Chaque année, à l’arrivée du printemps, un joli phénomène vient colorer les rues, les parcs et les paysages du monde entier : la floraison des cerisiers. De Tokyo à Washington, de Paris à Séoul, ces arbres en robe rose ou blanche offrent un spectacle éphémère, délicat, presque magique. Au-delà de leur beauté, que sait-on vraiment de ces fleurs qui attirent des millions de visiteurs chaque année ?
Une histoire ancienne, une symbolique forte
Le cerisier en fleurs, ou sakura en japonais, est bien plus qu’un simple arbre ornemental. Il est porteur d’une symbolique puissante dans plusieurs cultures, notamment au Japon où il incarne la beauté fragile de la vie, la nature éphémère du temps qui passe et le renouveau.
Cette tradition japonaise remonte à plus d’un millénaire. Dès l’époque Heian (794-1185), l’aristocratie se réunissait sous les cerisiers pour pratiquer le hanami, l’art de contempler les fleurs. Aujourd’hui encore, cette coutume perdure dans les familles, les entreprises et même les écoles. En Corée du Sud ou en Chine, les fleurs de cerisier sont également associées à la féminité, à la pureté et à la renaissance.
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Japon : l’origine de la fascination mondiale
Incontournable. Au Japon, les cerisiers sont une véritable institution. De Kyoto à Hokkaido, les parcs se remplissent de pique-niques, de rires, d’appareils photo et de kimonos colorés à l’approche d’avril. Si Tokyo regorge de spots célèbres comme le parc Ueno ou la rivière Meguro, c’est Yoshino, dans la région du Kansai, qui détient l’un des plus vastes regroupements de cerisiers au monde avec environ 30 000 cerisiers. Le Japon compte plus de 600 variétés, dont la plus populaire, le Somei Yoshino, se distingue par ses pétales blanc rosé.
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Corée du Sud : entre tradition et modernité
En Corée du Sud, la floraison commence souvent fin mars, et la ville de Jinhae, au sud du pays, devient alors le cœur battant de la saison. Son festival des cerisiers en fleurs, le plus grand du pays, attire près de deux millions de visiteurs. Introduits au début du XXe siècle pendant la colonisation japonaise, les cerisiers sont aujourd’hui pleinement intégrés au patrimoine paysager coréen. On les retrouve aussi dans les rues de Séoul, notamment au parc Yeouido, où l’élégance des fleurs contraste avec l’architecture contemporaine.
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Chine : une floraison royale
La Chine, bien qu’elle soit historiquement plus attachée à la fleur de prunier, a vu l’engouement pour les cerisiers croître ces dernières décennies. Le parc Yuyuantan à Pékin ou le mont Longwang à Wuhan offrent des paysages impressionnants au printemps. L’origine des cerisiers en Chine n’est toutefois pas très claire. Certains disent qu’ils sont présents sur le territoire bien avant leur apparition au Japon, tandis que d’autres affirment que c’est au Japon que ces arbres prennent racine. Aujourd’hui, ils symbolisent le printemps et sont souvent associés à la beauté féminine dans la culture chinoise.
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États-Unis : un cadeau diplomatique devenu emblème
C’est à Washington D.C. que les cerisiers en fleurs ont trouvé leur terre d’adoption américaine. En 1912, le Japon a offert 3 000 cerisiers en signe d’amitié. Depuis, le National Cherry Blossom Festival attire chaque année près de 1,5 million de visiteurs. Le Tidal Basin, avec ses allées bordées d’arbres en fleurs et sa vue sur le Jefferson Memorial, offre un tableau à couper le souffle. À travers ce geste diplomatique, les cerisiers sont devenus le symbole du lien entre les deux pays. Les cerisiers sont aujourd’hui aussi présents dans d’autres villes américaines telles que New York, Seattle ou encore Philadelphie.
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France : le charme discret du printemps
En France aussi, les cerisiers font le bonheur des promeneurs. À Paris, le parc du Trocadéro, mais surtout le parc de Sceaux, est l’un des lieux les plus photogéniques à cette saison. Des allées de Prunus serrulata japonais y forment une canopée rose sous laquelle on pique-nique volontiers.
Ces arbres ont été plantés dans les années 1918, après que le maire de Tokyo a offert des cerisiers à la France pour symboliser leur amitié, mais aussi commémorer la fin de la Première Guerre mondiale. Aujourd’hui, ils attirent photographes et flâneurs, curieux de vivre leur propre hanami à la française.
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Allemagne : un héritage fleuri inattendu
À Berlin, proche de la station Warschauer Straße, l’allée de cerisiers offre une marche d’un peu plus d’un kilomètre, le long de l’ancienne frontière érigée en 1961. Les cerisiers y ont été plantés après avoir été offerts à l’Allemagne par le Japon, suite à la réunification allemande en 1989. Depuis, la rue attire des visiteurs du monde entier. L’ambiance y est paisible, romantique et très photogénique. Les cerisiers fleurissent et donnent un nouveau décor aux fresques de street art qui recouvrent le lieu de mémoire.
Où que l’on soit sur la planète, les cerisiers en fleurs nous rappellent ainsi la douceur du printemps, la beauté des choses passagères, et l’importance de s’arrêter un instant pour contempler. Leur floraison ne dure qu’une à deux semaines, mais leur impact, lui, se grave durablement dans la mémoire. Alors, appareil photo en main ou simplement les yeux levés, prenons le temps de savourer ce moment suspendu, partagé par le monde entier.