Imaginez cette scène : votre partenaire oublie (encore) de sortir les poubelles, de noter un rendez-vous important, ou de passer chercher du pain. Vous soupirez, le faites alors à sa place, puis vous vous dites : « Si je ne m’en charge pas, personne ne le fera ». Vous venez peut-être d’entrer dans une dynamique insidieuse et toxique : la relation « parent-enfant ».
Qu’est-ce que la dynamique « parent-enfant » en couple ?
Il ne s’agit pas de nourrir votre chéri·e à la cuillère ou de lui raconter une histoire pour s’endormir. Non, c’est bien plus subtil (et sournois). Cette dynamique apparaît quand l’un·e des deux partenaires, volontairement ou non, adopte un rôle parental dans la relation. L’autre devient alors, consciemment ou pas, « l’enfant ».
Résultat ? Celui ou celle qui joue le rôle du « parent » croule sous une charge mentale grandissante, pendant que « l’enfant » se complaît dans sa dépendance. Et à force de déséquilibre, la belle harmonie du couple peut finir par voler en éclats.
Les signes qui ne trompent pas
Si vous hésitez à savoir si votre couple est concerné, voici quelques signaux révélateurs. Attention, ça risque de piquer un peu…
1. Vous êtes son agenda ambulant
« Chéri·e, n’oublie pas ton rendez-vous chez le·a dentiste demain ». Si cette phrase vous est familière, méfiez-vous. En prenant systématiquement en charge l’organisation de son quotidien, vous placez votre partenaire dans une posture d’enfant irresponsable.
2. Les tâches ménagères ? C’est (presque) tout pour vous
Lessive, vaisselle, repas… vous gérez tout. Pourquoi ? Parce qu’« il/elle ne sait pas bien faire » ou « ça ira plus vite si je le fais moi-même ». Résultat : votre partenaire se la coule douce pendant que vous vous épuisez.
3. Vous prenez toutes les décisions familiales
Qu’il s’agisse des vacances, du choix des écoles ou de la couleur des rideaux, vous êtes à la barre. Certes, cela peut flatter votre ego (« Je suis mieux organisé·e »), mais à quel prix ? Votre conjoint·e reste spectateur·rice, confortablement installé·e dans son rôle d’éternel enfant.
4. Vous jouez les directeur·rice·s de conscience
Vous avez l’habitude de dire à votre partenaire ce qu’il/elle doit faire, comment et quand. Pourquoi ? Parce que « c’est pour son bien ». Pourtant, ce comportement infantilise l’autre, et instaure une hiérarchie qui n’a rien de romantique.
5. Vous terminez ses phrases (et pas qu’au Scrabble)
Votre partenaire commence à parler, mais vous ne pouvez pas vous empêcher de finir ses phrases. Cela traduit un réflexe autoritaire, comme si ses mots n’étaient pas assez « matures » pour être entendus.
Pourquoi on tombe dans ce piège ?
Les raisons peuvent varier, mais elles trouvent souvent leurs racines dans des besoins inconscients comme l’envie de contrôle (on se sent plus en sécurité en dirigeant tout), le besoin de se sentir indispensable (cela flatte l’ego) ou encore l’influence de son passé (schémas relationnels vécus dans l’enfance qui peuvent ressurgir dans la vie adulte). Dans certains cas, c’est aussi l’autre partenaire qui cherche à être infantilisé pour éviter les responsabilités ou gagner en affection.
Comment retrouver l’équilibre ?
Bonne nouvelle : cette dynamique « parent-enfant » en couple peut être renversée, à condition d’y mettre du sien des deux côtés.
- Ouvrez le dialogue : pas besoin de brandir un drapeau rouge, mais parlez-en calmement. Identifiez ensemble les comportements problématiques et leurs origines.
- Répartissez les tâches équitablement : pas question de tout faire seul·e. Redéfinissez les rôles et répartissez les responsabilités. Vous n’êtes pas un super-héros/une super-héroïne (et c’est très bien comme ça).
- Faites confiance : même si votre partenaire met trois fois plus de temps à plier les draps, laissez-lui l’espace d’apprendre et de contribuer.
- Travaillez sur vous-même : si ce besoin de contrôle vous colle à la peau, interrogez-vous : pourquoi avez-vous tant de mal à lâcher prise ? Un·e thérapeute peut aider à comprendre et dépasser ces blocages.
Changer une dynamique installée n’est pas simple, mais le jeu en vaut la chandelle. Vous bâtirez alors un couple basé pleinement sur l’égalité et la complicité. Alors, prêt·e à ranger votre « cape de parent » pour redevenir l’allié·e de votre partenaire ?