Cette icône du cinéma français brise le silence sur la sexualité des seniors

Dans son dernier film « Quand vient l’automne », fraîchement sorti en salle, François Ozon pose la caméra sur Michelle, une grand-mère attachante et combative qui vit dans un coin de la Bourgogne. C’est la brillante Hélène Vincent, 80 ans, qui prête son visage à ce personnage principal nuancé. Si elle a accepté ce rôle, c’est parce qu’il montre la femme derrière la « mamie gâteau » et s’émancipe du cliché de la vieille dame poussive, qui fait passer le bonheur des autres avant le sien. Ce film tire un nouveau portrait de la séniore, loin des pelotes de laine et du carnet de mots fléchés. Hélène Vincent se retrouve dans cette héroïne à la sexualité décomplexée. L’occasion, pour elle, de chasser les idées reçues sur la sexualité des séniors. Parce que oui, le plaisir de la chair s’assouvit aussi sur peaux froissées. 

Hélène Vincent rétablit la vérité sur la sexualité des seniors

Elle est plus connue sous l’étoffe de la religieuse coincée tirée à quatre épingles. Longtemps associée au personnage de Marielle Le Quesnoy dans le mythique film « La Vie est un long fleuve tranquille », Hélène Vincent raccroche le costume de la bourgeoise de bonne famille pour camper un autre personnage, plus insaisissable. Souvent présentée dans des rôles de second plan, elle se retrouve à l’affiche du dernier chef-d’œuvre de François Ozon. Le réalisateur à l’origine de « Huit Femmes » et « Été 85 » a fait appel à l’actrice pour jouer Michelle, une grand-mère de 80 ans à la personnalité complexe.

Ce rôle lui va à merveille. Hélène Vincent donne de la véracité et de la profondeur à son double de fiction. Michelle, toujours apprêtée et énergique, se fait une joie d’accueillir son petit-fils dans sa Bourgogne d’adoption. Mais suite à un incident trouble, sur fond de champignons empoisonnés, sa fille lui interdit de revoir le garçon. Comme une lecture inversée du Petit Chaperon Rouge, ce film hisse la gentille mamie en coupable et jette la faute sur cette figure d’ordinaire « intouchable ».

Dans ce thriller sous haute tension, Michelle ne se résume pas à cette image de la mamie poule ambiguë. Derrière cette doudoune rose qu’elle ne quitte jamais, se cache avant tout une femme, libre, vigoureuse et une nature torride. Avant de devenir « vieille », Michelle a eu un passé sulfureux que personne ne soupçonne au premier abord. Cette partie d’elle, enfermée à double tour dans la chambre à coucher, se révèle au fil de l’intrigue et change radicalement le regard qu’on lui porte. Hélène Vincent regrette d’ailleurs que l’intimité des séniors soit si rarement exposée à l’écran. La sexualité des seniors est pourtant loin d’être au point mort.

« Si l’on a pris la vie avec élan et appétit, eh bien il n’y a pas de raison que ça s’arrête. La sexualité des personnes âgées est un tabou. Mais la sexualité de manière générale demeure à bien des égards un tabou », confie-t-elle au média Trois Couleurs

La sexualité des seniors, angle mort du 7e art

Dans la plupart des films, la sexualité des seniors est inexistante. La caméra se contente de les montrer bras dessus, bras dessous, mais jamais sens dessus dessous. C’est comme si la sexualité s’arrêtait définitivement à partir de la soixantaine et disparaissait du quotidien. Pourtant, sous la couette, les seniors ne se contentent pas d’un bisou ni des bras de Morphée. Selon une enquête menée en 2020 par Oui Care, 72 % des personnes âgées de plus de 60 ans ont une vie sexuelle épanouie.

Or, dans le 7e art, les femmes seniors écopent, au mieux, de l’image de la grand-mère adorable en bas de contention et en chaude maille, au pire, de la cougar parée de léopard. Mais il y a tout de même quelques exceptions. Certains films parviennent à peindre la sexualité des seniors, sans tomber dans la caricature. Ils s’emparent de ce thème périlleux avec franchise. C’est le cas par exemple de « Septième Ciel », une fiction de 2008 au titre particulièrement explicite. L’amour n’y est pas platonique, mais passionné et charnel. Une femme mariée de 60 ans s’éprend pour son voisin de 76 ans. Les deux amants, qui semblent avoir retrouvé une part de leur adolescence, s’adonnent à des caresses sensuelles et à des corps à corps enflammés. Le cinéaste prend le soin de montrer les détails et s’attarde délibérément sur ces peaux, marquées par l’âge.

« Septième Ciel » c’est aussi le nom d’une série française qui enveloppe son fil rouge autour de la sexualité des seniors. Jacques, placé en EHPAD, fait une rencontre inespérée entre les murs froids de l’établissement. Il croise le chemin de Rose et l’alchimie se forme spontanément. Les deux amoureux de 80 ans s’encanaillent au creux du lit et redécouvrent les joies du sexe.

Quand les actrices seniors défendent leur libido

Hélène Vincent n’est pas la seule à défendre la sexualité des seniors et à prendre des rôles qui militent en faveur de la libido du troisième âge. Emma Thompson, senior et fière de l’être, se soulève régulièrement contre cet âgisme, qui se traduit aussi sous la ceinture. Celle qui s’est grimée en Nanny McPhee accepte volontiers les scènes de nu et va même jusqu’à les réclamer.

Dans « Mes rendez-vous avec Léo », elle incarne une femme veuve en manque de frissons. Pour combler son appétit sexuel, elle fait appel à Léo, un travailleur du sexe séduisant. À ses côtés, elle apprend à aimer son corps, à se voir sous un meilleur jour et surtout elle goûte enfin à l’orgasme féminin, qu’elle a toujours frôlé, mais jamais expérimenté.

« Il est temps que nous ayons, nous aussi, le privilège de jouir de notre corps et de nos vies comme nous l’entendons, quel que soit le sujet et quel que soit notre âge », insiste l’actrice britannique dans les colonnes de Madame Figaro

« Quand vient l’automne », drame intimiste sorti le 2 octobre en salle, présente deux femmes séniores à l’opposé des mamies en tablier qui radotent. Hélène Vincent et Josiane Balasko sont deux séniores dans leur forme la plus aboutie, aussi maternelles que sensuelles. Le désir n’a pas d’âge. 

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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