Cette nouvelle tendance de dating va vous réconcilier avec l’amour

Pendant longtemps, sur le marché des coeurs à prendre, les célibataires ne recherchaient pas forcément l’idylle de leur vie ni une romance Shakespearienne passionnée. Plutôt des relations fugaces sans lendemain pour s’amuser. Les âmes libres étaient plutôt du genre volage, à papillonner à droite et à gauche. Mais force est de constater que les habitudes sont en train d’évoluer. Désormais, la « slowmance » met l’accent sur l’intimité émotionnelle et les échanges profonds. Sur le même principe que le mode de vie « slow life », elle invite à prendre le temps de se connaître et à ralentir la cadence du jeu de séduction. Cette tendance sentimentale en devenir est d’ailleurs le nouveau crédo de la communauté LGBT+. Aux antipodes des rencontres de surface qui ne creusent pas plus loin que le « salut ça va », la slowmance vous initie à des rencards plus intenses et spirituels.

La slowmance, une pratique qui séduit la communauté LGBT+

Le lexique sentimental s’agrandit perpétuellement. Après le cuffing, le snow storming, le cookie jarring et d’autres termes anglo-saxons suivis du « ing », un nouveau mot s’intègre au dictionnaire du cœur : la slowmance. Contrairement à la majorité des anglicismes classés dans les « red flags« , celui-ci illustre une tendance saine et inspirante. La contraction « slowmance » possède la même racine que le mouvement « slow life » et le concept de voyage « slow travel ». Pas étonnant puisque cette pratique amoureuse prône aussi la lenteur. La slowmance va à l’encontre des relations au rythme effréné qui ne laissent pas de place à la découverte de l’autre.

Au lieu d’avoir des romances expéditives qui se trament à vive allure et qui lassent plus qu’elles n’enflamment, la slowmance revendique des tête-à-tête beaucoup plus empathiques et humains. Elle fait d’ailleurs foi chez la communauté LGBT+, qui semble écoeurée par les histoires « éclairs » et les dates superficiels. C’est en tout cas ce que révèle une étude à l’initiative de l’application de rencontres Hinge. D’après ce sondage mené auprès de 14 000 inscrit.e.s, 50 % d’entre elleux déclarent vouloir prioriser la proximité émotionnelle .

Aux oubliettes donc les coups d’un soir lors desquels on retient à peine le prénom de la personne contre qui on colle son corps. Exit également les relations fugaces qui se concluent aussi vite qu’elles ont débuté. Place désormais aux échanges constructifs où l’on se révèle sans fard avec ses forces et ses failles. La slowmance est l’antithèse même des liaisons passagères et des histoires hâtives. Elle favorise la qualité plutôt que la quantité. Ce qui est plutôt louable à une époque où la drague 2.0 est semblable à un sprint.

Une romance plus lente qui valorise l’intimité émotionnelle

Les adeptes de slowmance prennent le temps de se connaître, se montrent clairs sur leurs intentions, posent des limites dès le début et pratiquent grandement l’écoute active. Iels concrétisent les rencontres physiques dans un café cosy, qui offre plus d’intimité qu’un bar bruyant et bondé de monde. Iels privilégient la lenteur, la patience et la construction progressive de la relation. D’ailleurs, iels ne se contentent pas de parler de la pluie et du beau temps comme il est souvent coutume de le faire. Iels ne se font pas non plus des courbettes à tout va pour fuir les sujets « sérieux ». D’emblée, iels évoquent leurs projets de vie, leurs valeurs et leurs intérêts. Bref, iels se mettent à nu, mais en douceur.

La slowmance induit également d’admettre sa part de vulnérabilité et de ne pas seulement se montrer sous son meilleur jour. L’idée est aussi de s’intéresser réellement à l’autre. De fouiller au-delà du « c’est quoi ton parfum de glace préféré ». Le date ne s’apparente plus à un monologue égocentré mais à un dialogue enrichissant, propice à la connexion émotionnelle. La slowmance est une pratique qui donne de l’espoir dans ce monde individualiste où le « moi je » est devenu un refrain tristement commun.

Si elle plaît autant à la communauté LGBT+, c’est également parce qu’elle permet une certaine transparence. Après quelques guet-apens orchestrés sur des applis de rencontres, les minorités sont plutôt méfiantes lorsqu’elles flirtent en ligne. Elles ont besoin de se sentir en confiance et proches de leur match avant de passer à l’étape supérieure.

« Les rencontres peuvent être particulièrement complexes pour les homosexuels pour de nombreuses raisons. Opter pour une slowmance aide les dateur.se.s LGBTQIA+ à cultiver l’intimité émotionnelle et à construire les bases solides nécessaires pour naviguer dans ces complexités », explique Moe Ari Brown, expert en relations amoureuses chez Hinge

Une tendance sentimentale saine à prendre en exemple

En général, lorsqu’un mot émerge dans l’abécédaire romantique, il est accroché à une définition assez peu éloquente. Les tendances amoureuses toxiques y fleurissent en masse. Entre le summer shading, qui consiste à se mettre en couple seulement les deux mois estivaux, ou le flexting qui vise à falsifier son identité sur les applis de rencontres pour « frimer » et avoir un profil rutilant, elles sont toutes chargées de mauvaises intentions. La slowmance, elle, fait figure d’exception. C’est l’une des rares pratiques amoureuses recommandables.

D’ailleurs, elle présente de nombreux avantages. En éliminant l’urgence et les attentes immédiates, elle soulage la pression des premiers rendez-vous en face à face. Elle encourage à une communication ouverte, authentique et sans porte de derrière. En fait, la slowmance est intrinsèquement liée au développement personnel et à la santé mentale. Elle se traduit par des activités partagées, des rencontres sans distractions (adieu le téléphone) et des petits moments de qualité vécus dans la simplicité la plus plate. Le but n’est pas de « prouver » ou de faire une démonstration de romantisme, mais bien de se mettre au diapason avec l’autre. La slowmance prévoit des prolongations jusqu’à ce que la flamme naisse et ne soit pas simplement de petites braises.

La slowmance est un savant mélange de complicité, de langueur et de bienveillance. Soit les ingrédients essentiels pour démarrer une relation sur des bases saines. De quoi retrouver goût en l’amour. 

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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