Les relations amoureuses libres ou ouvertes sont un type de couple qui est non-exclusif. C’est-à-dire que les partenaires restent ensemble – dans le « couple premier » – et s’autorisent mutuellement à avoir des rapports sexuels et/ou amoureux avec d’autres personnes. Ce phénomène, qui s’immisce dans de plus en plus de couples, est victime d’idées reçues, notamment sur la jalousie, la fidélité et le bonheur du couple. On fait le point.
Un phénomène montant chez les millenials ?
En 2019, 1 homme sur 2 aurait été infidèle dans son couple, et 1 femme sur 3 aurait « trompé » son.a partenaire. Une infidélité chez la femme qui aurait augmenté de 20 % en 30 ans. Avec le succès à la rentrée 2021 de plusieurs ouvrages sur la sortie de l’hétérosexualité (de Mona Chollet, Juliet Drouar, etc.), cette année 2022 marque toujours plus une remise en question du couple traditionnel, comprenez « lié à jamais ».
Les relations amoureuses : une définition difficile, des réalités multiples ? On observe en effet, non pas chez les jeunes générations, mais plutôt chez les millenials (individus devenus adultes aux environs de l’an 2000), une ouverture à d’autres modèles, voire à d’autres identités amoureuses.
Qu’est-ce qui motive à aller vers un « couple ouvert » ?
Les motivations à « ouvrir son couple » sont multiples. Cela peut venir d’une remise en question du couple monogame, érigé comme seul modèle valable par la société depuis des générations. Avec cette conviction qu’il y a d’autres modèles, certains couples vont donc expérimenter une vie amoureuse en alignement avec leurs principes et leurs valeurs.
D’autres couples seront motivés par la « compersion », autrement dit, le sentiment éprouvé lorsque l’on se réjouit du bonheur et de la liberté de l’autre. Aussi, un couple peut faire le choix de l’ouverture pour retrouver un désir sexuel mutuel plus vif. Il peut également s’agir d’un désir de ne pas revivre les problèmes d’une précédente relation (mensonge, perte de confiance, inauthenticité). Les personnes ressentent finalement les choses en elles, et choisissent de s’écouter au-delà des normes sociétales.
La jalousie, une preuve d’amour ?
Un grand mythe véhiculé par la culture, les médias et notre société nous apprend que la jalousie est une preuve d’amour, faisant partie intégrante d’une relation amoureuse. Notre partenaire ne tiendrait à nous que si il.elle ressent des émotions négatives à l’idée qu’on puisse être avec un.e autre. Mais cette émotion se fonde sur des préjugés pouvant entraver la liberté individuelle : la relation de couple nous permettrait de posséder l’autre, mais aussi de le contrôler, de manière consciente ou non. Or quand ces émotions deviennent trop présentes, elles peuvent vite devenir toxiques pour le couple (le.a partenaire empêche l’autre de voir ses ami.e.s, fouille ses textos, etc.).
Choisir la relation libre serait alors obligatoirement une façon d’alimenter des sentiments de jalousie. Seulement, un couple monogame n’a jamais mis personne à l’abri de la jalousie, bien au contraire. La solution, lorsque l’on trouve le.a partenaire idéal.e, c’est alors de pouvoir communiquer librement sur ses sentiments de jalousie. Chacun.e doit pouvoir comprendre d’où vient ce sentiment de trahison, d’insécurité ou de danger. Les personnes qui font le choix d’accepter ces émotions, de les partager et de les dépasser, disent s’en être trouvées plus mûres, et plus heureuses.
Les règles pour réinventer le mot « fidélité » dans le couple
La plupart des couples ouverts définissent au préalable des règles de commun accord, qui varient d’un couple à l’autre, et évoluent avec le temps. Certains permettent qu’une seule ou plusieurs relations sexuelles hors du « couple premier », mais aucune relation amoureuse ou affective extérieure. Les rapports sexuels peuvent être limités à une seule fois par personne hors du couple.
Parfois, les relations extérieures ne peuvent pas appartenir au cercle social des deux partenaires principaux : les ami.e.s commun.e.s ou collègues de travail ne peuvent donc pas être choisi.e.s. D’autres fois c’est l’inverse, on ne peut choisir que des personnes que l’on connait.
Certaines personnes veulent tout savoir des relations extérieures, d’autres rien. C’est là qu’on arrive à l’idée reçue selon laquelle on ne peut pas être fidèle dans une relation libre. La relation libre se base simplement sur la redéfinition de la notion de fidélité. Le couple ouvert peut considérer qu’être fidèle dans sa relation consiste à se dire mutuellement avec quel.le.s autres partenaires il.elle.s se mettent en relation. C’est une question de sincérité et de confiance.
La communication et la confiance mutuelle seraient la clé
Une enquête publiée dans Journal of Sex Research a cherché à savoir si ces relations ouvertes fonctionnaient réellement. Pour cela, quatre types de couples ont été interrogés selon la « nature » de leur relation : monogame, ouverte, partiellement ouverte (avec des attitudes plus mitigées à l’égard de la monogamie) et unilatérale (où la non-monogamie du couple n’est acceptée que par un.e seul.e partenaire). Parmi les sondé.e.s, 67,5 % étaient âgé.e.s de 20 à 30 ans et la plupart d’entre eux.lles étaient engagé.e.s dans une relation longue durée (4 ans et demi en moyenne).
Résultats ? La qualité des relations était plus élevée dans les couples monogames et les couples ouverts. Les membres de ces groupes ont notamment signalé des niveaux plus faibles de solitude et de détresse psychologique que les autres, et des taux élevés de satisfaction sexuelle. Selon les chercheur.se.s, cette qualité de la relation induisait un bon niveau de communication et de confiance mutuelle.
« Nous savons que la communication est essentielle pour tous les couples. Mais elle l’est peut-être encore plus pour les non-monogames, car ils doivent relever les défis supplémentaires que représente le maintien d’une relation qui sort des normes dans une culture dominée par la monogamie », explique Ronald D.Rogge, professeur assistant en psychologie et co-auteur de l’étude.
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