À l’évocation des Jeux Olympiques 2024, les mêmes visages se dessinent dans les esprits. Celui de Teddy Riner, le judoka multi-récompensé ou encore d’Antoine Dupont, capitaine du XV de France. Deux personnages qui jouissent d’une belle vitrine médiatique. Pourtant, ce ne sont pas les seuls atouts de la France. Alors que la liste des athlètes paralympiques s’est dévoilée il y a peu, des figures encore méconnues du grand public placent également toutes les chances du côté tricolore. Même si ces jeux « parallèles » peinent à se démocratiser sur les écrans, ils procurent autant de frissons que les classiques, si ce n’est plus. Faites plus ample connaissance avec ces 7 athlètes paralympiques, en lice pour les JO 2024 et voyez combien iels sont méritant.e.s.
Pauline Déroulède, tennis-fauteuil
Elle dit que le sport de haut niveau l’a sauvée. En octobre 2018, alors que Pauline était à l’arrêt sur son scooter, accolée au trottoir, une voiture « folle » lui fonce dessus et la percute de plein fouet. Le conducteur avait perdu le contrôle de son véhicule. À la suite de cet accident de la route, Pauline a dû se faire amputer de la jambe gauche. Au-delà de se faire la voix de la sécurité routière, la trentenaire désormais condamnée à vivre avec une jambe de substitution, se fait une promesse : participer aux jeux paralympiques de Paris 2024.
La rage au corps et la soif de revanche dans la raquette, elle brillera sur les Courts l’été prochain. Sa passion pour le tennis était là bien avant le drame, mais elle le pratiquait plutôt en tant qu’amatrice. Depuis l’accident, ce qui n’était qu’un loisir s’est transformé en priorité, en combat personnel. Inscrite parmi les athlètes paralympiques, elle défendra fièrement les couleurs de la France pour ces JO 2024.
Laurent Chardard, para-natation
Lui aussi a frôlé la mort de près. En août 2017, Laurent chassait la vague dans l’eau azur de la Réunion lorsqu’un requin a surgi et l’a pris pour cible. Il a essayé de se débattre pour s’extirper des dents acérées de l’animal, mais il n’en est pas sorti indemne, loin de là. Une fois sur le sable, il se rend compte de l’ampleur des dégâts corporels. Son bras et sa jambe droite ne sont plus que de la charpie. Une scène d’horreur qu’il n’oubliera jamais.
Pourtant, cet événement tragique ne l’a pas éloigné de l’eau, il l’en a rapproché. Il passe certainement plus de temps la tête dans les bassins que sur la terre ferme. Seulement trois ans après l’attaque, Laurent empochait deux médailles aux Championnats du Monde de Londres en 2019. Véritable furie aquatique, il se qualifiait aussi pour les Jeux Paralympiques de Tokyo en 2021. En juillet, il concourra à domicile, parmi les athlètes paralympiques en lice pour les JO 2024. Et il ne risque pas de repartir les mains vides…
Gloria Agblemagnon, lancer de poids
Parmi les athlètes paralympiques qualifiés pour les JO 2024, figure aussi Gloria Agblemagnon, une force de la nature. Elle fait partie des meilleures lanceuses de poids du monde. Elle s’est initiée à ce sport au collège et pour elle cette discipline était un exutoire. Déclarée déficiente intellectuelle, elle a beaucoup souffert des critiques et du regard moqueur de ses camarades.
Désormais, elle brille le poing levé (au sens propre comme figuré). La jeune femme, seulement âgée de 26 ans, a déjà eu plusieurs médailles autour du cou dont une en or aux Championnats du monde dédiés aux athlètes ayant un handicap mental (INAS). Insatisfaite de sa performance aux Jeux de Pékin en 2020, elle entend bien rafler l’or et honorer les couleurs tricolores pour ces JO.
Manon Genest, saut en longueur
Les athlètes paralympiques en route pour les JO 2024 n’ont pas tous un handicap de naissance. Certains comme Manon le sont devenus dans des circonstances tragiques. En 2015, elle est victime d’un accident de voiture. Tout son flanc gauche se retrouve alors parallélisé. Elle passe cinq mois entre les murs d’un centre de rééducation. Un lieu où elle s’éprend d’affection pour le parasport. Avant d’être physiquement « réduite », Manon avait déjà des bases solides. Avec seize ans de natation à son actif et quelques pas dans les arts martiaux, elle était bien armée pour continuer sa progression, handicap ou non.
Un an seulement après son accident, Manon s’érigeait sur les podiums en tant que championne du monde de paratriathlon. À force de persévérance, d’entraînement et de sueur au front, elle a réussi à exploser ses records personnels. Ce qui lui a valu une place aux Jeux Paralympiques de Tokyo. L’an dernier, elle a remporté la médaille de bronze lors des championnats du monde de Paris, au Stade Charléty, se surpassant une fois de plus. Les JO 2024 se présagent donc plutôt bien.
Cédric Nankin, rugby-fauteuil
Baptisé « la machine », le défenseur de l’équipe de France de rugby-fauteuil est redoutable sur le terrain. Imposant par sa carrure et intelligent par son jeu, Cédric Nankin est un barrage humain à lui seul. Ses adversaires tremblent rien qu’en le voyant au milieu du terrain. Pourtant, à la base, il ne se prédestinait pas à ce sport frontal du ballon ovale. C’est par l’intermédiaire de son ami Ryadh Sallem, qui est désormais son coéquipier, qu’il a mis une roue dans ce sport.
Souffrant d’une agénésie congénitale, soit une absence de formation des membres de son corps, il n’a pas d’avant-bras et des jambes qui s’arrêtent au niveau des cuisses. Même si ces débuts ont été un peu fébriles, il a désormais une carrière sportive riche. Projeté au sommet du sport paralympique de haut niveau, il a vaillamment défendu sa place lors des jeux de Rio et de Tokyo. Il évoluera, au collectif, sur le parquet des JO 2024.
Nantenin Keïta, sprint
Nantenin Keïta est la fille du célèbre musicien malien Salif Keïta. Père duquel elle a hérité son albinisme. Une particularité physique qui la prive, en partie, d’un précieux sens : la vue. Avec 0,7 à un œil et 0,8 à un autre, elle a un épais voile de fumée devant les yeux, ce qui l’oblige à concourir dans la catégorie paralympique. Même si elle ne distingue pas la piste d’athlétisme, elle la connaît par cœur.
Il faut dire qu’elle y use ses semelles à longueur de journée. Au gré de ses performances, la jeune femme semble avoir des ressorts sous les pieds. D’ailleurs, elle est multi-médaillée. Elle a raflé des titres à Pékin en 2008, Londres en 2012 et Rio en 2016. C’est l’une des athlètes paralympiques les plus prometteuses des JO 2024.
Valentin Bertrand, saut en longueur
Valentin Bertrand est un sportif touche-à-tout. Le Francilien, né avec une hémiplégie, est paralysé à 50 % de la jambe et du bras droit, mais il fait du sport comme quelqu’un de « valide ». D’ailleurs, il s’est essayé à plusieurs activités, dont le tennis, le football et le ski avant de tomber en amour pour l’athlétisme. Sa carrière prend un tournant alors qu’il est à peine majeur. Après s’être familiarisé avec les pistes et les bacs à sable, il entame ses premiers mondiaux à Lyon en 2013.
Quelques années plus tard, il foule les pistes des jeux Paralympiques de Tokyo, mais c’est en 2023 qu’il est « consacré » et qu’il grimpe enfin sur le podium. Aux Mondiaux de para athlétisme, qui se sont tenus au stade Charléty à Paris, il décroche la médaille de bronze. Un bond phénoménal dans son parcours. Valentin Bertrand n’entend pas s’arrêter là. C’est un énième visage de l’espoir parmi les athlètes paralympiques en lice pour les JO 2024.
Ces athlètes paralympiques qui brillent dans l’ombre des « célébrités » auront plus de visibilité pour ces JO 2024. L’information est assez rare pour être soulignée : les Jeux Paralympiques de Paris seront retransmis dans plus de 160 pays. Toutefois, en parallèle, les questions d’accessibilité, elles, demeurent. Surtout dans une capitale où seuls 9 % des stations de métro sont praticables par des personnes à mobilité réduite…