Lorsque la relation amoureuse rend son dernier souffle, un vide intérieur s’installe. Les sentiments sont en lambeaux, le cœur en miettes et le moral en mode survie. Si pour beaucoup, le chagrin d’amour est un « moment pénible à passer », il peut devenir plus virulent et chavirer vers la dépression amoureuse.
Largement sous-estimée, elle est pourtant loin du simple scénario à base de boîte de mouchoirs et de pots de glace géants. La dépression amoureuse pèse lourd sur le quotidien. On vous dit tout sur cette maladie d’amour.
Quelle différence entre le chagrin d’amour et la dépression amoureuse ?
Le redoutable « c’est fini entre nous », largué par texto ou de vive voix résonne comme un coup de massue. Malgré votre meilleur plaidoyer, la relation s’évapore laissant derrière elle un amas de souvenirs, entre tendresse et déboires. Une fois la séparation amoureuse actée et irréversible, le chagrin d’amour pointe le bout de son nez avec son lot de souffrances.
Sensation d’échec, solitude, repli sur soi, culpabilité, colère… les sentiments négatifs s’entrechoquent. Pire encore, le moindre signe d’amour vous aspire au dégoût. Que ce soit ce couple croisé sur une affiche de métro ou ces jeunes tourtereaux enragés du smack, les images romantiques sont une torture à elles seules.
Cette sensation de « coeur brisé » vous semble irréparable. Pourtant, le chagrin d’amour s’estompe généralement au bout de six mois, le temps de faire le « deuil » de cette passion perdue. Si les têtes à têtes prolongées avec les tablettes de chocolat ainsi que l’écoute abusive de « Someone like you » sont des réactions normales, d’autres phénomènes plus handicapants comme les troubles du sommeil doivent alerter.
C’est là toute la subtilité entre le chagrin d’amour, un mal de « surface » et la dépression amoureuse, un mal profond. La dépression amoureuse est plus féroce, mais aussi plus insidieuse. Largement minimisée, car méconnue, elle pique la santé mentale et physique en plein cœur.
Les symptômes de la dépression amoureuse
En France, près d’une personne sur cinq a souffert ou souffrira de dépression au cours de sa vie. La rupture amoureuse fait partie de ces événements difficiles qui favorisent largement son apparition. Exit papillons dans le ventre, mains moites, joyeuses palpitations… dès que l’amour tire sa révérence, ces sensations agréables cèdent leur place à des désagréments chroniques proches d’une dépression « classique », à savoir :
- Reviviscence des moments passés ou rumination avec des flash backs constants avec l’ex-partenaire. Ces pensées sont hors de contrôle et arrivent de façon quasi automatique
- Troubles du sommeil avec une difficulté d’endormissement, des réveils nocturnes répétés et des cauchemars
- Troubles de l’appétit pouvant aller de la perte d’appétit totale à la consommation compulsive d’aliments « gras »
- Perte d’intérêt et de plaisir avec une tendance à s’isoler de toutes relations sociales extérieures
- Pensées suicidaires qui se déclinent sous la forme d’idées morbides et de scénarios noirs
- Troubles cognitifs avec une perte de concentration, des pertes de mémoire et une moins grande résistance à la fatigue mentale
- Sentiment de manque et d’impuissance. La rupture laisse un vide intersidéral dans le quotidien. Sans cette moitié déchue, difficile de se projeter dans l’avenir. Envisager la vie en solitaire peut sembler effrayant
Les clés pour s’extirper d’une dépression amoureuse
Cupidon n’a pas de pitié, c’est un fait, mais votre cœur meurtri demande réparation. La dépression amoureuse ne se résorbera pas à coup de « ce n’est rien, ça va passer” ou de « un.e de perdu.e dix de retrouvé.e.s”. La dépression amoureuse, aussi envahissante soit-elle, trouve souvent des réponses salvatrices dans le cabinet d’un.e psychologue.
Cette étape est d’une précieuse aide pour ouvrir le travail d’introspection sur des bases solides. Le.a psychologue défriche le terrain pour vous avec une analyse précise qui peut parfois révéler des traumas plus anciens, liés à l’enfance.
Aux antipodes d’un.e ami.e, qui vous chantera le refrain « ce n’était pas quelqu’un pour toi”, « tu trouveras mieux”, « inscris-toi sur une appli de rencontres”, le.a psychologue aura un regard professionnel, dénué de jugements. Iel n’est pas là pour jouer les docteur.e.s love, mais pour délivrer des conseils et vous trouver une issue viable. En parallèle, un travail sur soi reste à faire. Ce n’est pas en faisant corps avec le canapé que la peine fera demi-tour.
Le mot d’ordre : penser à soi
Alors, pour détourner l’attention de votre esprit qui reste en boucle sur le passé, pensez à votre bien-être et chérissez les activités divertissantes. Mobilisez vos forces intérieures et extérieures pour reléguer votre ex aux oubliettes. Pour cela, plusieurs choix possibles :
- Remettez vos passions au premier plan. Adepte de peinture ? De musique ? De cuisine ? Replongez dans des activités qui vous donnent du plaisir et dans lesquelles vous éprouvez une satisfaction personnelle
- Autorisez-vous des sorties, loin de votre domicile et en collectif. Course sportive, cinéma, virée shopping…
- Revoyez la décoration de votre logement. Virez tous les objets qui vous rappellent l’autre et réorganisez votre espace de vie à votre manière, histoire de chasser les souvenirs pour de bon
- Prenez soin de vous au sens large, en changeant de coupe de cheveux ou en réservant un séjour entre copines. La dépression amoureuse fait chuter le taux de confiance en soi. Alors toutes les techniques pour s’aimer à nouveau sont les bienvenues. Suggestion : écrivez des mantras positifs sur des Post-its et collez-les un peu partout dans la maison
- Laissez libre cours à vos émotions. Nul besoin de se forger une carapace et de mettre un stop à vos sanglots. La dépression amoureuse fait mal et chaque émotion est légitime.
Une rechute sentimentale, c’est possible ?
Les risques de rechute sont rares et concernent surtout les personnes qui ont des traumas sous-jacents, pas uniquement liés à la rupture. En revanche, la dépression amoureuse peut resurgir après une deuxième séparation puisque certaines fragilités sont déjà présentes. Cependant, force est de constater que les jeunes semblent mieux préparé.e.s à cette éventualité.
S’il y a 5 ans, les relations duraient en moyenne une dizaine d’années, pour les millenials, elles dépassent aujourd’hui rarement les 4 ans selon l’INSEE. La vision du couple elle-même s’est métamorphosée. La quête d’aventure éphémère, mais intense l’emporte désormais sur les idylles « à la vie, à la mort ».
La dépression amoureuse est un séisme émotionnel. Elle laisse forcément quelques traces, mais elle permet de repartir avec des fondations toutes neuves et donc plus solides. Comme le dirait un grand sage « tomber est permis ; se relever est ordonné”.