La masturbation serait-elle le secret de la productivité au travail ? Erika Lust en est convaincue. Lorsqu’elle a vu ses employé.e.s baisser en « performance » et se sentir agité.e.s après le confinement, elle leur a alors proposé… 30 minutes de pause quotidienne pour se masturber, durant leurs heures de travail. L’objectif ? Démocratiser la masturbation et augmenter son chiffre d’affaire à l’aide des hormones du bonheur.
Les bienfaits de la masturbation sur les travailleur.euse.s
39 % de vos collègues se masturberaient déjà au travail, selon un sondage de Time Out réalisé en 2015. Ça paraît étonnant, mais par pour Erika Lust. Cette entrepreneuse suédoise et réalisatrice de films pornographiques indé est en effet aujourd’hui la première femme à proposer une pause masturbation réglementée au travail. Séduite par les bienfaits de cette technique, elle invite même les autres chef.fe.s d’entreprise à développer l’initiative dans leurs structures.
Sa campagne pour que le plus de personnes participent à l’aventure en solitaire a démarré durant le mois de mai 2021, le mois de la masturbation en Espagne, où elle est installée. Les 36 employé.e.s de sa société de production Erika Lust Films se sont alors adonné.e.s à l’onanisme durant 30 minutes chaque jour. Résultats ? De la joie, et des chiffres en hausse, selon ses dires.
Les employé.e.s ont apporté des retours très positifs de leur expérience : Cat, la responsable des communications, a affirmé par exemple : « Une pause masturbation au travail peut se traduire par une plus grande concentration de la part de vos employé.e.s, moins d’agressivité, plus de productivité et un meilleur travail d’équipe. » Une autre employée a trouvé elle que cette pause érotique lui a permis de réduire son stress.
« Imaginez un peu, une équipe d’employés dont le jus créatif coule, est productive parce qu’ils ont eu ce temps spécifique pour se sentir bien »
D’ailleurs, la science est plutôt du côté d’Erika. De nombreuses recherches ont en effet encensé les bienfaits de la masturbation, à commencer par cette sécrétion de dopamine, liée à l’orgasme. La réduction de stress observée par les employé.e.s, elle, est due en partie à la production d’endorphines par le cerveau, lors de la masturbation. Ces « hormones du bien-être » favorisent le relâchement musculaire, et donc une détente totale.
Qui dit endorphine dit presque – presque – morphine (sa structure chimique est similaire à celle de la morphine) ; la masturbation entraîne alors également une bonne nuit de sommeil réparatrice. Quoi de mieux que de travailler détendu.e, après un bon shot d’hormones du bonheur ?
Des espaces pensés pour la masturbation
En France, la masturbation dans les locaux de l’entreprise peut mener au licenciement. Tout le monde n’a pas un environnement de travail aussi bienveillant et féministe que chez Erika Lust…
« La plupart des employé.e.s dans le monde se masturbent déjà au travail. Mais c’est totalement différent de pouvoir le faire dans un espace agréable et relaxant plutôt que dans le coin ombragé d’une salle de bain, et cela sans craindre les moqueries ou pire, le harcèlement des collègues », explique-t-elle à ELLE belgique.
Mais alors où pratiquer cette activité plutôt privée ? À la va-vite dans les toilettes, derrière la machine à café ? Pour éviter de retrouver du jus de joie sur la chemise des collègues, Erika a installé des stations de masturbation, loin des bureaux, pour plus d’intimité. Dans ses espaces-temples du plaisir solitaire, elle propose « une petite chapelle intime avec un lit, un grand miroir, des peintures érotiques sur les murs et une lumière tamisée pour aider à se mettre dans l’ambiance », et du matériel à gogo pour s’inspirer (écrans de cinéma, sextoys, lubrifiants) puisque c’est son domaine le X. En clair, tout est pensé pour le plaisir solitaire de chacun.e.
Déstigmatisation de la masturbation
Comme l’explique la cheffe d’entreprise Erika Lust, cette initiative a véritablement pour objectif de démocratiser et de déstigmatiser le plaisir solitaire. En 2021, les idées reçues les plus absurdes et médiévales fluent en effet encore sur la masturbation, et surtout sur la masturbation féminine. La honte, voire la peur de se masturber grouille encore aujourd’hui chez un tas de femmes. C’est toujours difficile de percevoir cette pratique comme un rituel de soins personnels et effacer son image pècheresse.
Pour faire avancer les choses, Erika Lust a donc créé toute une campagne en parallèle à son expérimentation : elle offre du contenu pédagogique sur son Lust Zine et des conseils pratiques sur ses réseaux sociaux. On apprend plein de choses sur l’onanisme, mais aussi sur le fait qu’on n’est absolument pas obligé.e.s de se masturber, si on n’en a pas l’envie, et que cela est parfaitement ok.
« Cela semble être un acte radical et politique de faire cela dans son entreprise, mais je pense qu’il est temps de dire au monde que le plaisir humain compte, que notre sexualité imprègne tous les aspects de notre vie, et qu’il ne faut donc pas la garder cachée et secrète dans une bulle de honte, mais l’inclure dans nos conversations quotidiennes », précise-t-elle.
Après ses résultats positifs, la cheffe d’entreprise compte bien prolonger son projet « toute la vie » avec ses employé.e.s. En cette période de crise économique et sanitaire, le moment est propice pour faire passer nos idées les plus révolutionnaires et réinventer nos méthodes de travail. Alors on se laisse tenter ?
Avez-vous déjà pensé à une telle pause au travail ? Pour parler sexualité sans tabou, ça se passe dans le coin sexualité de notre forum.