Vous enchaînez les relations sans lendemain, les échecs amoureux ou au contraire vous vous refusez strictement à tout type de relations ? Vous souffrez peut-être de la philophobie, ou la peur d’aimer. Explications.
Qu’est-ce que la philophobie ?
Venant du grec, ce terme manifeste littéralement « la peur d’aimer » : « philo » signifie « aimer » et « phobie » veut dire « peur ». La peur d’aimer n’est pas (encore) reconnue officiellement comme un trouble mental, mais elle est tout de même considérée en psychologie comme un trouble social. Si l’on imagine facilement que les personnes touchées sont froides et solitaires, en réalité, c’est l’inverse.
Selon la psychologue Ariane Calvo, les philophobes « ont énormément d’affection et d’attention à donner, mais ne souhaitent pas s’exposer aux blessures amoureuses ». Dans certains cas, la peur d’aimer peut s’étendre des relations amoureuses ou sexuelles aux rapports amicaux et familiaux. Selon la psychologue, cette peur excessive de ressentir de l’amour peut avoir « des répercussions néfastes sur la santé psychique et mentale des personnes qui en souffrent ».
Pourquoi a-t-on peur d’aimer ?
1 – Le modèle de notre enfance, source de philophobie
Au cours de notre enfance, nous construisons notre image du couple en fonction de ce que nous voyons. Les parents sont généralement la première référence que nous ayons. Si ce modèle est défaillant, toxique ou instable, cela peut former chez l’enfant une appréhension d’aimer. De la même manière, un divorce difficile peut être traumatisant. Alors, l’enfant peut développer une peur de l’engagement et/ou de l’amour.
2 – Le traumatisme d’une rupture douloureuse ou d’un deuil
Les séparations, comme la perte de l’être aimé.e sont des traumatismes. Il faut alors passer au travers d’un processus de deuil. Ces événements peuvent être la source d’une peur intense d’aimer à nouveau née de la crainte de revivre des moments aussi difficiles.
3 – Un manque de confiance en soi à la racine de la peur d’aimer
Le manque d’estime de soi crée une incapacité à reconnaître sa valeur. Si vous êtes concerné.e, vous pouvez vous enfermer dans un schéma de dépréciation. Vous pensez qu’il vous est impossible d’être désiré.e et que l’autre peut facilement trouver mieux.
Aussi, lorsque quelqu’un vous apprécie et vous voit d’une manière différente, toutes vos certitudes sont ébranlées. La peur d’aimer s’impose alors comme étendard de votre manque de confiance.
4 – Le résultat d’un manque d’affection
Si vous avez ressenti un sentiment de rejet ou un manque d’affection au cours de votre enfance, il est possible que cela ait créé une crainte intense d’aimer. Elle a pu s’ancrer dans votre enfance et ne ressurgir que des années plus tard.
5 – Le sentiment de fragilité né de la peur d’aimer
Aimer quelqu’un nous fait nous sentir vulnérables. En plaçant notre confiance en l’autre dans l’amour, nous nous exposons au danger d’être blessé.e. Nos vulnérabilités sont totalement exposées dans l’amour ce qui est absolument inenvisageable pour les philophobes.
6 – Les nouvelles technologies, nouveau rempart contre l’amour
L’émergence des réseaux sociaux et des applications de rencontres a refaçonné totalement les manières d’aimer, de communiquer et de se séparer. Les relations sont devenues des biens de consommation, facile à obtenir et à jeter ensuite.
De nouveaux comportements amoureux sont nés. Ces derniers nourrissent la toxicité des relations à tous les stades. Par exemple, la pratique du ghosting est très difficile à vivre pour beaucoup. Ainsi, les nouvelles technologies cultivent un terrain fertile pour la philophobie.
Comment la peur d’aimer se manifeste ?
La peur d’aimer peut se repérer dans de nombreux comportements. D’abord, les philophobes mettent inconsciemment en péril leurs relations. Cela passe par la provocation de disputes ou par le fait de toujours trouver des défauts à l’autre. Ensuite, iels ne s’engagent que très rarement dans des relations. Les philophobes parient plutôt sur les relations passagères afin d’éviter l’intimité relationnelle et de devoir se mettre à découvert.
Dans le même esprit, iels rejettent les marques d’affection, sont mal à l’aise lorsqu’on les complimente ou qu’on veut les enlacer. Dans certains cas, les philophobes peuvent avoir des crises de panique, des nausées, des tremblements, une accélération de leur rythme cardiaque ou subir une transpiration excessive. À son point culminant, la peur d’aimer peut mener à des troubles dépressifs voire à un isolement social.
Comment vaincre la peur d’aimer ?
Vous êtes lasse de vivre dans la crainte d’aimer et voudriez être capable de démarrer une nouvelle relation sainement ? Dans le cas d’un trouble psychologique, l’aide d’un.e professionnel.le est la meilleure option à envisager. Il existe différentes thérapies en fonction des symptômes. Vous pouvez avoir recours à une thérapie cognitive. Celle-ci vous aidera à comprendre le processus intellectuel qui vous pousse à rejeter l’affection et le sentiment amoureux.
Dans une thérapie cognitive, ou une psychanalyse, le.a professionnel.le de santé accompagne le.a philophobe dans la compréhension et la déconstruction de ses schémas mentaux néfastes. Vous pouvez également faire appel à une thérapie de désensibilisation affective. Il s’agit là de dépasser sa phobie en simulant des interactions, en se confrontant directement à celle-ci.
Enfin, vous pouvez vous plonger dans un état de conscience modifié pour libérer votre subconscient grâce à l’hypnose. La psychiatre Fanny Jacq recommande « une psychothérapie combinée à une thérapie comportementale et cognitive”, voire à un traitement par EMDR. La thérapie par l’EMDR consiste à travailler sur des troubles émotionnels grâce aux mouvements oculaires.
La peur d’aimer est un véritable trouble qui peut vous gâcher la vie. Mais heureusement, il est possible de s’en sortir et de vivre des relations amoureuses épanouies par la suite.