Pour une nouvelle enquête, l’Ifop a interrogé les Français.es sur leurs rapports aux cadeaux et plus particulièrement aux cadeaux de Noël. Il s’avère qu’en dépit des joies de passer un moment magique en famille ou entre ami.e.s, offrir des présents est une source de stress pour plus de 7 sondé.e.s sur 10.
Les raisons sont multiples. La moitié a peur de ne pas trouver le bon cadeau, et certain.e.s angoissent à l’idée de manquer de temps ou d’argent avant la date fatidique du 24-25 décembre. Ces cadeaux agissent également comme des marqueurs de différences socio-culturelles et économiques entre les Français.es. Explications.
Les cadeaux de Noël, sources de stress pour 77 % des Français.es
La magie de Noël ne vient pas sans ces inconvénients. Qui dit Noël dit aussi la préparation du repas, de l’arrivée de toute la famille, et donc aussi des cadeaux pour chacun.e ! Tout ceci implique une charge mentale assez lourde, qui touche le plus souvent les mères de famille. Et ce phénomène se traduit dans les chiffres du dernier sondage révélé par l’Ifop. En effet, plus de 7 Français.es sur 10, (77 %) se sentent stressé.e.s à l’idée d’acheter des cadeaux de Noël.
Entre l’envie de trouver un cadeau qui va plaire et le besoin de rester dans le budget et dans les temps, nos compatriotes ont de multiples raisons d’angoisser. L’enquête qui le prouve a été commandée par le site comparatif LesDenicheurs.net, et réalisée en novembre dernier par l’Ifop. Elle a sondé 1012 personnes âgées de 18 ans et plus, représentatives de la population française, afin de découvrir leur rapport aux cadeaux de Noël à l’approche des fêtes de fin d’année.
Trouver une bonne idée de cadeau, à temps, de manière éthique…
Alors qu’est ce qui angoisse le plus les Français.es à l’idée d’offrir des cadeaux de Noël à leurs proches ? En première raison, pour plus de la moitié des sondé.e.s (58 %), c’est la peur de ne pas trouver une bonne idée de cadeau. Ce qui représente 13 % de plus que l’année dernière. La moitié des Français.es (52 %) ont également déjà ressenti de la honte à cause des cadeaux qu’ils allaient offrir à leurs proches. Pour 30 %, il y a surtout une crainte de passer pour quelqu’un de « pingre », ou pour quelqu’un qui fait des cadeaux sans prendre le temps adéquat (31 %).
Ensuite, 38 % des Français.es redoutent de manquer de temps pour acheter le cadeau avant l’échéance du 24-25 décembre. Aussi, pour 36 %, il existe une crainte par rapport à la rupture de stock. En effet, avec la pandémie et ses confinements successifs, les chaînes de production et d’approvisionnement ont été fragilisées. Pour autant, il n’a pas été observé une ruée dans les magasins. L’essentiel des Français.es ont continué à faire leurs achats en décembre (48 %).
Enfin, pour 34 % des sondé.e.s, ce sont les questions éthiques, et notamment écologiques que soulèvent l’achat de certains cadeaux qui posent problème. Rien que leurs emballages sont hautement polluants ; chaque année, ils sont à l’origine de 20 000 tonnes de déchets en France. Et on ne parle même pas des ravages de la production en masse de cadeaux en plastiques désignés juste pour les fêtes de fin d’année. Mais cette année, les Français.es sont 13 % de plus que l’année dernière à se préoccuper de l’empreinte environnementale de leurs cadeaux.
Le cadeau de Noël, un objet sociologique
Pour Thomas Pierre, chargé d’études à l’Ifop, le cadeau de Noël n’est pas si anodin. Il représente un objet sociologique, soumis à des critères sociaux culturels et économiques. C’est-à-dire que ces cadeaux sont des marqueurs de différences entre les Français.es. Tout d’abord, Thomas Pierre pointe un clivage de genre.
« Les femmes offrent plus de cadeaux, cela les stresse plus, elles culpabilisent plus de ce qu’elles offrent que les hommes, par conséquence s’organisent plus. Cela donne à voir l’injonction pour les femmes de gérer cet instant en plus de la vie familiale « classique ». C’est une composante sous-estimée de leur charge mentale. »
Ensuite, les cadeaux seraient vus différemment selon les générations. En effet, l’étude a observé que les plus jeunes offraient plus, et se préoccupaient plus d’offrir un bon cadeau. Les 18-24 ans sont aussi plus nombreux.ses à offrir des cadeaux à leurs ami.e.s. Cela traduit premièrement leur plus grand réseau de sociabilité, mais aussi « une plus grande sensibilité aux sirènes de la société de consommation ». Par ailleurs, offrir quelque chose marque aussi leur « volonté de renforcer leur statut « d’adultes » en montrant qu’ils sont aussi capables d’offrir de beaux cadeaux. »
« Enfin, apparait logiquement un clivage économique majeur. Les plus pauvres vont offrir moins de cadeaux, craignent plus de passer pour « pingre » ou de ne pas avoir bon goût, ont bien plus recours à des moments de « soldes » comme le Black Friday. Il y a bien chez eux la mise en place de solutions pour concilier petit budget et satisfaction à apporter à leurs proches », explique Thomas Pierre
Si les cadeaux sont sources de stress, on dirait bien que pour les Français.es, le cadeau de Noël est tout de même un passage obligatoire. Pas moins de 90 % des sondé.e.s disent envisager acheter des cadeaux à leurs proches.
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