié…

Carole Guidon
Carole Guidon
Les rondeurs ne sont pas synonymes de laideur. Le corps gros n'est pas forcément un fardeau. Moi-même, je suis une jeune fille ronde et épanouie qui s'assume. J'aime la vie et les plaisirs simples. Et j'ai à cœur de militer au quotidien contre la grossophobie qui gangrène notre société. Derrière chaque corps se cache une histoire, heureuse ou douloureuse, mais toujours unique, qu'on gagnerait à accueillir avec respect et humilité.
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