En ce mois de février et à quelques jours de la Saint-Valentin, vous avez peut-être du mal à supporter ce trop-plein d’amour et ces démonstrations d’affection en public… En effet, cela vous renvoie à une angoisse persistante qui vous ronge depuis quelque temps : l’anuptaphobie, ou la phobie d’être célibataire. Il s’agit d’une réelle souffrance, elle a même été étudiée par des chercheurs de l’Université de Toronto en 2013. On vous explique.
Anuptaphobie : qu’est-ce que c’est & à quoi est-ce dû ?
Ce trouble au nom un peu bizarre est défini par la peur irrationnelle d’être célibataire, de ne jamais trouver un partenaire de vie ou de le voir s’en aller. Cette peur fait souvent écho à la peur de l’abandon. Attention, elle est à bien différencier de l’autophobie, ou la peur de la solitude.
Concrètement, plus la phobie d’être célibataire est grande, plus le.a « malade » diminu.e ses critères de sélection par rapport à ses attentes réelles. En clair, le statut « en couple » prime sur la « qualité » du/de la partenaire choisi.e. L’anuptaphobe considère qu’il.elle est préférable d’être mal accompagné.e plutôt que seul.e. Ici, le.a partenaire joue un véritable rôle d’anxiolytique.
Les causes peuvent être multiples. Il y a par exemple la pression sociale. Passé un certain âge, beaucoup estiment qu’il est « bizarre » d’être encore célibataire et sans enfant par exemple. On retrouve aussi le phénomène de l’attachement exacerbé. Le nourrisson s’attache au soignant/parent, d’autant plus s’il se sent en danger. Une fois adulte, ce besoin d’attachement excessif persiste.
On peut aussi mettre l’anuptaphobie sur le compte d’une séparation traumatisante durant l’enfance ou du divorce des parents par exemple. Plus étonnant, des chercheurs ont mis en évidence en 2010 la présence de troubles neurologiques chez les personnes atteintes de cette peur irrationnelle d’être célibataire.
Symptômes & diagnostic
En règle générale, ce trouble touche souvent des adultes que la société juge en âge d’être en couple.
L’anuptaphobe manque de confiance en lui.elle. Il.elle estime être en décalage face à la société. D’ailleurs, cette personne se sent comme une coquille vide, en manque permanent de compagnie. Elle passe aussi des heures à analyser un message reçu, une rencontre ou une situation. Et elle planifie sans cesse les étapes d’une vie de couple « parfaite » (rencontre, mariage, enfant, maison…).
Un.e anuptaphobe est aussi prêt.e à tout pour être accompagné.e. Il.elle va vers l’autre non pour ses qualités, mais surtout pour combler son sentiment de solitude. Et ce, quitte à rester dans une relation destructrice. Il.elle peut aussi ressentir d’autres symptômes comme la jalousie, l’anxiété, les crises de paranoïa ou l’incapacité à passer du temps seul.e.
Le premier diagnostic est en général posé par le.a médecin généraliste. Ce professionnel verra ou non si cela justifie la mise en place d’une thérapie. Pour se faire, il s’appuie sur la base des critères de la phobie du « Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux » :
- La phobie doit persister au-delà de six mois,
- La peur doit être exagérée vis-à-vis de la situation réelle, du danger encouru,
- Les patient.e.s évitent la situation à l’origine de leur phobie initiale, ici le fait de ne pas être en couple,
- La peur, l’anxiété et l’évitement causent une détresse significative qui nuit au fonctionnement social ou professionnel.
Phobie d’être célibataire : comment s’en sortir ?
Si vous pensez être victime de l’anuptaphobie, pas de panique. Il existe des solutions pour s’en sortir durablement. La psychothérapie comme nous évoquions plus haut, par exemple. Les thérapies cognitives ou comportementales, l’hypnose, la technique de la gestion émotionnelle, l’EMDR, la méditation en pleine conscience ou encore la prise d’antidépresseurs (sous la supervision d’un médecin).
Ensuite, même s’il est difficile de prévenir l’anuptaphobie, on peut tout de même prévenir la rechute. Pour cela, on peut pratiquer des techniques de relaxation comme la sophrologie, le yoga… Et en travaillant sur le fait de se détacher de l’idée d’avoir besoin d’une autre personne pour se sentir en sécurité. Pour cela, on peut se forcer à faire des activités gratifiantes seul.e comme aller au cinéma, au restaurant, voir une expo…
Vous êtes touché.e par la phobie d’être célibataire ? Vous connaissez quelqu’un qui pourrait en être victime ? Nous vous attendons sur le forum pour en discuter.