Si les rapports sexuels sont supposés procurer plaisir et bien-être, pour certaines personnes ces étreintes sensuelles relèvent plutôt du calvaire. Chaque pénétration s’apparente à une épreuve. Malgré un désir palpable, le vagin semble barricader son entrée comme un réflexe d’auto-défense. Résultat : les ébats se clôturent non pas à cause d’un orgasme surpuissant, mais d’une douleur insoutenable. Cette souffrance qui entrave les relations charnelles avec pénétration porte un nom : le vaginisme. Ce trouble sexuel touche entre 1 et 3 % de femmes. Normaliser à tort, le vaginisme est loin d’être une réaction anodine. Voici quelques éclairages pour mieux comprendre ce blocage aux échos psychologiques.
Qu’est-ce que le vaginisme ?
Contrairement à la sécheresse vaginale ou la dyspareunie, deux affections qui trouvent une explication physiologique, le vaginisme est un phénomène plutôt inconscient qui émane de l’esprit. Le vaginisme se caractérise par une contraction des muscles du périnée gravitant autour du vagin. Ce rictus intime survient essentiellement au contact d’un objet phallique tel que les sextoys, d’un doigt ou d’un pénis.
Dès que vagin sent cette présence, il se rétracte presque automatiquement. Même si l’envie y est, le corps désobéit et se met en « état d’alerte », comme s’il se sentait menacé. Cette résistance sexuelle quasi hors de portée rend les rapports sexuels avec pénétration épineux, voire impossibles. Mais pas seulement.
Le vaginisme envenime aussi l’insertion d’un tampon ou d’une cup et complexifie les contrôles gynécologiques. Un frottis, qui a plutôt tendance à chatouiller, se convertit en coup de matraque pour les personnes souffrant de vaginisme. Il existe d’ailleurs plusieurs types de vaginisme qui ont tous le point commun d’être handicapants et affligeants :
- Le vaginisme primaire : il intervient dès que la sexualité est active, pendant les premiers rapports sexuels. Il peut résulter d’une éducation sexuelle sévère, de lacunes sur sa propre anatomie ou d’expériences traumatisantes plus indicibles (attouchement, inceste…).
- Le vaginisme secondaire : à l’inverse du précédent, il apparaît plus tardivement dans la vie sexuelle. Il survient généralement après un choc physiologique ou psychologique (mycose, déchirure vaginale, pénétration désagréable…).
- Le vaginisme total : toute pénétration est irrecevable. Le vagin se braque, qu’importe la situation (rapport sexuel, examen gynécologique, application d’une protection hygiénique interne…).
- Le vaginisme situationnel : comme son nom l’indique, ce type de vaginisme est plus occasionnel. Il survient dans certains cas de figure : stress de la première fois, peur du gynéco, mauvaise expérience avec certains partenaires…
Les causes qui peuvent expliquer le vaginisme
Le vaginisme est encore mal compris et pousse les femmes à se remettre en question. Il n’est d’ailleurs pas rare de croire que le vagin est inadapté, trop étroit ou incontrôlable. Cependant, le vagin est simplement la victime collatérale d’un repli du périnée. Rien à voir avec son gabarit donc. Toutefois, si les exercices de Kegel peuvent muscler le périnée et aider à mieux le détendre, ils ne règlent pas tout le problème.
Le vaginisme n’est pas seulement une affaire de périnée têtu. C’est un phénomène très personnel qui dépend du vécu de chaque personne. Mais les spécialistes appuient la cause psychosomatique. C’est-à-dire que l’esprit surréagit face à une situation et affecte directement le corps pour le protéger. Un état d’hypervigilance surtout hérité d’un traumatisme sexuel tel qu’un viol ou un examen gynécologique chaotique. Le vagin se transforme en porte blindée par « mesure de sécurité », pour éviter de raviver une réalité trop crue. C’est un mécanisme de défense.
Le vaginisme se manifeste également chez les femmes qui ont grandi avec un système d’obligation très féroce. Par exemple, chez les petites filles à qui on a imposé certains aliments et qui l’ont interprété comme une agression envers leur corps. Mais d’autres motifs peuvent expliquer le vaginisme :
- Des infections urinaires chroniques
- La tocophobie (peur viscérale de tomber enceinte)
- Un déséquilibre de la flore vaginale
- Des IST
- Une malformation du vagin
- Un hymen hypertrophié (rigide)
- La sécheresse vaginale
- Un accouchement difficile
- Une dysphorie de genre
Quels signes doivent alerter ?
Le vaginisme est trop souvent confondu avec une malformation vaginale ou pris pour une fatalité anatomique. Les douleurs pendant les rapports avec pénétration ont trop longtemps été discréditées au profit du plaisir phallo-centré. Ce qui retarde le diagnostic et perturbe tous les pans de la vie.
La souffrance qui accompagne le coït est tout sauf un « passage obligé ». Pour distinguer le vaginisme des autres pathologies plus « courantes », voici quelques signes indicateurs :
- Difficulté ou incapacité à insérer un tampon, un doigt, un pénis ou tout autre objet dans le vagin.
- Douleur ou sensation de brûlure lors de toute tentative de pénétration vaginale.
- Contractions musculaires involontaires et spasmes autour du vagin au moment de la pénétration.
- Tension ou resserrement excessif des muscles du plancher pelvien.
- Anxiété, peur ou appréhension liée aux rapports sexuels.
- Évitement des rapports sexuels ou de toute activité sexuelle nécessitant une pénétration vaginale.
- Douleur ou inconfort lors d’un examen gynécologique.
- Sentiment de blocage ou d’impossibilité de contrôler les muscles vaginaux.
- Sentiments de frustration, de honte, de tristesse ou de détresse liés à la condition.
Vaginisme : comment surpasser ce trouble sexuel ?
Le vaginisme n’est pas irrévocable. Pour entamer le processus de guérison et retrouver une sérénité intime, il convient d’abord d’ouvrir le dialogue avec un.e professionnel.le de santé. Si vous ne vous sentez pas à l’aise avec les étriers du/de la gynécologue ou que cette étape vous semble infranchissable, tournez-vous vers votre médecin traitant.e, un.e psychologue ou une sage-femme.
Ensuite c’est un travail sur vous qui s’amorce, un voyage introspectif pour identifier l’élément déclencheur. Une fois cette auto-analyse terminée, plusieurs solutions s’offrent à vous, à savoir :
- Thérapie comportementale : elle peut inclure des exercices de relaxation, de respiration et de rééducation des muscles pelviens. L’objectif est de réduire l’anxiété et d’apprendre à contrôler les muscles du plancher pelvien.
- Thérapie sexuelle : elle peut aider à identifier les causes sous-jacentes, à explorer les émotions liées à la condition et à développer des techniques pour surmonter les difficultés sexuelles.
- Dilatateurs vaginaux : ce sont des dispositifs coniques utilisés pour élargir progressivement le vagin. Ils sont souvent utilisés pour aider à réduire l’inconfort et à entraîner les muscles pelviens à se détendre.
- Physiothérapie pelvienne : elle sert à renforcer les muscles du plancher pelvien et améliorer leur coordination.
- Techniques de relaxation : apprendre des techniques de relaxation, comme la respiration profonde, la méditation ou le yoga, peut aider à réduire l’anxiété associée au vaginisme et à favoriser le relâchement des muscles pelviens.
Les spécialistes recommandent surtout d’apprendre à redécouvrir son corps en faisant abstraction de la terrible « loi de la pénétration ». Danse, pôle-dance, yoga ou encore Pilates permettent ainsi de réconcilier le corps et l’esprit par la force des mouvements. Le simple fait d’ouvrir et de fermer les jambes peut aider à surmonter les craintes. Les médecines dites non conventionnelles ont, elles aussi, un rôle à jouer. C’est le cas de l’hypnose et de la sophrologie, pratiques instigatrices de lâcher-prise.
Le vaginisme empoisonne les câlins sous la couette et restreint certains plaisirs solitaires, mais il n’est pas irréversible. Avec des exercices de fond sur soi et son corps, ce trouble sexuel a de forte de chance de devenir un lointain souvenir.