Défiance, appréhension, malaise… le handicap dérange. Dans la vie quotidienne ou dans le monde professionnel, les personnes en situation de handicap, notamment celles en fauteuil roulant, sont taxées de tous les maux et clichés. Sans parler des regards insistants dans l’espace public. Déconstruisons les clichés.
1 – « Être handicapé.e c’est grave, on n’a plus de vie »
Petites variantes : « Si un jour je me retrouve en fauteuil roulant, je me suicide » ou « Comment tu tiens le coup en étant comme ça ? ». En tant que valides, nous ne sommes pas bien placé.e.s pour parler au nom des personnes handicapées, néanmoins, il est important de savoir que l’être n’est pas grave.
Ce qui l’est en revanche c’est le regard qu’émettent certain.e.s sur les personnes en situation de handicap, notamment moteur, et qui les font sentir différentes des autres. Il est grand temps d’arrêter de véhiculer l’idée qu’il vaut mieux être mort.e qu’invalide. Se sentir plus ou moins bien c’est ok et ça peut arriver à n’importe qui.
« J’aimerais que mes ami.e.s non handicapé.e.s sachent que le plus difficile dans le fait d’être handicapé.e n’est pas mon handicap lui-même. C’est la façon dont la société vous traite à cause de cela qui est le plus difficile. Nous vivons dans un monde inaccessible et qui ne privilégie pas l’inclusion des personnes handicapées. Quand tu me regardes, je veux que tu vois mon handicap et tout ce qui va avec. Le handicap n’est pas une mauvaise chose. C’est une partie naturelle de la condition humaine », explique Ola Ojewumi , défenseuse des patient.e.s, écrivaine et fondatrice de Project Ascend au HuffingtonPost
2 – « Handicapé.e » est une insulte
Certain.e.s pensent que dire le mot « handicapé.e » ou poser des questions à ce sujet, peut blesser la personne concernée. Pourtant ce n’est pas (forcément) le cas. D’ailleurs, ce type de comportement est une conséquence directe d’un conditionnement social, dans lequel les valides de la société ont été socialisé.e.s pour se sentir extrêmement mal à l’aise face au handicap.
Or, dire qu’une personne est handicapée est seulement un fait. Sauf si, bien sûr, le mot est employé sous forme d’insulte. Alors, déconstruisons ces normes et respectons les différences, quelles qu’elles soient !
3 – « Tu ne peux pas être handicapé.e et travailler »
Ce cliché est complètement faux. Et, il est surtout illégal de discriminer les gens à cause de leur handicap !
Eh oui, tout comme les personnes valides, celles en situation de handicap peuvent travailler dans une banque, dans l’administratif, le scolaire, la culture ou encore exercer des métiers manuels. Certains aménagements spécifiques sont généralement nécessaires, mais cela ne veut, en aucun cas, dire que les personnes en situation de handicap ne peuvent pas exercer une activité professionnelle comme tout le monde.
En revanche, notre société a encore des avancées à faire en termes d’embauche de personnes en situation de handicap. Bien que la loi stipule que les entreprises d’au moins 20 salarié.e.s doivent employer des personnes en situation de handicap dans une proportion de 6 % de l’effectif total ; dans les faits, seuls 3,6 % étaient en poste, en 2021 d’après l’Agefiph. Et seulement 30 % des entreprises embauchant une personne handicapée remplissent leurs obligations face à la loi.
4 – « Mais du coup tu es moins performant.e au travail »
Petite variante : « Tu as fait ça tout.e seul.e ? Waouuuh bravo ! ». Soyons logique, de quelle manière un fauteuil roulant pourrait affecter les performances ou les compétences d’une personne ? Jusqu’à preuve du contraire, ces personnes sont légitimes pour n’importe quel poste. Et être en fauteuil roulant ne doit pas engendrer des félicitations à la moindre action réalisée, sous peine d’infantiliser la personne. Être handicapé.e ce n’est pas être incapable.
D’ailleurs, un sondage d’Harris Interactive pour l’Association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (Adapt) datant de 2009, a montré que 65 % des interrogé.e.s estiment que « l’intégration d’une personne handicapée n’a pas de répercussions négatives sur la charge de travail du reste de l’équipe ». Alors, il est temps de changer les mentalités !
5 – « Tu dois avoir du mal à t’intégrer avec ton fauteuil »
Si certaines personnes en situation de handicap, notamment moteur, ont du mal à s’intégrer, ce n’est certainement pas à cause de leur handicap. Mais bien, à cause du jugement et des aprioris que portent les autres sur elles. Dans notre société il y a de nombreux clivages, surtout concernant les personnes handicapées, de couleurs, d’origine ou encore d’orientations sexuelles différentes.
Ainsi, pour permettre une meilleure intégration des personnes en situation de handicap, il est nécessaire de se détacher de ce conditionnement et laisser place à la différence.
6 – « Cette personne en fauteuil va nous coûter cher »
On peut penser, à tort, qu’assurer un environnement accessible aux personnes en situation de handicap nécessite un investissement financier important. Pourtant, ce n’est pas (toujours) le cas. En effet, les travaux d’adaptation et d’aménagement peuvent être financés grâce à l’aide de l’État.
De plus, ces aménagements sont, depuis 2007, obligatoires dans les entreprises. Mais malheureusement, certaines préfèrent s’acquitter de la taxe à l’Agefip plutôt que d’employer des personnes en situation de handicap.
7 – « Tu n’as vraiment pas l’air handicapé.e »
Ou « Ton handicap ne se voit pas, tu ne dois pas être si malade », ou encore « Votre enfant est si beau, on ne voit pas qu’il est handicapé ». Être en fauteuil c’est en effet assez visible mais il existe aussi des handicaps invisibles, que les employeur.se.s ou les individu.e.s ne pourront pas décelés. 80 % des handicaps sont invisibles.
Handicap = fauteuil roulant, voilà un sacré cliché qui perdure dans l’inconscient collectif. Or le champ est bien plus vaste ! Aussi, sachez que les personnes en situation de handicap n’ont pas nécessairement besoin de plus d’attention que les autres. Elles souhaitent, au contraire, être traitées comme tout le monde et vu autrement, que seulement, par le prisme de leur handicap. Respectons leurs choix et leurs droits !
Ces nombreux clichés et comportements déplacés peuvent peser lourds sur les épaules des personnes en situation de handicap. Vous avez le droit de poser des questions sur leurs particularités mais l’idée est de toujours le faire avec bienveillance.
Si vous êtes vous-même en situation de handicap (moteur ou autre) : quels clichés entendez-vous le plus souvent ? Avez-vous d’autres exemples ? Venez en discuter sur nos forums.