C’est indéniable, le coût de la vie a drastiquement augmenté en deux décennies. Autrefois, nos parents pouvaient se contenter d’un seul salaire et devenir propriétaires d’une maison. Aujourd’hui, on se retrouve avec quelques bricoles dans le caddie et le ticket de caisse affiche presque une somme à trois chiffres. Sur fond de crise économique, la plupart des gens se privent et mesurent toutes leurs dépenses. Mais les jeunes, elleux, dégainent le portefeuille sans retenue comme si c’était leur dernier jour à vivre. Millenials et Gen Z, les générations « sacrifiées », préfèrent injecter leur petit pécule dans des achats « futiles » plutôt que de placer leurs économies en lieu sûr. Foutu pour foutu, autant dépenser son argent dans des « achats plaisir », qui font l’effet d’une guimauve au moral. Ce phénomène baptisé « Doom Spending » est un ruine budget et le contre-coup est dur à encaisser…
« Doom spending », des achats YOLO en attendant la fin du monde
Au vu de la conjoncture actuelle, mieux vaut sortir la carte bleue avec modération et faire preuve de prudence dans les rayons des supermarchés. C’est plus raisonnable. Aujourd’hui tout le monde est à l’affût des promotions et ponce le web en quête de bonnes affaires. Ou presque. Les jeunes générations, elles, dépensent frénétiquement comme si elles avaient le compte en banque d’Elon Musk. Au lieu de mettre de côté pour investir dans une maison, les jeunes adultes ont la fièvre dépensière et jettent leur argent par les fenêtres.
Persuadé.e.s qu’iels ne pourront jamais acquérir un bien ou une voiture, iels capitalisent sur des objets superflus qui leur procurent du confort à l’instant T. Iels préfèrent faire retentir le son de leur carte pour tester le nouveau coffee shop du coin, manger les pieds dans le sable ou s’offrir des vêtements griffés. Or, c’est surtout le désespoir et le pessimisme qui les incitent à dépenser comme si demain n’existait pas.
Alors que le commun des mortels se serre actuellement la ceinture, les jeunes, elleux, s’en délestent. Si la citation suggère que « l’argent ne fait pas le bonheur », iels sont convaincu.e.s du contraire. Iels espèrent trouver un semblant de joie dans un latte hors de prix ou une laisse pour chien parsemée de diamant. Des symptômes avérés du « doom spending », un néologisme qui peut se traduire par « dépenses apocalyptiques ». Les jeunes peinent à se projeter dans ce monde qui va à sa propre perte. Iels ne veulent pas de cet avenir qui ressemble à un vieux remake de « Hunger Games ». Alors iels dépensent à tort et à travers comme s’iels ne leur restaient que quelques heures à vivre. Le « doom spending » repose sur le principe du « achetez tout, ne possédez rien ».
Un phénomène encouragé par un sentiment d’incertitude
À quoi bon ouvrir un compte épargne à l’heure où une maison basique vaut presque autant qu’une villa et quelques courses un beau bijou de luxe ? Fort de ce constat, certain.e.s jeunes dilapident presque toute leur paye dans des gloss de marques, des expériences insolites tendances ou encore des brunchs photogéniques. Iels privilégient les « achats doudou » qui réconfortent sur le vif plutôt que des investissements réfléchis qui offrent une stabilité sur le long terme. Le « doom spending » résulte d’ailleurs d’un fatalisme collectif.
Les jeunes adultes, héritier.ère.s d’une planète malade, dépensent l’argent qu’iels auraient pu réserver pour les études de leur progéniture, leur projet immobilier ou leur retraite. Contrairement à leurs aïeux/aïeules, iels ne se privent de rien. Pas étonnant puisque pour eux, il n’y a pas de « futur » possible dans ce monde surpeuplé et en surchauffe. Le « doom spending » est d’ailleurs un peu paradoxal. Les personnes en proie à ce trouble financier tiquent lorsqu’il est question de payer les factures, mais ne refusent jamais un matcha dominical ou une activité clinquante préconisée sur TikTok.
Sous son côté irresponsable et capricieux, le « doom spending » est en fait un « échappatoire ». Selon une étude récente de Credit Karma, 43 % des millennials et 35 % de la génération Z ont admis qu’iels étaient voué.e.s à dépenser davantage pour se sentir mieux. Cet argent, qui part en fumée dans un saut à l’élastique, une montre sertie ou encore des dizaines d’avocado toasts, illustre en fait une angoisse palpable. Si certain.e.s se ruent sur la tablette de chocolat en période de stress, d’autres ne piochent pas dans les placards, mais dans le compte en banque. Le « doom spending » reflète aussi une génération aux prises d’un consumérisme chronique.
Comment échapper au « Doom spending » et mettre de côté ?
Si vous vous reconnaissez dans la définition du « doom spending » et que vous avez le « bip » de carte facile, sachez qu’il est possible de reprendre le contrôle sur vos finances ! À force de dépenser comme si vous veniez de gagner au loto et de vous laisser tenter par tous les gadgets que vous croisez dans les pubs Insta, vous n’avez plus grand-chose pour subvenir à vos besoins primaires. Or, ce ne sont pas les sacs Chanel et les rouges à lèvres Yves Saint Laurent qui vont vous nourrir… Même si ces dépenses vous consolent sur le moment, elles vous font culpabiliser lorsque vous voyez tous les petits « – » sur vos relevés. Pour sortir de la spirale infernale du « doom scrolling », qui vide vos poches l’air de rien, voici quelques prescriptions.
Prendre conscience de ses déclencheurs émotionnels
La première étape pour contrer le « Doom Spending » est d’identifier les émotions ou situations qui vous poussent à dépenser de manière impulsive. Que ce soit l’ennui, le stress, la peur de manquer quelque chose (FOMO), ou la simple tristesse, comprendre ces déclencheurs permet de mieux les gérer. Peut-être que le « doom spending » découle du « doom scrolling », pratique qui consiste à se gaver d’actualités moroses.
Établir un budget et suivre ses dépenses
Mettre en place un budget réaliste et suivre régulièrement ses dépenses sont des actions clés pour limiter les achats impulsifs. Si vous n’êtes pas du genre « organisé.e », vous pouvez déléguer cette tâche à des applications de gestion financière. Ainsi, vous pouvez visualiser l’impact de chaque dépense sur votre budget global.
Vous pouvez également tester la technique un peu plus « vieille école » des enveloppes. En début de mois, vous répartissez une certaine somme d’argent dans plusieurs enveloppes, chacune correspondant à une catégorie spécifique. Au moins vous voyez ce qui en sort, pas comme les paiements sans contact que vous effectuez à la chaîne.
Mettre en place un délai avant chaque achat
Adoptez la règle des 24 heures (ou 48 heures) avant de faire un achat non essentiel. Ce délai vous permet de réfléchir à la nécessité réelle de l’achat et de réduire les dépenses « coups de tête ». Une sorte d’auto-censure du porte-monnaie plutôt futée. En bref, vous avez le droit d’acheter des pâtes et des légumes, mais pas question de divaguer vers les tasses à café en céramique ou les mousseurs de lait dernier cri.
Créer un fonds d’urgence
Épargner régulièrement pour se constituer un fonds d’urgence vous donne un filet de sécurité. Avoir cette réserve financière peut atténuer le besoin de compenser les incertitudes par des achats inutiles.
Le « doom spending », tendance financière à la « One Life » donne l’impression de profiter de la vie. Mais en réalité, il vous endette plus qu’il ne vous aide. Craquer son PEL pour s’envoler à Bali du jour au lendemain risque de créer plus de regrets que de souvenirs…