Le constat est sévère. Notre société moderne est rongée par l’âgisme et les personnes âgées en sont les premières victimes. Privée de travail, de soins médicaux, de rôle dans l’industrie du cinéma… elles se sentent exclues et démunies. Car si l’âge n’est qu’un chiffre, il catégorise pourtant, les personnes. Pour reprendre le sociologue français Pierre Bourdieu, « la frontière entre jeunesse et vieillesse est dans toutes les sociétés un enjeu de lutte », un enjeu de représentation. Bonne nouvelle, elles prennent leur revanche !
Qu’est-ce que l’âgisme ?
Le mot âgisme a été inventé par le psychiatre et gérontologue américain, Robert Butler, en 1969. Il le définit au départ, par un ensemble de stéréotypes et de discriminations que subissent les personnes âgées.
Depuis, son sens s’est élargi pour s’appliquer aux préjudices fondés sur l’âge. Aujourd’hui, il s’agit d’empêcher des individu.e.s soi-disant trop vieux.ielle, ou trop jeunes, d’accéder à un service, une activité, une prestation…
L’âgisme touche les vieux.ielles et les plus jeunes
Depuis la crise sanitaire, l’âgisme sur les jeunes et personnes âgées a pris plus d’ampleur dans notre société. En effet, un rapport publié en mars 2021 par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), le Département des affaires économiques et sociales (DESA) du Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), a révélé une augmentation des discriminations et des préjugées sur les personnes âgées et jeunes. Dans certains cas, l’âge a été le seul critère pour déterminer l’accès aux soins médicaux et aux traitements d’importance vitale.
En effet, une revue systématique menée en 2020 a montré que, dans 85 % des 149 études couvertes, l’âge avait servi à déterminer les bénéficiaires de certains actes médicaux. Cette même étude souligne notamment, que les jeunes adultes sont particulièrement désavantagé.e.s et discriminé.e.s dans la recherche d’emploi, la santé, le logement et la politique.
Les personnes âgées fortement touchées
Dans notre société moderne et jeuniste, les personnes âgées sont fortement touchées par l’âgisme. Iels trouvent de plus en plus de difficulté à accéder un emploi, à des formations ou à l’éducation. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes. Une étude menée en ligne en juillet 2021, par Pôle emploi et Apec montre un énorme écart d’obtention d’emploi entre les cadres juniors et seniors.
En effet, 48 % des cadres demandeur.se.s d’emploi accèdent à un poste au cours des six mois suivant leur inscription sur les listes de Pôle emploi. Contre seulement, 29 % pour les cadres seniors de 55 ans et plus. Un chiffre significatif qui montre l’impact de ce fléau sur l’ancienne génération.
« L’âge peut être perçu par les recruteur.se.s comme un marqueur de moindre souplesse et de moindre réactivité. Ces dernier.ère estiment que les seniors ont plus de mal à s’adapter face aux évolutions du monde de l’entreprise et au besoin d’adaptabilité et d’acculturation rapide recherchées », souligne l’étude
Le cinéma touché par l’âgisme
Les femmes, surtout celles plus âgées, en prennent un coup, même dans le cinéma ! Si l’âgisme se répand de plus en plus dans les entreprises, il ne se détourne pas de l’industrie du cinéma. En effet, bien que les femmes représentent 52 % de la population française, dans le cinéma, elles ne comptent que pour 39,8 % des personnages, selon une enquête du Collectif 50/50. 38 %, pour le rôle de personnage principal. Contre 60,2 % d’hommes.
Des pourcentages accablants illustrant pleinement les inégalités. En outre, les femmes âgées sont les premières touchées par ces inégalités et ces discriminations. En effet, seuls 12 % des personnages principaux entre 50 et 64 ans sont représentés.
Mais fort heureusement, les mentalités évoluent et plusieurs actrices dénoncent cette invisibilisation. Comme le fait si bien l’actrice, productrice et scénariste américaine Geena Davis.
« Dans l’imaginaire collectif, la femme vieillissante est souvent rejetée. Elle effraie, surtout si elle est veuve et émancipée. Elle est assimilée à la figure dangereuse de la sorcière : cheveux sales, monstrueuse », explique la journaliste et essayiste suisse Mona Chollet à The Conversation
L’âgisme ronge les personnes
Comme vous avez pu le lire, l’âgisme est bel est bien présent dans notre société. Il illustre même une peur inconsciente de vieillir et de sentir rejeter et inutile, dans une société d’hyper-activité et d’hyper-production. Mais ces discriminations ne sont pas sans conséquences. Elles ont des effets négatifs tant au niveau psychologique, que comportementale.
Face à ces préjugés, les personnes âgées peuvent notamment sombrer dans l’isolement social et la solitude. Ce qui baisse leur qualité de vie et peut malheureusement, amené à leur mort prématurée. Sur le plan psychologique, les stéréotypes peuvent accentuer le stress. Puis, d’un point de vu comportemental, les préjugés sur le vieillissement font que les personnes adoptent des comportements moins propices à la santé, par exemple en ne prenant pas les médicaments qui leur sont prescrits.
L’âgisme est un fléau dans notre société, agissons pour lutter contre les discriminations et les inégalités !