Couple : comment savoir si je suis dans une relation pansement ?

Une rupture amoureuse écorche le cœur. C’est un coup de poignard dans la poitrine. Alors, pour soigner cette plaie qui brûle à vif de l’intérieur, certaines personnes prennent la relation pansement comme « premiers secours ». Mais purger son chagrin d’amour dans les bras du/de la premier.ère venu.e relève plus du placébo que de la guérison. Au lieu de cicatriser la plaie, la relation pansement ne fait que l’infecter. Le problème c’est que ce comportement « palliatif » est assez difficile à percevoir. Voici donc quelques signes à ausculter à la loupe pour tirer votre propre diagnostic sentimental.

Qu’est-ce qu’une relation pansement ?

Se faire plaquer est une expérience traumatisante qui laisse des traces. Et, ni pots de glace ni tablettes de chocolat ne peuvent refermer cette blessure invisible. En revanche, Tinder est une belle pharmacie. C’est en tout cas ce que prétend la relation pansement. Une histoire presque sans avenir simplement là pour combler le manque d’un.e ex.

C’est la concrétisation de l’adage « un amour en chasse un autre ». La relation pansement, auto-prescrite au nom de l’oubli, est supposée aseptiser la douleur de la séparation ou du moins la rendre plus supportable. Elle a le même rôle qu’un pansement sur une plaie.

Superficielle et généralement de « passage », la relation pansement absorbe tous les sentiments pesants qui découlent d’une rupture comme la solitude ou la frustration. Si, sur le coup, elle semble réparatrice, en réalité, elle ne fait que « recouvrir » la souffrance. C’est une sorte de « cache-misère ».

Les indices qui trahissent une relation pansement

Une relation pansement se forme de façon assez inconsciente, sans trop d’ambiguïté. C’est une technique de « survie mentale », un gilet pare-balle contre les chocs du coeur. Difficile donc de connaître les intentions qui se cachent derrière. Cependant, certains indices collent à la relation pansement.

1 – Vous sortez tout juste d’une rupture

C’est l’un des symptômes les plus évidents de la relation pansement. Après seulement quelques jours de célibat ponctués de questions existentielles, vous avez déjà réactivé tous vos profils sur les applis de rencontre et vous provoquez le destin pour trouver des bras où vous blottir. Si vous étiez dans une relation sérieuse, chiffrée en années, les risques de tomber dans une relation pansement sont plus grands, car la claque sonne plus fort.

2 – Vous comparez votre relation

En général, dans une relation pansement, les souvenirs avec votre ex se superposent comme un papier calque sur cette aventure naissante. Que ce soit pour les petites habitudes du quotidien ou dans l’intimité de la chambre à coucher, votre bourreau des cœurs reste en fond.

Vous ne pouvez vous empêcher de faire le parallèle entre vos deux histoires, qui n’ont, par ailleurs, rien en commun. Ces flashbacks lancinants de la relation passée indiquent que vous n’avez pas fait votre « deuil ».

3 – Votre relation vous paraît floue

Plan cul ? Amant de « dépannage » ? Confident.e ? Malgré toute la volonté du monde, vous ne parvenez pas à poser un « nom » sur votre relation. Vous retardez volontairement le moment crucial de « l’officialisation ». L’autre est tout et rien en même temps.

Si vos collègues vous questionnent, vous répondez que ce n’est « personne », une simple pierre sur votre chemin. Dans une relation pansement, vos sentiments sonnent creux et votre cœur est un vaste champ de bataille.

4 – Vous ne parvenez pas à vous projeter

Dans une relation pansement, votre vision se réduit au temps présent. C’est une saga romantique « au jour, le jour ». Impossible pour vous d’imaginer un quelconque projet avec votre nouvelle moitié, pas même un city break à Amsterdam.

Cet avenir à deux paraît totalement obstrué. Si l’autre vous parle de « biens communs », vous restez sur la réserve en sortant le joker « je ne me sens pas prêt.e ».

5 – Vous laissez l’autre au second plan

Alors que la plupart des couples naissants restent collés comme du velcro et ne passent pas une milliseconde loin de l’autre, vous, vous avez une attitude fuyante. Certes, les amoureux.ses doivent garder leur espace vital et une part d’indépendance, mais vous prenez ce prétexte en otage. Vous gardez le train de vie d’un.e célibataire en étant en couple.

Une relation pansement est-elle toujours un échec ?

La relation pansement est « désintéressée » et par conséquent peu propice aux idylles de longue durée. C’est une solution de repli, un port d’attache en attendant de passer la tempête. La relation pansement a également un goût de vengeance qui se traduit dans des réflexes de manipulation insidieux.

Elle sert à éveiller la jalousie chez l’ex. L’autre est alors parfois exposé sur les réseaux comme un « trophée » de chasse. Le.a partenaire « roue de secours », devient une sorte de marionnette bringuebalée entre faux-semblants et désillusions. Au-delà de ce côté malsain, la relation pansement soulage sans pour autant réparer ce qui a été « cassé ». Ce n’est pas un remède miracle.

Même si la relation pansement a peu de chance d’être concluante, elle peut aussi connaître un revirement heureux. Il arrive que cette personne, prise un peu au hasard pour jouer les serpillères, réveille des sentiments plus sincères que prévu. Finalement, ce qui compte c’est l’honnêteté mutuelle.

​​« Une relation pansement peut durer, mais ce ne sera pas une relation passionnelle, plutôt raisonnée, mais les relations raisonnées ne sont pas moins bonnes. Être dans une relation raisonnée permet de se projeter. Il y a un accord tacite de ne pas se faire souffrir dans ce genre de relation », détaille la psychanalyste Fabienne Kraemer au média Psychologies

La relation pansement n’a donc rien d’un conte Disney. Elle rappelle surtout la férocité de l’amour. En prime, dans une société où le célibat est perçu comme un « échec », la quête d’un cœur à prendre se fait souvent sans objectif. En confondant vitesse et précipitation, les red flags passent quasiment inaperçus.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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