Si nous abordons le sujet aujourd’hui, c’est pour faire suite à l’annonce récente du site de rencontres extraconjugales Gleeden. En effet, ce dernier assure avoir un taux de trafic à + 270 % depuis le début de la quarantaine annoncé le 17 mars dernier. Rien que ça ! Alors au final, peut-on considérer que se connecter sur les applis de rencontres c’est tromper lorsqu’on est en couple ? On vous livre l’analyse de professionnels.
Applis de rencontres : explosion durant la quarantaine
Tout comme la vente de jouets pour adultes explose depuis l’annonce du confinement un peu partout dans le monde, il semblerait que certains Français en couple aiment passer du bon temps sur le site de rencontres extraconjugales Gleeden.
Comme nous vous le disions en introduction, le trafic de l’appli a littéralement explosé en comparaison au mois de mars 2019. Gleeden affirme même à nos confrères de Marie France avoir étendu sa communauté à hauteur de 170 %. Les utilisateurs seraient plus appliqués et passeraient du temps à choisir leurs photos et à renseigner leur mini bio. Plus étonnant encore, les discussions sont passées de une heure en moyenne à 2h30 par jour.
Ces chiffres laissent peu de doutes : beaucoup de Français actuellement en couple ont fait le choix de se connecter sur des applications de rencontres durant le confinement. Peut-on parler ici d’infidélité virtuelle ? Ou est-ce plutôt une manière de stimuler sa libido sans trop se mouiller ? Les experts répondent.
Confinement et infidélité virtuelle : ça se tient
Interrogé par Madame Figaro, Alain Héril, psychanalyste et sexothérapeute, explique que oui, aller sur des applis de rencontres lorsqu’on est déjà en couple, c’est tromper. Mais il nuance tout de même son propos :
« Oui, mais à l’heure actuelle, il faut redéfinir l’infidélité au sens propre du terme, car cette forme de tromperie virtuelle n’existait pas autrefois. Ici, la relation n’est pas directement charnelle, mais il n’en reste pas moins que l’on entretient une relation à caractère sexuel par écran interposé, avec quelqu’un d’autre que son/sa conjoint.e. Qu’elle soit fantasmée ou actée en temps normal, la relation s’intensifie pendant le confinement que nous vivons. Si on va sur Tinder alors que le partenaire est dans la pièce d’à côté, la dimension transgressive est d’autant plus forte. »
Mais alors, pourquoi ce besoin d’aller voir ailleurs ? Toujours selon Alain Héril, il s’agirait avant tout d’une démarche narcissique :
« On essaye de se prouver que l’on peut être encore à la fois séducteur et séduisant. Et le contexte actuel va venir ici l’exacerber. Les informations anxiogènes nous plongent dans un état délétère et la libido sert ici à maintenir le vivant, à contrecarrer l’angoisse et la peur. À force de passer ses journées et ses soirées avec son partenaire, celui-ci devient plus commun et donc moins désirable. Aller sur une application de rencontre va permettre de s’évader, de créer du lien avec des inconnus. Le problème ne vient pas uniquement de l’autre, il nous renvoie aussi à nos propres frustrations. C’est presque une façon symbolique de sortir de chez soi et de ses habitudes. »
Ainsi, cette augmentation des chiffres durant la quarantaine aurait donc une explication logique…
Travailler à deux pour recoller les morceaux
Au final, que retirer de tout ça ? Doit-on se sentir coupable de s’être connecté.e sur ces applis de rencontres alors qu’on est en couple ? Si on a été « trompé.e », doit-on en vouloir à son partenaire quitte à rompre le confinement en couple ?
Si l’on part du principe que la quarantaine met vraiment le couple à mal, la réponse est non, cette fois. En effet, il n’est pas exclu que les utilisateurs en couple se connectent juste pour s’offrir une brève parenthèse, couper l’enfermement et respirer à nouveau. En revanche, cette excuse n’est plus valable si le comportement se réitère plusieurs fois et sur la durée.
Et à la question : « doit-on avouer son infidélité virtuelle ? ». Alain Héril explique que ce n’est pas nécessaire, étant non adepte de la transparence absolue dans le couple :
« Elle provoque plus de dégâts qu’autre chose. Il faut être suffisamment clair avec soi-même et se demander pourquoi on privilégie le temps passé sur Tinder à celui passé avec l’autre. Se connecter sur ces applications de rencontres s’avère être un révélateur de la difficulté relationnelle du couple. Si c’est le cas, au lieu d’avouer sa grosse bêtise comme le ferait un enfant, il faut plutôt travailler à deux pour essayer de comprendre la raison de la démarche. »
Une idée somme toute logique lorsqu’on veut sauver son couple. Car si la rupture est brutale, on risque d’avoir de nouveau très peur de tomber amoureuse. Ce qui aura des incidences directes et néfastes sur nos prochaines relations.
Alors au lieu de se demander si aller sur des applis de rencontres lorsqu’on est en couple c’est tromper, nous ferions peut-être mieux de nous demander comment l’éviter… Et si cela se produit, comment nous pourrions surmonter cette épreuve (ou pas).
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