Sur les bancs du lycée, la question « alors, tu l’as fait ? » revient en boucle, comme si la virginité était une honte à abattre. Chez les ados, la défloration semble presque indispensable pour accéder au statut d’adulte. Et ce n’est pas la seule idée reçue qui en veut aux entrejambes inexplorés. De nombreux mythes rétrogrades tournent autour de la virginité, érigeant la première fois en accomplissement ultime.
Ces mensonges confortablement blotties dans l’imaginaire collectif prouvent une fois de plus nos lacunes en éducation sexuelle. Nul besoin de se gaver de manuels de SVT, la rédaction démêle pour vous le vrai du faux. Spoiler : perdre sa virginité est beaucoup moins « barbare » que ce que les croyances prétendent.
1 – L’hymen qui se rompt marque la défloration
Faux. L’hymen, membrane située à l’embouchure du vagin, est un aimant à fake news. Pour cause, cette « petite peau » souple ou rigide est très peu étudiée par la science. Ce qui en fait donc une proie facile. Depuis le Moyen âge, époque dorée du christianisme, l’hymen est brandi en symbole de « virginité ». Cette idée qui prétend qu’un hymen est forcément voué à se détruire sous les va-et-vient d’un pénis s’est massivement répandue, à tort.
Un hymen est loin d’être une « porte blindée », franchissable par la seule force d’une pénétration. Cette croyance servait surtout de caution ou plutôt de « cachet de fraîcheur » pour ces messieurs. Malheureusement, elle trouve encore un écho dans notre monde moderne. Ainsi, plusieurs cultures archaïques s’en réfèrent au certificat de virginité, un document très intime faisant l’état des lieux de l’hymen des femmes en vue de prouver leur pureté.
Pour rappel, l’hymen est un tissu fin plutôt malléable qui se relâche lors de la première pénétration vaginale. Il se désépaissit également en fonction des femmes et de leur activité. Il peut donc s’élargir à la puberté, pendant une session de masturbation ou un sport régulier comme l’équitation ou la danse classique. D’ailleurs, l’hymen ne joue aucun rôle physiologique, un peu comme l’appendice.
2 – Tous les hymens sont identiques
Archi faux. Au même titre que les vulves, les hymens sont tous uniques. Il n’y a pas de modèle « type », ni de duplicatas possibles. Ce ne sont que des séries limitées.
À chaque hymen sa petite particularité. Nous pouvons par exemple citer l’hymen complaisant qui se dilate sans jamais rompre, l’hymen cribriforme percé de petits orifices ou encore l’hymen scléreux épais, plutôt handicapant pendant les rapports. Certaines femmes naissent même sans hymen. Une sur trois précisément.
3 – La première pénétration est toujours douloureuse
Faux. La première fois n’a rien de très romantique. Elle a même plutôt un côté « Gaston Lagaffe ». Cependant, si elle reste assez décevante, la première fois n’est pas nécessairement un supplice pour la vulve ni une épreuve de survie. Certes, cette expérimentation sexuelle nous fait marcher en canard pendant des jours mais sur le vif, elle peut très bien se passer (ou presque).
En fait, les douleurs surviennent principalement à cause d’un manque de lubrification dû au stress. Tous les muscles qui entourent le vagin, notamment le périnée, se contractent, laissant alors une entrée close ou très difficile d’accès. Dans ce cas, inutile de faire du forcing. Ce sera voué à l’échec.
Hormis ces facteurs « physiologiques », l’envie sexuelle des deux partenaires entre aussi en jeu. Sauf que selon une enquête NousToutes, une femme sur six avoue que le premier rapport n’était pas consenti. Un chiffre assourdissant qui réduit le plaisir à une marchandise en accès libre.
4 – La virginité protège d’un risque de grossesse
Faux. La virginité est souvent appréhendée tel un barrage anti-spermatozoïde, hermétique à toutes fécondations. Cependant, une femme est « opérationnelle » dès ses premières règles. La virginité n’a donc rien à voir là-dedans.
Dans certains cas, assez rares, il est même possible de tomber enceinte sans pénétration. Par exemple, pendant des préliminaires non protégés ou une éjaculation externe, des petites gouttes de sperme peuvent entrer en contact avec le vagin. Il n’en faut guère plus pour courtiser l’ovule.
En revanche, loin de là l’idée de tomber enceinte par le simple intermédiaire de la cuvette. D’ailleurs, en dehors de leur milieu de prédilection, les spermatozoïdes ont une durée de vie très courte qui n’excède pas le 1 jour. Les toilettes publiques ne sont donc pas un nid à grossesse (mais plutôt à microbes).
5 – Le saignement est obligatoire pendant la première fois
Faux. Dans la culture gitane, la coutume veut que la future mariée brandisse un mouchoir imprégné de sang en totem de virginité. Cependant, perdre sa virginité n’induit pas toujours des scénarios sanguinolents. Les saignements arrivent dans environ 50 % des cas. Pourtant, de vieilles traditions considèrent encore le sang comme une preuve irréfutable de « pureté ». En bref, il signifie « entrée intacte » ou « RAS, personne n’est passée par là ».
Or, tout est question d’anatomie. Certaines femmes saignent, simplement parce que l’hymen se déchire sur un petit vaisseau. C’est la même chose lorsqu’on saigne du nez. Les muqueuses vaginales, elles aussi, sont sensibles. Si monsieur met un peu trop d’énergie dans ses coups de bassin, il n’est pas rare de constater des petits écoulements rougeâtres. Quoi qu’il en soit le premier rapport n’a rien d’une scène de crime. Par contre, si les saignements reviennent à chaque ébat, mieux vaut consulter un.e spécialiste.
6 – Le première fois implique forcément une pénétration
Faux. Dans l’imaginaire collectif, la première fois induit toujours de s’imbriquer comme des pièces de Tetris. La faute aux pornos, principale référence des ados prépubères. Si dans les films X, toutes les figures du Kamasutra y passent, frôlant presque le numéro de cirque, en pratique c’est bien moins bestial. Une certaine pudeur s’invite même souvent sous la couette. Selon un sondage YouGov, seuls 9 % des Français.es confirment vouloir coucher dès le premier soir.
Par ailleurs, il existe plusieurs façons d’explorer le corps de l’autre, sans passer par une levrette ou un missionnaire (ni se faire un claquage des adducteurs). Les préliminaires, par exemple, sont bien trop sous-estimés. Cette entrée en matière à base de caresses et de baisers langoureux devrait durer une vingtaine de minutes. C’est le quota pour que les femmes goûtent au frisson. Au menu, il y a aussi le sexe oral, anal et la masturbation mutuelle.
Ces préludes érotiques, loin de la sacro-sainte pénétration vaginale, conviennent surtout aux couples qui font vœu d’abstinence jusqu’au mariage. NB : selon un sondage, 95 % des jeunes femmes n’ont eu aucun orgasme lors de la première fois. Pire, seuls 18,4 % des femmes jouissent par simple pénétration. À part ruiner notre maquillage contre l’oreiller, la pénétration ne fait guère d’étincelles.
7 – La virginité possède une date « butoir »
Faux. En France, les jeunes perdent leur virginité aux alentours de 17 ans. Mais c’est simplement une moyenne. Autrement dit, il n’y a pas de date de péremption ni de timing idéal.
La virginité peut s’envoler à 16 ans comme à 35 ans. « Tout vient à point à qui sait attendre ». Malheureusement, notre société compare encore le statut de « puceau » ou « pucelle » à une tare sociale, ce qui pousse à la précipitation.
8 – On peut savoir lorsque quelqu’un perd sa virginité
Faux. Dans les pays les plus autoritaires, des tests de virginité sont imposés par la justice et peuvent conduire les femmes en prison si ceux-ci s’avèrent erronés. Supposée évaluer la valeur et l’honneur d’une fille, cette pratique est sans fondements scientifiques. C’est tout bonnement le fruit du patriarcat.
Ce check-up impudique qui relève plus de l’infraction que de l’auscultation est une forme de violence gynécologique. Comme le rappel l’OMS « Aucun examen ne peut prouver qu’une fille ou une femme a eu des rapports sexuels – et l’apparence de l’hymen d’une fille ou d’une femme ne peut prouver si elle a eu des rapports sexuels, si elle est sexuellement active ou non”. Le concept même de virginité en veut exclusivement aux femmes hétérosexuelles, excluant ainsi les relations LGBT+ du tableau.
La virginité, complètement déshabillée de ses clichés, essuie d’autres dérives, encore plus extrêmes. Certaines femmes s’en servent comme gagne-pain et vendent désormais leur virginité aux enchères. Une mannequin roumaine a ainsi récolté 2,3 millions de dollars en échange de sa défloration. Ce qui était si « sacrée » est en passe de devenir une vulgaire « monnaie de change ».