On nous le répète souvent : la communication est la clé d’un couple qui dure. Mais si on vous disait que ce n’était pas la seule manière de montrer son amour à l’autre ? En effet, les langages de l’Amour sont multiples, comme les options linguistiques au collège. Pour mieux comprendre, en 1997, l’écrivain Gary Chapman a théorisé sa méthode dans son livre à succès : « Les langages de l’Amour« . Serait-ce la clé d’une relation saine ?
Le réservoir émotionnel, qu’est-ce que c’est ?
Le langage de l’Amour est né en 1992 sous l’impulsion de Gary Chapman, conseiller conjugal américain de renom. Selon lui, nous sommes tou.te.s doté.e.s d’un réservoir émotionnel. Lorsqu’il se retrouve à sec, sans aucun jus, c’est là que les tensions explosent dans le couple. Cette métaphore illustre notre besoin quasi viscéral d’émotions positives et salvatrices. Si ce réservoir a été laissé à l’abandon dans l’enfance, l’urgence affective sera d’autant plus colossale.
Pour combler cette pénurie de « bons sentiments », Gary Chapman suggère aux couples de jouer sur le mimétisme des langages de l’Amour. Ce sont eux qui font le carburant d’une relation stable et pérenne. Ainsi, si les tourtereaux ont les mêmes références, ils pourront nourrir leur réservoir mutuellement.
À l’inverse, s’ils ont deux langages opposés, ils resteront au point mort. Gary Chapman propose de s’écouter et de tendre une oreille vers les reproches de l’autre pour mieux décoder son langage amoureux attitré. C’est un peu comme l’apprentissage d’une langue étrangère : fastidieux, mais pas impossible.
« Si nous voulons communiquer efficacement avec des personnes d’autres cultures, nous devons apprendre leur langue. Il en va de même avec l’amour » – Gary Chapman
Les 5 langages de l’amour
D’après Gary Chapman, nous avons un ou deux langages de l’Amour dominants. Pour mieux les traduire et les interpréter, il n y a pas de mystère, il faut pratiquer. Comme le disait Chapman « l’important c’est de parler la langue sentimentale que comprend l’autre ». Et elle ne se limite pas uniquement à la parole.
1 – Les paroles valorisantes
Même si le dicton prétend « qu’un geste vaut mille mots », les paroles, surtout gratifiantes, ont aussi une forte portée dans le couple. Gary Chapman explique que les personnes qui en appellent à ce langage de l’Amour couvrent l’autre de compliments et de déclarations verbales bonnes pour l’égo.
Que ce soit un sobre « je t’aime » glissé sur un post-it, un « je crois en toi » ou un « je me sens bien avec toi », les paroles valorisantes offrent un regain de confiance à l’être aimé. Elles témoignent aussi d’une grande liberté émotionnelle. Elles signifient que l’autre est capable de laisser ces ressentis à ciel ouvert sans arrière-pensée. Pas de fierté mal placée ni de reproches à l’horizon, les paroles valorisantes font foi, à condition qu’elles soient honnêtes.
Ces mots doux et ces petites phrases qui coiffent l’estime dans le sens du poil ne doivent pas devenir des jokers en cas de disputes ou d’aléas. Ce qui fait la valeur de ces paroles, c’est leur authenticité. Disséminées avec parcimonie dans le quotidien, elles encouragent, réconfortent et flattent les cœurs. Surtout déclinées sous des formulations positives, directes et concises, elles font le ciment de la complicité. C’est encore plus le cas lorsqu’elles trouvent un écho de l’autre côté.
2 – Les moments de qualité
À travers ce langage de l’amour, l’autre se consacre pleinement aux instants à deux sur fond de taquineries, de conversations profondes et de connivence. Iel chérit les retrouvailles en tête-à-tête et sacrifie toutes les nuisances environnantes pour être entièrement disponible. Iel savoure intensément la présence de l’autre sans jamais céder à la distraction ambiante ou à la lassitude. L’autre cherche à créer un lien spirituel puissant, que ce soit de façon récréative ou formelle.
Ainsi, au restaurant, iel abandonne volontiers son téléphone portable en vue de se noyer dans les paroles de son âme sœur. Iel est prêt.e à bousculer son agenda et à revoir tous ses plans simplement pour profiter de l’autre, même si c’est pour lézarder devant Netflix. Pour lui.elle, ces parenthèses en duo ont un caractère « précieux ». Elles permettent de sceller une alchimie quasi fraternelle.
Aucune petite seconde passée avec l’autre n’est gaspillée ni utilisée à mauvais escient. L’être aimé n’hésite donc pas à proposer des sorties ou des activités à sa moitié, qu’elles soient chill ou sophistiquées. Pas question, cependant, de virer vers l’effet « glue » et d’étouffer l’autre. La notion « d’espace vital » doit rester en ligne de mire.
3 – Les cadeaux
Si, à première vue, les cadeaux sonnent plutôt matérialistes, ils font partie intégrante du langage de l’amour. Il ne s’agit pas de ruiner son compte en banque ou d’acheter des bijoux en or massif pour éblouir l’autre, simplement de petites attentions presque innées. Gary Chapman explique que ces cadeaux peuvent tenir dans la main. Ce qui importe, ce n’est pas tant le prix du présent, mais la beauté du geste.
Que ce soit un bouquet cueilli dans la forêt, un gâteau fait maison, un cygne en origami ou un voyage tout compris, le cadeau insinue que l’autre a une pensée exclusive à l’être aimé. Acheté, fabriqué ou trouvé, il illustre de façon palpable le lien intérieur qui nous unit à l’autre. Nul besoin d’en faire des tonnes ou de basculer dans le « m’as-tu vu », ce langage de l’Amour se veut sobre et franc avant tout.
4 – Les services rendus
Les services rendus symbolisent toutes les actions « anticipées » par l’autre pour soulager et alléger le quotidien de l’être aimé. Iel va étendre le linge pour que l’autre n’ait pas à le faire en rentrant du boulot, passer l’aspirateur, ranger la maison, aller à la boulangerie à 6h du matin pour que l’autre ait ses croissants au saut du lit. Si, ces réflexes prévoyants semblent relever de la tare vu de l’extérieur, ils témoignent en fait d’un amour « désintéressé ». L’autre rend service à son.a partenaire sans rien attendre en retour. C’est du pur bénévolat.
Ce côté « fée du logis » n’a rien de péjoratif ou de malsain. L’autre va s’approprier les tâches pénibles pour que l’être aimé puisse se reposer. Ce langage de l’Amour n’est pas le plus sexy, mais c’est celui qui a le plus de chance de perdurer dans le temps. Cependant, au fur et à mesure de la vie à deux, les partenaires apprennent généralement à déléguer et à se répartir les corvées domestiques plus équitablement. Les services à sens unique mutent donc en services mutuels.
5 – Le toucher physique
Ce langage de l’amour s’adresse aux personnes tactiles qui manifestent leur affection dans les étreintes, les caresses ou les bisous. Le contact physique est leur manière de dire « je t’aime ». C’est dans les corps-à-corps que l’autre déclare sa flamme. Pour lui.elle, les gestes de proximité ont plus de significations que les mots. Ainsi, iel préférera empoigner la main de l’autre pour lui invoquer un « je me sens bien avec toi » ou lui faire des papouilles dans les cheveux pour lui induire « tu es à moi ».
Le toucher physique est un langage de l’amour assez démonstratif. Il ne s’agit d’ailleurs pas forcément d’enchaîner les aller-retour sous la couette dans le feu du sexe. Le toucher physique a quelque chose de rassurant, voire de maternel. Il prend racine très tôt avec les peaux à peaux entre un nourrisson et ses parents par exemple.
Comment reconnaître le langage de l’Amour de l’autre ?
Comme le démontrait Gary Chapman, « il est rare que les partenaires intimes aient le même langage d’Amour émotionnel primaire”. Le langage de l’Amour s’acquiert presque au-dessus du berceau, pendant l’enfance. Il est largement influencé par les liens du sang, ceux qui unissent une famille. Il dépend donc beaucoup de l’éducation qui nous a été donnée.
Cet amour presque argotique trouve difficilement sa place dans le couple puisqu’il est intériorisé. Chacun.e pense que son langage fait figure de norme. C’est là que le bât blesse. Lorsque les partenaires ne parlent pas le même langage de l’Amour, les frustrations s’empilent. On pense que l’autre n’y met pas du sien, qu’il ne fait pas d’efforts ou qu’il est en retrait dans la relation. C’est une voie sans issue. Mais pour éviter le dialogue de sourds, certaines tactiques, surtout basées sur l’empathie, s’improvisent traducteur de couple. En voici 3 exemples :
1 – Connaître son propre langage de l’Amour
Avant de s’attaquer aux langages de l’Amour de son.a partenaire, un travail d’introspection s’impose. En effet, déchiffrer son propre dialecte du cœur peut demander plus de temps qu’il n’y paraît. Gary Chapman recommande ainsi de réfléchir à l’attention que vos proches peuvent oublier de vous donner et qui vous blesse le plus.
C’est en cherchant ce qui vous afflige que vous trouverez ce qui vous convient. Par exemple : à mon anniversaire, qu’est-ce qui me fait le plus plaisir ? Que tout le monde ait pensé à moi en m’appelant ou avec un message ? Un bon dîner avec les gens que j’aime ? Cette veste que j’avais repérée depuis des mois ?
2 – Analyser les reproches de l’autre
Les reproches sont une façon maladroite d’exprimer à l’autre ce que l’on aimerait. Certes, sur le coup, ces réflexions torturent l’égo, mais parfois il suffit d’aller au-delà de la forme pour faire tilt. C’est un bon moyen de saisir les volontés cachées de l’autre et donc de mieux interpréter ses lacunes affectives pour mieux les combler.
Dans un « tu ne me dis jamais que je suis joli.e », l’autre sous-entend « j’aimerais que tu me fasses plus de compliments ». Même son de cloche avec un « tu rentres toujours tard du travail » qui vaut pour un « j’aimerais que tu passes plus de temps avec moi ».
3 – S’aligner sur le langage de l’Amour de l’autre
Après avoir joué les Sherlock du cœur, vous saurez ce que votre partenaire attend de vous. Vous n’aurez qu’à vous calquer sur son langage amoureux pour compenser son petit creux affectif. Cependant, nul besoin de vous forcer la main ou d’effacer vos désirs au profit de ceux de l’autre. Toute l’harmonie de ces langages réside dans l’équilibre. Si son réservoir affectif est rempli à ras bord, mais que le vôtre reste vide, la relation sera « injuste » et donnera lieu à des crispations.
La théorie de Chapman trouve aussi ses limites puisqu’elle induit que l’autre est censé « s’adapter », auquel cas la relation sera vouée à l’incompréhension permanente. Même si ces langages de l’Amour font toujours foi, ils mériteraient une petite mise à jour. En trente ans, les relations ont évolué, s’affranchissant d’une certaine indépendance.