Elles vivent au cœur des cités, dans ces grandes barres d’immeuble qui chahutent presque le ciel. Elles tutoient quotidiennement la dureté du milieu urbain et évoluent dans des quartiers en tension. Dans l’imaginaire collectif, les femmes des banlieues sont des petites racailles en survêtement qui parlent uniquement en « wesh-wesh » et qui trempent dans l’illégalité. Aux yeux de la société, ce sont des causes perdues. Souvent accusées d’être grossières et de profiter du système, elles n’ont pas une très bonne réputation. Voici les 7 clichés tenaces qui collent aux baskets (et pas des TN) des femmes de banlieues. Il est temps de leur rendre justice et de leur dessiner un meilleur portrait.
Elles n’ont pas d’éducation
À l’évocation des femmes de banlieues, beaucoup voient un QI limité et une grande misère intellectuelle. Trop de gens estiment que les filles des quartiers populaires sont en décrochage scolaire et qu’elles parlent un jargon indéchiffrable à base de « wesh », de « belek » et de « hagra ». Mais les femmes des cités ne sont pas « guèze » comme on le dit dans la zone. Elles sont loin d’avoir les neurones à morphes. Elles savent se tenir en société et connaissent les règles de politesse. Ce n’est pas parce qu’elles ont grandi dans des HLM qu’elles sont infréquentables et irrespectueuses.
Elles sont dangereuses
Non, les femmes de banlieues ne s’adonnent pas à des combats de rue dès qu’on les dévisage. Elles n’ont pas non plus des balafres en travers de la face. Beaucoup pensent qu’elles sèment la terreur partout où elles passent et qu’elles ont le coup de poing facile. C’est le cliché sensationnaliste par excellence. Ces filles aussi rentrent chez elles la tête baissée, au pas de course, en priant de ne pas croiser d’hommes bizarres en bas de leur bâtiment. Bien souvent, elles sont même les piliers de leur communauté, engagées dans des associations, des activités sportives ou culturelles, pour améliorer le quotidien de leur entourage.
Elles ne font pas d’études
Même si les statistiques sont assez rares, les femmes de banlieues ne passent pas le restant de leur vie à vendre leur corps ou à faire des enfants comme beaucoup le soutiennent. Les femmes des quartiers populaires travaillent encore plus dur pour briser les plafonds de verre et accéder à des cursus prestigieux. Elles doivent d’ailleurs redoubler d’efforts pour se faire accepter dans un milieu éminemment « élitiste ». Si elles renoncent aux études, ce n’est pas par rébellion, mais par manque de moyens financiers. Tout réside dans l’égalité des chances.
Elles sont toutes voilées
Non, toutes les femmes des banlieues ne portent pas le voile. Même si beaucoup d’entre elles sont issues d’un métissage, elles n’arborent pas toujours cette étoffe sur leurs cheveux. Réduire toutes les femmes des banlieues à un uniforme supposé, c’est ignorer la richesse et la diversité de leurs parcours et de leurs identités. Elles sont libres de porter ce qu’elles veulent après tout. Dans de nombreux pays autoritaires, le voile est un objet de répression, mais les femmes de banlieues, elles, le portent davantage par conviction.
Elles sont toutes des mères jeunes
L’image de la « maman adolescente » est souvent utilisée pour stigmatiser les jeunes femmes des banlieues. Les plus haineux diront même qu’elles accouchent à la chaîne pour toucher les allocations et vivre des aides. Selon cette idée reçue, les femmes de banlieues sont toujours à la tête de familles nombreuses et expérimentent le rôle de mère de bonne heure, avant la majorité. Pourtant, leur maternité, comme partout ailleurs, est un choix personnel et réfléchi.
Elles n’ont pas de carrières ambitieuses
L’actrice Sabrina Ouazani, propulsée par le film « L’Esquive », est un exemple même de réussite. Née à Saint-Denis de parents algériens, elle a grandi dans un HLM de La Courneuve. Ça ne l’a pas empêché de briller aux côtés de Gilles Lellouche ou Gad Elmaleh et de se faire une place dans le milieu sellette du 7e art. En général, les femmes de banlieues veulent prendre leur revanche au nom de leurs parents et occuper des métiers prestigieux pour les rendre fiers. Avocates, médecins, chirurgiennes… elles cherchent avant tout la stabilité de l’emploi. Alors non, ce ne sont pas toutes des smicardes sans avenir ou des dealeuses nées.
Elles ne sortent jamais de leur quartier
Autre cliché coriace : les femmes de banlieues se cantonnent à leur quartier et ne dépassent les frontières de la cité qu’en cas d’extrême nécessité. Elles vivent à huis clos dans ce paysage bétonné, encerclées d’immeubles démesurés. Beaucoup pensent qu’elles ne veulent pas se mélanger et qu’elles préfèrent rester entre elles dans « leur gang ». Pourtant, même si les femmes de banlieue n’ont pas toujours les moyens pour voir le bord de mer ou les montagnes, elles ne se terrent pas dans leur tour. Elles sont d’ailleurs bien souvent obligées de franchir ce périmètre pour faire leur course ou aller au travail.
Loin de là l’image caricaturale de la banlieusarde qui flirte avec le danger et qui menace quiconque croise son regard. Les femmes de banlieues, injustement oubliées de la cause, essayent simplement de mener une vie normale.