En France, environ 4 millions de personnes sont asthmatiques. Une pathologie respiratoire qui complexifie les gestes du quotidien et aussi la vie intime. Si vous en souffrez, vous le savez : le sport de chambre est une véritable épreuve d’endurance. Au bout de quelques efforts, vous commencez déjà à suffoquer. Vous venez à peine de débuter la valse des corps et vous êtes déjà dans le même état qu’un.e marathonien.ne après 42 km de course. Mais vous tenez bon. Vous troquez la bouche de votre partenaire contre votre ventoline pour reprendre votre souffle et résister jusqu’au grand final. Cependant, bien souvent, vous renoncez au plaisir de la chair par crainte que votre cœur s’emballe trop vite et que l’oxygène vous manque. C’est peut-être même une source de complexe. Pourtant, asthme et sexe peuvent faire bon ménage. Voici quelques conseils pour que cette maladie chronique ne gâche plus vos rapports.
L’impact de l’asthme sur le sexe : à ne pas négliger
L’asthme est un handicap qui mène la vie dure à de nombreuses personnes. Chaque action, même les plus basiques, s’apparente à des challenges physiques. Passer le balai dans l’appartement, remonter les courses par les escaliers, courir après le bus ou parler sans interruption pendant une présentation PowerPoint… Autant de situations que les personnes asthmatiques redoutent. Dans la chambre à coucher aussi, l’asthme sème des craintes, mais ça, c’est un peu plus tabou.
Si vous êtes touché.e par l’asthme, vous avez certainement peur que le sexe déclenche une crise. Vous avez peut-être même déjà eu une mauvaise expérience, que vous préférez garder sous la couette. Si certaines personnes ont des sextoys sur leur table de chevet, vous, c’est votre ventoline que vous gardez à portée de main. Un accessoire qui n’est pas super sexy, mais qui vous est vital, surtout lors des jeux de jambes.
Sur le papier, asthme et sexe semblent assez incompatibles. Vous êtes bien placé.e pour le savoir. Il vous est peut-être déjà arrivé d’interrompre les ébats pour aller à la fenêtre prendre un shoot d’air frais ou pour tousser ailleurs qu’au visage de votre partenaire. Vous avez aussi probablement imaginé le pire : les pompiers qui vous retrouvent au bord de l’asphyxie à moitié nu.e, à cause de galipettes un peu trop sportives. Comment ne pas y penser ?
Le sexe induit de l’excitation et de l’effort, soit le duo parfait pour provoquer une crise d’asthme. Pas étonnant donc que vous soyez hors d’haleine après quelques minutes de va-et-vient. Selon les résultats d’une étude menée sur 300 patient.e.s, 46 % se disent gênés par leur asthme pendant les rapports. Plus pessimiste : 35 % déclarent que leurs problèmes respiratoires nuisent à la réussite de leur acte sexuel.
« La sexualité constitue une zone de vulnérabilité pour les patient.e.s du fait de l’exercice physique parfois intense, mais aussi au niveau émotionnel », explique le Pr Pascal Chanez, président du conseil scientifique de la Fondation du Souffle au média Science et Avenirs
Parlez de votre pathologie à votre partenaire
Si vous avez de l’asthme, pas question de camoufler votre pathologie à votre partenaire. Votre maladie vous trahira un jour ou l’autre, alors autant dire la vérité dès le départ. Il serait dommage que votre moitié la découvre au creux de l’oreiller, en entendant votre murmure se transformer en bruit de cocotte minute. En ouvrant le dialogue sur votre asthme, vous pouvez faire part de vos insécurités à votre moitié et « ajuster » les pratiques ensemble. Plus besoin d’inventer des excuses pour fuir les relations sexuelles et faire diversion, comme 20 % des Français.es asthmatiques.
Vous pouvez simplement expliquer à l’autre que ce n’est pas le jour le plus « safe » pour faire tutoyer les corps. N’hésitez pas à être pédagogue et à dégrossir les idées reçues qui planent sur la maladie pour que votre moitié soit averti.e. Pour faire rimer asthme et sexe, il faut parfois adapter les pirouettes et apprendre à ménager son cardio. Ce qui nécessite une conversation honnête en amont.
Faites des pauses régulières pendant l’acte
En général, pendant les rapports, la cadence est plutôt soutenue. Mais le grand frisson peut attendre. Le sexe n’est pas un sport de compétition. Rien n’est chronométré. Alors, prenez votre temps et écoutez votre corps. N’essayez pas de repousser vos limites pour satisfaire l’autre ou pour « accomplir une performance ». Prévoyez des entractes au milieu de ce spectacle jouissif.
Profitez de ces moments de latence pour faire quelques exercices de respiration et retrouver votre souffle. Vous pouvez les planifier à l’avance pour ne pas frustrer l’autre ni faire redescendre la tension sexuelle. Par exemple, avant de changer de position. Vous pouvez aussi utiliser un « safe word », soit un « nom de code » pour indiquer que vous avez besoin de récupérer. Ces mi-temps sont également une occasion privilégiée pour refaire la connexion émotionnelle.
Adaptez les positions pour plus de confort
Certaines positions sont plus énergivores que d’autres, surtout celles qui ressemblent à des figures d’acrosport comme la « brouette » ou « l’accordéon ». Cependant, ce n’est pas parce que vous êtes asthmatique que vous ne pouvez pas vous autoriser quelques fantaisies à califourchon.
Vous pouvez vous inspirer des postures de yoga à l’image du lotus. Folie ou pas, privilégiez les positions où vous avez le thorax libre et pas comprimé. Parmi les basiques du Kama sutra, vous avez le choix entre la cuillère, le missionnaire « modifié », le face-à-face. Placez un coussin sous vos genoux pour faciliter l’effort. Avec ces quelques petits détails, l’asthme n’est plus un frein au sexe.
Évitez les allergènes comme les parfums et les huiles
Si vous faites de l’asthme, vos voies respiratoires sont plus sensibles et réactives. Certaines substances peuvent donc facilement aggraver vos symptômes. Alors oubliez les préservatifs goût bubble gum, les lubrifiants parfum chocolat et les huiles érotiques aux saveurs exotiques.
Même devise avec les diffuseurs, qui risquent de vous enivrer un peu trop fort. Préférez des alternatives naturelles, sans ingrédients suspects ni formules chimiques. Vous pouvez aussi mener ce jeu sensoriel autrement, avec des caresses, des musiques suaves et pourquoi pas de la nourriture ?
L’équation asthme et sexe n’est pas impossible. Mais avant de faire tomber les vêtements, il faut faire tomber cette honte qui vous suit jusque sous la couette. C’est essentiel pour convertir les gémissements poussifs contre des cris jouissifs. En attendant, vous pouvez vous échauffer en faisant du yoga avec votre moitié.