Au début du mois de novembre, Steve Easterbrook, directeur général de McDonald’s, a été remercié. Le motif ? Il entretenait une relation amoureuse consentie avec une employée. Du coup, on a cherché à savoir si en France, on pouvait être en couple avec son/sa patron.ne sans risquer d’être licencié.e. Voici la réponse.
Que dit le Code du travail français ?
Selon l’article 9 du Code civil, le salarié français a le droit au respect de sa vie privée. Si c’est accepté aux États-Unis, on ne peut pas virer quelqu’un en France à cause d’une relation de couple avec un collègue.
Même s’il constate la relation amoureuse entre deux de ses employés, un patron n’a pas le droit d’intervenir. Comme le stipulent les lois Auroux : « la vie de couple ne relève pas de l’entreprise ». D’autre part, l’employeur ne peut pas insérer de clause dans le contrat de travail interdisant les relations amoureuses au bureau. Cela constitue une discrimination sur la situation de famille selon le Code du travail.
De même, la relation intime n’est pas un motif de licenciement ni de mutation. Un.e salarié.e ne peut donc pas être licencié.e juste pour éviter un scandale. De même, le licenciement n’est pas recevable s’il est fondé sur une liaison amoureuse. Pour autant, peut-on être en couple avec son/sa patron.ne ou un.e employé.e de manière totalement libre ?
Le/la salarié.e doit respecter les limites
Si le patron doit respecter certaines limites, c’est également le cas des deux employé.e.s concerné.e.s, ou bien du patron avec son employé(e) bien sûr.
Si l’employeur estime que cette relation de couple a des effets néfastes sur le travail d’un ou des deux salariés, il peut y avoir des sanctions. C’est aussi le cas s’il estime que cela a un impact négatif sur l’image de l’entreprise ou si les deux salariés sont trop démonstratifs.
Traduction, mieux vaut éviter les disputes de couple à côté de la photocopieuse ou en plein milieu de l’open space ! Attention aussi aux petits moments coquins. Même entre mari et femme, c’est fortement déconseillé au travail. Comme le rappel le Code du travail, c’est le comportement qui est sanctionné, pas la relation amoureuse elle-même.
Être en couple avec son/sa patron.ne ou un.e employé.e : les français plutôt pour
Selon une enquête Ifop publiée en juin 2018, 14% des couples se sont formés au travail. Et d’après cette enquête menée par le cabinet de recrutement Michael Page en novembre 2018, 26% des salariés ont déjà envisagé d’avoir une relation amoureuse au travail. Parmi eux, 62% ont franchi le pas et 38% sont actuellement en couple avec une personne rencontrée sur leur lieu de travail.
Comme vous le voyez, rien ne semble pouvoir arrêter l’amour. Et en virant les employé.e.s ou les patron.ne.s qui se laisseraient tenter, les entreprises font fuir les clients. C’est ce qu’explique Alexia de Bernardy, créatrice de « We box », un programme qui accompagne les entreprises vers plus de flexibilité, au Huffington Post :
Nous sommes dans une ère où l’on souhaite faire entrer l’émotion dans l’entreprise. Les grandes institutions économiques ont fini par comprendre que cela augmentait la productivité. Il s’agit d’une lame de fond qui est en train de transformer culturellement toutes les sociétés. Et là, avec ce que propose McDonald’s, c’est comme un retour en arrière. Où est la valorisation de l’intelligence émotionnelle ou bien des neurosciences, si on licencie quelqu’un pour une relation amoureuse consentie ?
Avez-vous déjà entretenu une relation amoureuse avec un.e collègue de travail ? Pensez-vous que l’on peut être en couple avec son/sa patron.ne ? On vous attend sur nos forums, dans la rubrique Couple pour en discuter.