En avril dernier, à Sydney, un homme de 40 ans a fait 6 morts et plusieurs blessés lors d’une attaque aux couteaux qui a choqué le monde entier. L’assaillant avait les femmes en ligne de mire. Même constat alarmant à New York, où un homme donnait des coups de poing à toutes les femmes qui croisaient son chemin. Cette haine des femmes quasi symptomatique se déporte bien au-delà des frontières et commence à contaminer la France. Le 21 mai dernier, à Bordeaux, les autorités ont déjoué une attaque violente qui ciblait essentiellement des femmes. Le coupable, qui projetait d’organiser une « tuerie de masse », fait partie des incels. Ce groupuscule masculiniste, qui veut la peau des femmes, met de plus en plus à exécution ses pensées radicales. Ce qui pourrait expliquer la hausse des attaques de masse contre les femmes.
Une attaque masculiniste déjouée à Bordeaux, un signe d’alerte
Les images de l’attaque à Sydney ont heurté bien au-delà du périmètre australien. En avril dernier, un homme s’était élancé comme une furie à l’assaut des femmes dans un centre commercial de la capitale. Couteau brandi, il avait fait six victimes dont cinq étaient de sexe féminin. Dans sa course folle, « il s’est concentré sur les femmes et a évité les hommes », a déclaré Karen Webb, commissaire de police de Nouvelle-Galles du Sud au média ABC. Même si 15 000 km séparent la France de l’Australie, cette hostilité envers les femmes se traduit aussi à domicile. Le mardi 21 mai, un homme a été interpellé et placé en garde à vue pour apologie du crime. Il prévoyait de commettre une tuerie de masse pour « éliminer » essentiellement des femmes.
Une offensive qui était censée survenir lors du passage du relais de la flamme olympique à Bordeaux, événement qui implique forcément un brassage humain. Mais plus qu’une simple foule visée au hasard, le suspect voulait diriger le tir en direction des femmes. C’est un message publié sur le net qui a donné l’alerte et permis d’éviter ce drame. L’homme, inconnu des services de police, y faisait référence à la tuerie de masse en Californie le 23 mai 2014. Cette attaque avait fait six morts et quatorze blessés à l’époque. Le tueur, Elliot Rodger, vu comme le disciple des incels, était complètement lobotomisé par cette aversion des femmes. C’est ce qui l’a fait passer à l’acte.
Selon le compte-rendu du parquet, le Girondin mis en examen serait partisan, lui aussi, de la mouvance incel, cette communauté d’hommes qui se regroupent en ligne pour dire du mal des femmes et propager une parole ultra-misogyne. Si, jusqu’à maintenant les actes de violence envers les femmes étaient plutôt isolés, désormais cette animosité s’exprime à plus grande échelle. En 1989, le premier féminicide de masse éclatait dans la salle C-230.4 de l’École polytechnique de Montréal. 35 ans après, les attaques de masse contre les femmes planent dangereusement. Évoquées dans les bas-fonds d’internet, elles sont bien plus que des mots de menace laissés sur des forums virilistes.
D’autres faits similaires recensés aux quatre coins du globe
Aucun pays n’échappe à ce fanatisme patriarcal. Si les attaques de masse contre les femmes semblent assez récentes, en réalité, ce fléau est rampant et les modes opératoires cruels. Chaque année, le Pakistan recense ainsi une centaine d’attaques à l’acide, perpétrées contre les femmes. Considérés comme des châtiments par ceux qui les commettent, ces actes barbares sont presque devenus des « rituels ». Défendus en « crimes d’honneur familiaux », ils illustrent toute cette férocité envers la gent féminine.
Si ce terrorisme misogyne prend de l’ampleur et hisse chaque femme en proie potentielle, il s’est d’abord construit aux États-Unis. Le pays a d’ailleurs vu éclater près de dix fusillades de ce genre en 30 ans. En avril 2018, à Toronto, un homme a foncé à pleine vitesse sur des passants avec une voiture bélier. En 2020, toujours dans la même ville, un jeune homme a suivi les pas de son prédécesseur et attaqué trois personnes à la machette dans un salon de massage. Autant de scènes d’horreur et de vie ôtée, dans le seul but de « punir les femmes ». Les « monstres du patriarcat » rôdent en nombre au milieu des pixels et investissent désormais les rues, prêts à sauter au cou de leurs homologues féminines.
Dernièrement, les attaques de masse contre les femmes se sont intensifiées. En mars dernier, plusieurs femmes ont subi des coups de poing sauvages en pleine rue à New York. Certaines ont même raconté leurs histoires glaçantes sur TikTok. C’était le cas de Halley Kate McGookin, une influenceuse américaine. Elle avait le nez dans ses mails quand un homme l’a violemment frappée au visage. « J’en suis tombée au sol », racontait-elle dans une vidéo. De cette embuscade, elle a hérité un œdème de la taille d’une balle de ping-pong. Les femmes, déjà en hypervigilance lors de leurs sorties, doivent redoubler de vigilance.
La montée en puissance des « incels », ces hommes anti-femmes
Les attaques de masse contre les femmes, les incels en font la promotion sur leur groupe internet. Ces hommes, qui se réunissent en meute derrière des forums « confidentiels », prennent un malin plaisir à cracher leur venin sur les femmes et à les descendre plus bas que terre. Leur hobby ? S’acharner contre les femmes, sans raison apparente. Selon eux, elles sont toutes responsables de leur situation sentimentale miséreuse. « Incels » est d’ailleurs la contraction de « involuntary celibates » (célibataires involontaires). Les incels font souvent parler d’eux dans des situations morbides.
Ce mouvement, né en Amérique du Nord à la fin des années 90, compte de plus en plus de « fidèles ». Sur des plateformes secrètes, devenues leur lieu de rassemblement 2.0, ils se défoulent en insultant les femmes et en faisant l’éloge du viol. Si au départ, les incels se retrouvaient entre « mâles » pour se rassurer dans leur « malheur sexuel », aujourd’hui ils tiennent des revendications bien plus sinistres. Ils prêchent des théories masculinistes complètement lunaires et font de leur « mal-être masculin » un prétexte pour maltraiter les femmes. Entraînés dans cette spirale par des gourous cachés sous le titre de « coach en séduction », certains muent en terroriste misogyne.
Ces attaques de masse contre les femmes pourraient bien toucher la France si les réseaux d’incels ne sont pas rapidement démantelés… Les chiffres parlent d’eux-mêmes. 37 % des hommes estiment que le féminisme menace leur place dans la société. Alors « pour exister », les plus diaboliques d’entre eux en viennent à l’impensable.