Swiper de gauche à droite pour trouver l’âme soeur est presque devenu un réflexe naturel. À l’ère du tout numérique, beaucoup de célibataires pensent que l’amour se niche entre les pixels, derrière ces icônes en forme de flamme, de pêche ou de « e » soudé en coeur. C’est peut-être votre cas. Au début, vous vous inscrivez sur les applications de rencontre sous la menace de vos amies, mais après une brève initiation, vous finissez par y prendre goût. Tant et si bien que ces rencontres en ligne ont plus des airs de « casting » que de « dating ». Si vos pouces cliquent machinalement sur les applications de rencontre, avant même les réseaux sociaux et l’appli météo, peut-être que vous êtes accro. Mais pourquoi avez-vous tant de mal à vous en passer ? Décryptage d’une addiction moderne qui touche plus de cœurs que vous ne l’imaginez.
Un coup de foudre… pour la dopamine
Vous avez rejoint les applications de rencontre un peu sceptiques. Mais à défaut de trouver l’amour au coin de la rue ou entre les étagères de la bibliothèque comme dans les séries, vous avez décidé de vous créer un compte « par curiosité ». Il faut bien l’avouer, c’est un peu la solution de facilité. Pas besoin d’attendre qu’un bellâtre vous tende sa main au bal dominical ou qu’un inconnu vous invite à boire un verre pour espérer passer le reste de vos jours à deux. Vous avez juste à lever le petit doigt et l’amour vient à vous (ou presque).
Aux prémices de votre inscription, vous faites preuve de prudence et une semaine plus tard vous choisissez les profils de vos prétendants comme vous le faites avec les fruits et légumes du marché. Et vous ne savez pas comment l’expliquer, mais lors de votre lèche-vitrine sentimental, vous êtes dans un curieux état d’euphorie.
Chaque match, chaque message reçu, chaque petit cœur qui s’affiche sur votre écran déclenche une réaction chimique bien connue : la libération de dopamine. Ce neurotransmetteur, aussi appelé « hormone du plaisir », est le même qui intervient lorsque vous mangez du chocolat ou recevez un compliment. C’est ainsi que votre consommation récréative et modérée des applications de rencontre a viré à l’addiction.
« C’est le même produit chimique libéré lorsque vous avez des relations sexuelles ou que vous gagnez quelque chose. Cela peut vous détendre et vous exciter », précise Zoe Mallett, psychologue et consultante culturelle, à la BBC
L’illusion du choix infini
Les applications de rencontre ne sont ni plus ni moins des catalogues « déguisés ». Dans le lot, vous vous dites que vous allez forcément tomber sur le bon à un moment ou un autre. Sur Tinder, Bumble ou Hinge, une seule règle semble dominer : plus vous swipez, plus vous avez de chances de trouver la perle rare, « l’élu ». Deux scénarios possibles. Soit vous finissez par ne plus y croire, soit, au contraire, vous y mettez toute votre énergie et vous sombrez dans la course à la perfection.
En ayant constamment de nouveaux profils à portée de main, vous pouvez facilement vous dire que quelqu’un de « mieux » vous attend au prochain swipe. D’ailleurs, les chiffres parlent d’eux-mêmes, 52 % des hommes et 46 % des femmes pensent que, sur les sites et les applis de rencontre, on peut toujours trouver quelqu’un de mieux en continuant à chercher. Avec un tel état d’esprit, l’addiction aux applications de rencontre ne tarde pas à poindre.
Les applis de rencontres vous manipulent
Vous l’ignorez certainement, mais ces applications de rencontre que vous voyez comme des « Cupidon attitrés » vous manipulent. Ce n’est pas un hasard si vos pouces pointent toujours en leur direction et si vous passez plus de temps à lire des descriptions Tinder que des romans d’auteur. Ces plateformes sont conçues pour créer une dépendance. Leur fonctionnement repose sur des mécanismes psychologiques empruntés aux jeux d’argent et aux réseaux sociaux : le système de récompense aléatoire.
Les algorithmes de ces applications sont programmés pour vous garder active le plus longtemps possible. Ils vous montrent certains profils stratégiquement, vous font attendre avant de révéler vos matchs et peuvent même cacher certaines personnes qui auraient pu vous plaire pour vous inciter à rester et à poursuivre votre quête. Tinder excelle dans cet art. Tout est calculé. Vous pensez peut-être que ce bel Apollon au sourire hollywoodien a atterri sous vos yeux par hasard ? Détrompez-vous.
« Tinder joue sur le fait que notre cerveau ne peut pas s’empêcher d’évaluer le degré esthétique d’une personne que l’on voit. Notre cerveau est paramétré pour repérer et se rapprocher de ce qui est beau, qu’on le veuille ou non. Et quand nous le trouvons, c’est pour nous une récompense », explique Antoine Géraud, love coach
Comment reprendre le contrôle ?
Si vous avez une addiction aux applications de rencontre, sachez que vous pouvez vous sevrer. Vous pouvez glisser votre appli préférée dans la corbeille, mais vous risquez de ressentir de la frustration et de retomber dedans illico presto. Voici comment prendre vos distances avec ces « fast-foods de l’amour ».
- Fixez-vous des limites : au lieu de scroller sans fin, essayez de vous accorder un temps défini (par exemple, 20 minutes par jour) sur les applications.
- Posez-vous les bonnes questions : utilisez-vous ces apps pour rencontrer quelqu’un sincèrement ou juste pour vous distraire ?
- Osez la rencontre réelle : dès qu’une connexion semble prometteuse, proposez un rendez-vous rapide pour éviter de tomber dans l’échange de messages interminable qui ne mène nulle part.
- Désactivez les notifications : pour éviter la tentation de cliquer dès qu’une alerte apparaît, mettez votre téléphone en silencieux ou supprimez les apps quelques jours pour voir si elles vous manquent vraiment.
En général, vous ne la voyez pas venir. L’addiction aux applications de rencontre est insidieuse. Vous n’avez pas l’impression d’en abuser. Pour en avoir le coeur net : essayez de vous en passer un jour. Si vous êtes accro, vous n’allez pas tenir deux heures.