Si les femmes n’ont pas forcément de problèmes à parler sexualité entre elles ou sur des forums internet par exemple, ce n’est pas le cas des hommes. Bien souvent, s’ils rencontrent des difficultés intimes dans leur couple, ils gardent le tout secret. Vivant cela comme une défaillance, inconciliable avec leur vision de la virilité. Pourtant, l’Ifop révèle dans une grande enquête publiée en 2019 que les Français n’ont jamais été aussi nombreux à souffrir de troubles de l’érection. Réalisée sur 1 957 hommes français âgés de 18 ans et plus, cette enquête s’avère riche en surprises et en enseignements. On fait un point complet sur la question. Brisons les tabous sur la sexualité masculine plutôt que de fermer les yeux sur cette réalité !
Libido masculine en baisse : les jeunes de moins de 35 ans largement concernés
En parcourant les résultats de cette vaste enquête, on apprend que 6 hommes sur 10 (61 %) ont déjà rencontré des troubles de l’érection au moins une fois dans leur vie. Une proportion en hausse continue au cours des 15 dernières années. Ils n’étaient « que » 44 % il y a quinze ans, en 2005.
De même, cette expérience n’est pas un « lointain souvenir de jeunesse » pour la plupart des sondés. 38 % admettent avoir rencontré un trouble de l’érection ou du désir sur les 12 derniers mois écoulés. La plus fréquente reste le manque de rigidité du sexe durant un rapport sexuel : 20 %.
À ce stade, on se demande forcément ce qui cause ces troubles de l’érection. Eh bien, il semblerait que la cause soit multifactorielle. On pointe d’abord du doigt l’âge, le stress et le lieu de résidence. Car ceux qui habitent en région parisienne sont plus sujets aux troubles sexuels que ceux habitant en campagne : 46 % contre 36 %. Mais pour la première fois, on peut clairement établir une relation entre trouble de la sexualité masculine et dépendance aux écrans.
Ainsi donc, la proportion de victimes s’avère nettement supérieure à la moyenne (33 %) chez les moins de 35 ans. Autrement dit, ceux qui sont le plus connectés. Notamment chez ceux qui visionnent chaque jour des vidéos pornographiques (55 %), leurs réseaux sociaux (39 %), les applis d’information (41 %) ou des films et séries sur des plateformes comme Netflix (38 %).
Trouble de l’érection : comment y remédier ?
Comme nous vous l’expliquions en introduction, les hommes ont du mal à se confier, même face à leur médecin. C’est un sujet encore tabou dans nos sociétés où la « performance » est si importante, et il convient de mettre des mots sur ce sujet et d’en parler ouvertement. Ils sont à peine 26 % à avoir consulté pour une dysfonction érectile comme l’éjaculation précoce. Le même nombre qu’il y a 26 ans, en 1994. Parmi eux, 9 % ont vu un urologue, 5 % un sexologue, 2 % un psy et 19 % un généraliste. Or, il n’y a aucune honte à parler de ce sujet.
Comme pour beaucoup de pathologies, le traitement de l’éjaculation précoce existe bel et bien. On dénombre trois techniques efficaces : la thérapie psychologique, la thérapie comportementale et les médicaments. Les médecins sexologues sont seul.e.s habilité.e.s à diriger le patient vers l’une ou l’autre de ces options après en avoir discuté avec lui.
D’ailleurs, les médecins ont remarqué que les hommes et les femmes sous antidépresseurs ont des orgasmes retardés. Les remèdes pour traiter l’éjaculation précoce peuvent être pris tous les jours ou seulement avant les rapports sexuels. Il existe également des crèmes ou sprays anesthésiants.
Et au-delà de tout ceci, il est également primordial de pouvoir en parler avec sa.son partenaire. Toujours selon l’enquête de l’IFOP, un homme sur trois reconnaît avoir déjà donné à son.sa conjoint.e une fausse excuse pour masquer un trouble sexuel. Très souvent, la fatigue est la plus plébiscitée (78 %). Très certainement, car elle met moins en cause leur virilité qu’un problème d’ordre psychologique.
La panne sexuelle ne doit plus être un tabou
On sait bien que certains hommes frémiront à la lecture même de ces quelques mots. Et pourtant, il n’y a absolument rien de honteux. Non seulement parce que ça peut arriver à tous les hommes, et à tous les âges, mais aussi parce que ça ne fait pas de nous un « faible », un homme qui manque de virilité. Cela fait de nous un humain. Faillible. Parfaitement imparfait.
Il est primordial que les langues masculines se délient, car cela peut engendrer des complexes qui mèneront certains à avoir recourt à des substituts dangereux : drogue, alcool ou encore, produits aphrodisiaques. Alors que la culture du porno est reine, il n’y a rien d’étonnant à ce que les hommes perdent leur moyen ou aient peur de ne pas satisfaire leur partenaire. Spoil alerte : non, le sexe dans la vraie vie ne ressemble pas à une vidéo Jacquie et Michel.
Les hommes ne sont pas obligés d’avoir une érection extrêmement rigide en touchant à peine leur partenaire. Ils ne sont pas non plus obligés de tenir pendant des heures et d’enchaîner toutes les positions du Kamasutra pour satisfaire leur partenaire. Tout comme les femmes n’ont pas obligatoirement à se raser, à avoir une grosse poitrine et un ventre plat pour être désirables aux yeux de leur partenaire. La réalité est plus complexe, parfois plus banale que les images fantasmées des vidéos sur internet, mais aussi au cinéma depuis des décennies, faisant de cette vision idéalisée une grande porte ouverte vers les complexes une fois qu’on se retrouve dans la réalité du quotidien.
Si nous pouvons désormais bénéficier de prises en charge thérapeutiques et médicamenteuses concernant les troubles de la sexualité masculine, il serait aussi nécessaire de s’attaquer au fameux mythe de l’homme viril, alimenté depuis des siècles par une société aux idées archaïques, avec une vision très « érectocentrée » de la sexualité masculine.
Fort heureusement, des voix s’élèvent peu à peu pour dénoncer tout ceci. Notamment au travers du mouvement body positif qui tend à parler plus aux hommes. Ou à travers les voix d’engagés comme Eddy de Pretto et son célèbre titre « Kid ». C’est à eux de prendre la parole, mais aussi aux femmes, pour bousculer les codes établis, tout comme le féminisme est l’affaire de tou.te.s.
Envie d’en discuter, sans tabou ni jugement ? On vous attend sur le forum, dans la rubrique Sexualité ou Confiance en soi.