Les préliminaires pour se mettre en appétit, le sexe phalocentré en plat de résistance et l’éjaculation de monsieur en guise de dessert… un schéma traditionnel qui laisse madame sur sa faim. Pendant des millénaires, la pénétration vaginale régnait en maître dans le monde sexuel. Ces mouvements de va-et-vient continus, lents ou sauvages n’obtiennent, cependant pas, la palme d’or du plaisir féminin. Assoiffées de caresses, les femmes ne prennent pas leurs pieds dans ce sprint viril. Depuis quelques temps, cette pratique qui érige l’homme en mâle alpha fait chou blanc. Désormais le clitoris fait sa révolution. À l’heure des livres hot ou des sextoys, les tabous rougissent et les corps frémissent.
Une libido en demi-teinte
L’époque de la pénétration vaginale est révolue. Has-been, démodée, ringarde… elle est passée de grande célébrité des ébats à pratique hétérocentrée sans intérêt. Désormais, les couples jouissent par Bluetooth avec des jouets connectés ou plongent dans des activités coquines croustillantes. Autant d’alternatives « caliente » qui mettent l’eau à la bouche. Pourtant, dans l’inconscient collectif, ces nouveaux rites décomplexés restent cloisonnés au second plan.
Au cœur des lits amoureux, les traditions sont bien ancrées et l’héritage patriarcal est encore dominant. Pour ne pas frustrer leur compagnon et ne pas blesser leur égo, plus de la moitié des Françaises ont ainsi déjà simulé un orgasme. Un chiffre alarmant qui dépeint une certaine inégalité des sexes. Une fois que la partie de jambes en l’air est terminée, l’homme en ressort rassasié, mais la femme reste frustrée. Bien souvent, l’éjaculation sonne la fin de la récrée.
Contrairement aux idées reçues, pénétration vaginale ne rime pas avec plaisir féminin, mais plutôt avec domination. Cette habitude qui a traversé les siècles est entourée de connotations négatives. Andrea Dworkin a analysé les dessous de cette forme de sexualité phallocentrée dans un essai publié en 1987. Avant-gardiste et féministe, elle mettait ainsi déjà le doigt sur certains vices cachés. « Le coït est habituellement décrit et compris comme une forme ou un acte de possession par lequel, durant lequel, à cause duquel un homme investit une femme, la couvrant physiquement et la maîtrisant en même temps qu’il la pénètre. Cette relation physique à la femme – être au-dessus d’elle et en elle – équivaut à la posséder », pouvait-on lire.
Ce sujet brûlant a aussi attisé la curiosité des chercheurs. En 2005 dans son livre « In The Case of the Female Orgasm », Elizabeth A.Lloyd démontrait que seulement 25 % des femmes touchaient le 7e ciel par pénétration.
La pénétration, un plaisir à sens unique ?
D’autres statistiques tirent un constat plus morose. L’Université d’Indiana révélait que 18,4 % des femmes interrogées parvenaient à jouir par simple pénétration. Aussi, 36 % d’entre elles précisaient que la stimulation clitoridienne pendant la pénétration leur permettait d’atteindre des orgasmes plus puissants. Ce combo sort grand gagnant.
Il faut dire que ce petit bout de chair renferme des pouvoirs insoupçonnés. Organe du plaisir par excellence, il fait de l’ombre à la pénétration classique. Une étude initiée par le professeur Kim Wallen révèle que pour 50 % des femmes, la stimulation clitoridienne leur est indispensable pour atteindre l’orgasme. Messieurs, préparez-vous à muscler vos doigts (et votre langue)…
Sur la toile ou au cœur des librairies, la sexualité se débride et la pénétration vaginale est ponctuée de rides. Les voix s’élèvent et le voile de la pudeur se lève. En sillonnant des comptes comme Gang du Clito, en dévorant les pages du livre Jouissance Club ou en s’enivrant du podcast Les Couilles sur la Table, on part pour une excursion profonde. Le baromètre de la sensualité frôle les 50°C…
Alors, mesdames osez croquer les nouveautés à pleines dents et frissonnez de bien-être ! Et vous qu’est-ce qui vous fait grimper aux rideaux ? Pour en discuter, rendez-vous sur notre forum rubrique Sexualité.