Dans l’esprit collectif, faire appel à un.e sexologue revient à avouer une défaite dans sa vie sexuelle. Pourtant, cette thérapie tournée vers l’intimité peut clarifier certains blocages et donner des clés de compréhension pour mieux apprivoiser son plaisir. Troubles érectiles, baisse de libido, addiction à la pornographie… tous ces écueils trouvent des réponses dans le cabinet d’un.e sexologue. Sortir sa sexualité des murs de la chambre à coucher peut effrayer. Mais ces confidences feutrées permettent de démêler les racines d’un désir tourmenté. Consulter un.e sexologue devrait être aussi évident que consulter un.e psychologue. Voici pourquoi.
Quel est le rôle d’un.e sexologue ?
La France compte plus de 500 000 sexologues sur son territoire. Pourtant, malgré une démocratisation du métier, le grand public peine encore à franchir le cap. Il faut dire que la réputation des sexologues souffre de nombreux clichés. Beaucoup pensent que la sexothérapie est une solution de dernier recours pour sauver un couple en péril ou une mode éphémère. La profession de sexologue, elle, est un aimant à fantasmes.
Cette thérapie qui déchiffre les aléas de l’intimité est souvent perçue comme une forme de voyeurisme, à tort. Depuis quelque temps, les séries telles que « Sex Education » tentent de refaire le portrait de cette science décomplexée, à quelques détails près. La série en question gravite autour de Otis, un jeune ado qui décide de suivre les pas de sa mère, une sexologue aventureuse. Il ouvre un cabinet clandestin dans son lycée pour délier les langues de ses camarades (et pas que).
Un métier empreint de préjugés
Même si cette teen-série explore de nombreux sujets relatifs aux IST, au consentement et aux premières fois, elle donne une vision très caricaturale de la sexologie. La mère d’Otis est une sexologue « fouineuse » qui se mêle de tout et enchaîne les déductions hâtives. Elle possède carrément des tableaux subliminaux aux allures de vagin dans son salon. Or, dans les faits, les sexologues, les vrai.e.s, sont généralement plus pragmatiques et raisonné.e.s.
Lorsque la sexualité fait des vagues, les sexologues écoutent, éclairent et aiguillent. La sexologie fait l’état des lieux de ce qui se passe sous la ceinture, mais pas seulement. Elle transpose ces signaux envoyés par le corps à des sources psychologiques. Bien souvent, les troubles physiques ont une origine mentale, difficile à pointer en solitaire. Les sexologues sont donc là pour mettre le doigt sur ce qui entrave l’épanouissement intime.
Ce sont des interprètes du désir. En s’appuyant sur des approches thérapeutiques variées allant de l’hypnose à la psychanalyse, iels dégrossissent le brouillon de la vie sexuelle. Consulter un.e sexologue revient donc à reprendre les rênes de sa sexualité. C’est un acte d’émancipation et non pas un aveu de « faiblesse ».
Où trouver un.e sexologue de confiance ?
Contrairement au Canada, la profession de sexologue n’est pas réglementée en France. Plusieurs gourous aux pratiques assez sectaires et régressives s’auto-proclament sexothérapeutes sans avoir aucun bagages en poche. Avant de consulter un.e sexologue, mieux vaut donc jeter un œil à son passif et ses diplômes. C’est pour vaincre de potentielles dérives que le Syndicat National des Sexologues Cliniciens a été créé en 1980. Il s’agit d’une sorte de catalogue répertoriant tous les sexologues « sûr.e.s » ayant suivi une formation clinique.
Il existe aussi des médecins sexologues qui peuvent délivrer des ordonnances au besoin. Plus de 600 médecins possèdent un diplôme en sexologie. Ce statut « formel » rassure. Et pour les grandes villes où les demandes explosent, les rendez-vous se digitalisent. Avec le site Charles.co, il est ainsi possible de s’entretenir avec un.e médecin sexologue à Paris sans bouger de son canapé. Une façon de rompre la gêne.
Pourquoi consulter une sexologue ? 5 raisons courantes
Les sexologues ne se contentent pas de griffonner des notes sur un carnet en velours. Iels ont une écoute active et orientent le dialogue pour percer les mystères qui entourent les troubles sexuels. Le.a sexologie touche au corps et à l’esprit. Iel tisse une passerelle entre ces deux mondes, finalement pas si lointains.
Ce sont des lampes torches dans le brouillard sexuel. D’ailleurs, il existe plusieurs sujets récurrents qui reviennent en boucle sur la table des sexologues. Qu’est-ce qui se dit entre les murs de ce confessionnal du sexe ? Voici 5 tumultes intimes « communs » qui peuvent pousser à consulter un.e sexologue.
1 – Baisse de désir
La libido est loin d’être une valeur constante. Elle fait régulièrement le yoyo. Mais à l’heure où sexualité rime avec performance, les pannes de désir sont vécues comme une tare. Cette perte d’appétit sexuel trouve surtout un écho chez les femmes. Qui n’a jamais dégainé l’excuse du « mal de tête » pour échapper à un rapport ? Les femmes sont soumises à une charge mentale plus lourde qui se déverse dans le nid conjugal.
Selon plusieurs études croisées, entre 10 et 50 % des femmes adultes vont rencontrer des difficultés sexuelles liées au désir au cours de leur vie. Mais le stress n’est pas l’unique coupable de cette panne. D’où l’intérêt de consulter un.e sexologue. Sur le long terme, l’absence de désir crée un déséquilibre dans le couple et cristallise les frustrations. Dans ce cas de figure, le.a sexologue tend une loupe sur ce malaise « intime » en débroussaillant le contexte de vie et l’imaginaire.
2 – Rapports sexuels douloureux
En général, les rapports sexuels douloureux s’exposent entre les étriers de la table de gynéco. Mais ils déteignent aussi sur le mental. Ainsi, ces souffrances peuvent engendrer une peur panique des rapports. L’acte, supposé plaisant, vire à la torture. La personne concernée aura donc inévitablement une attitude fuyante au moment de passer sous la couette. Une femme sur dix aurait d’ailleurs mal pendant les rapports.
La dyspareunie crée une dictature de l’abstinence susceptible de générer une barrière de langage entre les partenaires. Consulter un.e sexologue ne résoudra pas les douleurs comme par magie, mais cette démarche permettra de lever certains non-dits dans le couple.
3 – Difficultés d’érection
Alors que les films X scandent une sexualité phallocentrée, dictée par des chibres droits comme des piques, les difficultés d’érection tapent dur sur la virilité. Pourtant, ce flegme du pénis ne se résout pas seulement à coup de pilule bleue. Pour les hommes, les difficultés d’érection sont une vraie claque dans l’égo.
Malgré tous les préliminaires possibles et imaginables, rien n’y fait, le sexe reste à plat. Cette réalité physiologique est difficile à admettre. Mais elle n’est pas isolée. La majorité des hommes auront une difficulté d’érection au moins une fois dans leur vie. Consulter un.e sexologue permet de dédramatiser le phénomène et de revenir aux prémices de cette panne pour mieux la « réparer ».
4 – Manque d’intimité
Les couples d’aujourd’hui ont tendance à reléguer leur intimité au second plan. Et ce n’est pas seulement le cas des jeunes parents dépassés par leur nouveau rôle. Le rythme effréné qu’impose la société vole de précieux moments de complicité. Les partenaires ont à peine le temps de se retrouver que c’est déjà l’heure d’éteindre la lampe de chevet. Ils se croisent donc en coup de vent.
Même si l’amour est intact, ces rendez-vous manqués tissent une distance involontaire au sein du couple. Consulter un.e sexologue devient utile dès lors que le couple se perd de vue d’une manière ou d’une autre. Le.a sexologue va trouver des techniques pour faire remonter l’intimité dans la liste des priorités.
5 – Complexes ou honte au lit
Garder son t-shirt pendant un rapport, éteindre toutes les lumières, anticiper les positions… les complexes ne chôment pas entre les draps. Ces angoisses clouées au corps gâchent le plaisir et empêchent d’accéder à certaines sensations. Qu’il s’agisse d’un complexe niché sur les seins ou dans l’entre-cuisse, le mal-être est le même.
Consulter un.e sexologue est un premier pas pour reprendre confiance en sa nudité. Contrairement à ce que l’on peut croire, les sexologues ne se cantonnent pas seulement à ce qui découle des parties génitales. Iels décortiquent aussi les craintes psychiques liées au dégoût du reflet ou à la dépendance affective. La sexologie est sur tous les terrains de l’intimité, du palpable à l’invisible.
Consulter un.e sexologue ne nécessite pas forcément une urgence majeure. D’ailleurs, pour éviter de creuser le problème, mieux vaut privilégier des entrevues « préventives ». Prendre rendez-vous avec un.e sexologue devrait être aussi machinal que d’aller chez le.a banquier.ère. En résumé, il ne faut pas attendre le « pire » pour y aller.
