Il y a quelque temps nous lancions un appel à témoins « rondeurs et sexualité » sur notre page Facebook. Parmi vous, notre lectrice Lou (nous avons changé son prénom à sa demande) nous a écrit pour nous raconter son histoire. Elle y aborde le thème très sensible « hyper sexualité et rondeurs ». Nous lui laissons la parole.
Les kilos qui s’installent dès l’enfance
« Bonjour tout le monde ! Je suis Lou, 24 ans, graphiste tout juste diplômée, vivant en région parisienne. Je suis une petite pin-up de 86 kilos pour 1m56 que mon père surnomme « La Vénus de Poche ».
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été ronde et prédisposée à l’être par le patrimoine génétique de mon père (mes deux frères aussi sont ronds). Au début, je ne comprenais pas pourquoi mes cuisses étaient plus grosses que celles des autres petites filles. Plus tard, à 8 ans, ma mère m’a emmenée voir une diététicienne. Ça ne m’a rien apporté. J’en ai vu une autre quelques années plus tard, ainsi qu’une psy, idem. J’avais des phases boulimiques pendant l’adolescence qui se sont transformées en hyperphagie. Ma mère me faisait souvent des remarques sur le fait que je pèserais 80 kilos à 20 ans (ce qui a été le cas et je ne regrette pas), que je ne devais pas porter de haut qui découvre le ventre ou de maillot deux pièces.
Aujourd’hui, ça va mieux car nous en avons beaucoup parlé. J’ai compris aussi qu’étant elle-même dans le domaine de la santé, elle souhaitait que j’ai des habitudes alimentaires aussi saines que possible. J’appréciais mon corps avant de découvrir la fat-positivity, aujourd’hui je l’aime, malgré les hauts et les bas que j’ai encore avec lui. Adolescente, je pensais à la liposuccion, maintenant c’est à peine si ça m’effleure l’esprit.
Hyper sexualité et rondeurs : comment s’y retrouver ?
Côté intimité, sexualité, j’ai toujours eu au fond de moi cette envie et ce besoin de plaire, d’être désirable. Je me suis battue pendant mon adolescence et le début de mon âge adulte pour parvenir à m’aimer et à me désirer moi-même.
J’ai eu mon premier vrai copain à 16 ans, ainsi que ma première fois. On a fait l’amour avec une petite lumière tamisée près de mon lit où je l’attendais avec un haut en soie. Je n’ai pas ressenti de complexe particulier, juste la sensation étrange mais néanmoins agréable d’un premier cunni et celle, plus douloureuse, de la première pénétration.
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De là, ma vie sexuelle a décollé comme un avion de ligne. J’ai eu d’autres copains, des amants, des amis avec intérêts (fille ou garçon). En revanche, je suis sortie, à mes 18 ans, avec un garçon beau comme un dieu mais qui n’aimait pas mon corps et me le faisait souvent savoir. Nous faisions beaucoup l’amour, mais les complexes s’installaient. Il me voulait plus mince, il me voulait sans poils.
J’ai ensuite rencontré mon premier grand amour. Il était vierge, un peu maladroit, mais c’est le premier qui a su me faire jouir. Malheureusement, la distance qui nous séparait a eu raison de nous. J’ai mis longtemps à m’en remettre, et je me suis remise à enchaîner les coups d’un soir et les amoureux médiocres. Je n’en retire aucune honte, ni aucune gloire. J’ai connu des hommes qui n’aimaient pas mon corps, d’autres qui l’appréciaient. J’ai appris à savoir quand mon corps attire ou quand il repousse.
J’ai rencontré mon deuxième amour avec qui j’ai passé trois ans. Il aimait mon corps et je le savais. Il me complimentait dessus, il le touchait. Je me sentais aimée en intégralité. Il faisait parfois des blagues dessus, mais pas de celles qui blessent, des petites blagues mignonnes qui vous font sourire.
Lorsque cette relation s’est terminée, j’ai recommencé les aventures. Beaucoup d’aventures et peut-être trop pour moi. Je suis tombée dans une hyper sexualité. J’ai séduit beaucoup de personnes, mais ça ne m’a rien apporté de précis. Je séduisais comme je mangeais, avec avidité. Je mangeais en me faisant parfois vomir. Je séduisais en oubliant parfois mes partenaires. Là, j’essaie de reprendre un mode de vie plus sain, aussi bien avec la nourriture qu’avec la sexualité et de soigner mes comportements addictifs.
Je considère que je suis plutôt chanceuse avec mes rondeurs. Je les assume et je sais qu’elles plaisent. Je n’ai au final pas connu de grossophobie trop violente dans ma vie sexuelle. Si je ne plais pas ou moyennement à quelqu’un, je n’insiste pas car je sais que cela me fera plus de mal que de bien. J’ai un type d’homme bien précis (plus grand que moi, plutôt mince, blond), mais j’ai su, en voyant une variété de gens ronds et beaux, étendre ma vision de la beauté.
Bilan et conseils
A l’heure d’aujourd’hui, après le récit de ce témoignage, je suis encore fragile. Ma rupture est arrivée avec la fin de mon stage en entreprise. Je me sens encore dans une certaine insécurité sentimentale et émotionnelle. J’ai peur de beaucoup de choses, et au fond de moi d’être adulte et de ne pas satisfaire ce que la société attend de moi.
Heureusement, j’ai une généraliste merveilleuse qui a toujours été bienveillante avec moi et une psychologue à l’écoute qui s’occupe de mes troubles borderline, alimentaires et dépressifs. Je ne désespère pas de m’épanouir dans mon métier et ma vie grâce aux gens que j’aime et qui m’aiment en retour. J’estime qu’au final, ma vie se passe plutôt bien. Ma sexualité est en stand by pour le moment afin de me recentrer sur ce que je souhaite réellement. Je suis en bonne santé physique, sans problème d’allergie, de diabète, de cholestérol ou autre. Là j’essaie de me mettre au sport afin de contrer l’inactivité et la dépression.
L’amour peut prendre des formes très diverses et pas forcément en monogamie exclusive. Si je devais donner un conseil, ce serait de penser d’abord à ce que vous voulez, vous, dans quelle configuration vous vous sentez à l’aise. Miser sur votre apparence, c’est bien, mais les mots et le langage font la majeure partie de l’attirance que vous dégagez. Si vous ne plaisez pas à quelqu’un.e et qu’il/elle vous le fait remarquer poliment, n’insistez pas (et réciproquement). Couchez avec qui vous voulez tant que c’est ce que VOUS voulez. Personne n’a le droit de vous juger sur la quantité ou le genre de vos partenaires. Que vos partenaires soient un, dix ou une centaine, protégez-vous ! »
« Hyper sexualité et rondeurs » ne sont pas incompatibles tout comme « sexualité et rondeurs » d’ailleurs. L’important est de trouver un équilibre et de se sentir bien. Lou nous tenions sincèrement à vous remercier pour ce témoignage !
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