De prime abord, le site Vinted semble plutôt être un lieu sûr. Il consiste simplement à se débarrasser des vêtements superflus de sa garde-robe et à en acquérir d’autres, d’occasion. Rien de bien risqué. Cependant, depuis quelque temps, une armée de goujat a investi la plateforme. Des pervers « déguisés » sous pseudo douteux font irruption dans les conversations pour réclamer des « photos » bonus ou engager un dialogue plus proche de la drague lourde que de la fibre commerçante. Le hashtag #BalanceTonVinted et le compte Instagram du même nom révèlent ces comportements écoeurants à coup de captures d’écran. Vinted est, à son tour, infesté de détraqués sexuels et prend désormais des airs de OnlyFan. Les femmes ne sont tranquilles nulle part…
#BalanceTonVinted, un hashtag pour alerter
À l’origine, la plateforme Vinted porte un concept plutôt sain d’esprit, voire même salutaire. C’est un bon moyen de trouver des vêtements pas chers et de se séparer des pièces qui croupissent dans nos penderies. Cependant, en s’inscrivant sur le site, les femmes étaient certainement loin de s’imaginer recevoir des messages à connotation sexuelle. Des utilisateurs à la bave bien pendue rôdent sur le site et prennent le corps des femmes pour de la marchandise. Comme s’il n’y avait pas déjà assez avec les négociations houleuses et les demandes de rabais insensés, ces mesdames doivent désormais composer avec des chacals égarés et des disquettes à vomir.
Le compte Instagram « Balance ton Vinted » illustre la présence endémique de ces prédateurs. Vitrine de ce fléau silencieux, il compile tous les propos déplacés auxquels les utilisatrices doivent sans cesse riposter. Sous couvert de l’anonymat, ces êtres de la pire espèce n’hésitent pas à faire des requêtes obscènes. Entre les fétichistes qui veulent que le vêtement soit porté juste avant l’envoi, les questions incongrues sur le tour de poitrine et ceux qui confondent Vinted avec un site de rencontres… Les forceurs sont en masse.
Et les utilisatrices s’en désolent. Leur lassitude s’exprime derrière le hashtag #BalanceTonVinted, qui forme un patchwork effrayant de discussions immondes. « Très jolis tétons », « C’est possible d’avoir une photo de derrière ? », « Ton cœur est-il toujours dispo »… à la lecture de ces screens, Vinted semble s’être transformé en repère favori des tordus. La vermine, bannie des autres réseaux, y a élu domicile. Le #BalanceTonVinted, inscrit dans le sillage de tous les « balances », prouve à quel point les femmes sont en insécurité, même sur un site en apparence inoffensif.
Entre intimidation, demandes de nudes et fausse identité
Le hashtag #BalanceTonVinted révèle un mode opératoire bien rodé des harceleurs. Souvent feutrés sous une fausse identité, ils jouissent d’une certaine immunité et bernent les utilisatrices en arborant un pseudo aux intonations féminines. Ils se fondent ainsi mieux dans la foule de Vinties et piègent les femmes de la manière en exploitant la solidarité féminine. Toute la saleté de la société s’y niche « incognito ».
Dans les colonnes de Yahoo, une jeune femme de 20 ans explique avoir été dupée. Après avoir négocié une robe avec une certaine « Marjorie », elle devait lui remettre le colis « physiquement ». Mais lors du rendez-vous, elle tombe face à un cinquantenaire qui était « hyper-libidineux » selon ses mots et surtout qui n’avait pas la tête à porter ce genre de tenue. « Il m’a d’abord dit qu’il voulait faire un cadeau à sa fille, puis a insisté lourdement pour m’offrir un verre. Il a fini par m’attraper par le bras. Je me suis débattue, et je suis partie en courant« , a-t-elle expliqué au média.
Des histoires sombres comme celles-ci, il y en a des centaines sous le hashtag #BalanceTonVinted. Les utilisatrices y sont perpétuellement sexualisées. Dès qu’elles postent une photo du vêtement « porté », les détraqués souhaitent savoir ce qui se cache dessous et implorent des clichés plus « suggestifs ». Le corps des femmes est encore une fois considéré comme un « bien » en libre accès. Et lorsque les utilisatrices taclent le harceleur, il réplique à coup de menaces ou d’insultes. Entre les misogynes, les beaux parleurs qui jouent les Casanova et les enragés du slip qui sèment leur salive à chaque commentaire, les femmes sont encerclées.
Des photos d’utilisatrices exploitées sur des sites pornos
Si de nombreuses utilisatrices se contentent de capturer leur vêtement sur des cintres ou à plat sur un lit, ce n’est pas pour rien. Plusieurs photos au format essayage publiées par des vendeuses ont atterri sur des forums voyeuristes. Pire, certaines ont même été détournées ou trafiquées avec l’IA pour s’encastrer dans des films X.
Selon une enquête menée par Numerama, il existerait carrément des sections « Vinted » sur les sites de voyeuristes. Des catégories « spécifiques » qui mettraient en avant des photos de vendeuses habillées en tenue moulante ou dont les parties du corps sont légèrement découvertes. Comme les réseaux sociaux des parents enrichissent les sites pédopornographiques, Vinted est devenu le nouveau fournisseur des petits gorets en manque.
Toujours d’après l’étude Numerama, les photos des utilisatrices peuvent également s’immiscer dans les films pornos. Avec des outils d’intelligence artificielle, les prédateurs « déshabillent » impunément ces femmes et sollicitent le deepfake pour assouvir tous leurs fantasmes crasses. Les utilisatrices, simplement là pour faire affaire, finissent par devenir un vulgaire objet sexuel.
Harcèlement sexuel sur Vinted : quelles mesures de la plateforme ?
Si le hashtag #BalanceTonVinted fait beaucoup de bruit et s’est frayé un chemin jusqu’aux oreilles de la plateforme elle-même. Questionné par BFM TV, Vinted affirme ne tolérer « aucune forme de harcèlement ou de comportements inappropriés”. Et « mettre tout en œuvre pour créer un environnement sûr et assurer la meilleure protection possible à ses membres ».
« Les membres peuvent nous signaler rapidement et facilement tout problème via la plateforme », avant un examen « au cas par cas », précise le site. Selon la gravité des propos, Vinted est également en mesure de bloquer définitivement le compte. À noter que les auteurs de cyberharcèlement encourent jusqu’à 2 ans de prison et 30 000 euros d’amende. Gardez précieusement des copies d’écran de vos conversations. Elles peuvent toujours servir si vous décidez de porter plainte.
Le hashtag #BalanceTonVinted témoigne d’un mal métastatique, qui gagne les autres plateformes comme Leboncoin. En plus des frotteurs dans les métros et des traqueurs dans la rue, les femmes doivent également être vigilantes en faisant leur business sur Vinted.