Selon cette étude, les filles s’inquiètent de leur apparence plus tôt qu’on ne le pense

Les complexes naissent très tôt de l’autre côté du miroir, presque dès le berceau. Les injonctions s’infusent dans les esprits les plus innocents et se font invasives dès le plus jeune âge. Les fillettes, qui portent encore des couches la nuit et parviennent tout juste à aligner des phrases, sont déjà en proie aux diktats. Au lieu de se soucier de l’état de leur doudou ou de la couleur de leur prochain dessin, elles ont les yeux braqués sur leur physique et soignent déjà ce qui atterrit dans leur penderie. Isolées des images surfaites des réseaux sociaux, les jeunes filles de 3 ans n’échappent pourtant pas aux standards de beauté. C’est ce que pointe une nouvelle étude alarmante. Les filles s’inquiètent de leur apparence avant même de savoir pédaler sans roulettes et de connaître la définition de stéréotypes de genre. 

Une étude affolante qui prouve que les diktats n’attendent pas

Ce n’est pas un scoop, les femmes sont soumises aux stéréotypes de genre de bonne heure. Ces fichues normes de beauté qui les incitent à s’apprêter même pour sortir les poubelles s’ancrent sur les bancs de la maternelle. Les fillettes, supposées jouer à cloche-pied à la marelle et faire du trafic de cartes Pokémon, commencent déjà à s’analyser sous toutes les coutures face à la glace. Au lieu de savourer pleinement les tendres années de leur vie, elles font une fixette sur leur silhouette et entretiennent d’ores et déjà leur « image publique ».

Les jeunes filles veulent contrôler leur reflet dès l’âge de 3 ans, soit bien avant de faire défiler des images de corps artificiels sur TikTok. C’est le sinistre constat d’une récente étude menée par Fast Company, qui indique que dès le plus jeune âge, les filles sont conditionnées pour être plus soucieuses de leur apparence que les garçons. Pour mener à bien leurs recherches et tirer cet état des lieux préoccupant, les chercheur.se.s de l’Université de Californie ont questionné 170 filles et garçons entre 3 et 5 ans.

Ils leur ont présenté quatre photos de tenues différentes, allant du look le plus basique à la mise en habit la plus soutenue. Certaines affichaient ainsi le combo neutre jean, t-shirt. D’autres montraient des robes à paillettes volontairement « girly » et des vestes de costume à la « gentleman ». Les chercheur.se.s leur ont ensuite demandé de sélectionner l’ensemble vestimentaire qu’iels aimeraient le plus porter, celui qu’iels pourraient très bien arborer sous leur petit cartable. Ils ont également analysé la faculté des enfants à mémoriser les tenues « hyper genrées ». Ensuite, deuxième test, même mode opératoire : observer des tenues de travail différentes. Celles d’une mannequin et d’une maquilleuse, très esthétiques et celles d’un enseignant et d’une bibliothécaire, un peu plus « conventionnelles ».

Les filles, plus regardantes sur leur apparence même à 3 ans

L’insouciance du tendre âge se fracasse contre les injonctions et l’obsession du « paraître ». Ce sont les tristes conclusions de cette étude de longue haleine. Les filles de 3 ans prêtent une attention particulière à leur apparence. Elles ne se contentent plus des vêtements un peu candides que leurs parents leur tendent sur le cintre. Elles préfèrent largement les tenues parsemées de strass et les looks fantaisies faits de rose ou de froufrous. À contrario, leurs comparses masculins font moins de cas à ce qui se pose sur leur dos. Ils voient davantage l’aspect pratique, pour courir et jouer au ballon.

Les filles, quant à elles, n’ont retenu que les tenues les plus genrées et zappé les autres dites sans parti pris. Elles ont également été moins tentées par les métiers intellectuels et se sont davantage rêvées dans la peau d’une top modèle. À la question « quel est ton personnage Disney préféré ? », la majorité des fillettes ont sorti le prénom « Raiponce », la princesse à la chevelure démesurée. Globalement, elles ont toutes mentionné des héroïnes réputées pour leur côté docile et leur physique gracieux. Les garçons, eux, ont élu Spider Man, l’araignée humaine appréciée pour son agilité et son caractère intrépide.

Cette étude fait écho à une autre enquête, conduite à l’initiative du gouvernement britannique il y a quelques années. Selon les chiffres, un quart des filles de sept ans seraient capables de simuler une maladie imaginaire pour ne pas participer aux activités sportives de l’école. La raison ? Elles craignent de ne pas être à leur avantage en jogging et avec la sueur au front. En clair, dès le plus jeune âge, le regard des autres compte plus que leur bien-être personnel et leurs envies.

Que faire pour qu’elles aient une image positive d’elles-mêmes ?

Les fillettes, qui n’ont pas encore franchi les portes de la primaire, sont rapidement infectées par le virus des diktats, hautement contagieux. Elles anticipent déjà la tenue de leur anniversaire prévu dans six mois et font des caprices pour se procurer des habits au rayon adulte. Elles passent leur temps dans le placard de leur maman et se voient comme des Beyonce miniatures. Mais où est passée cette pureté d’esprit du tendre âge ? Dès 3 ans, les jeunes filles commencent à culpabiliser de ne pas avoir le dernier haut en vogue et jalousent les coiffures « sophistiquées » de leur voisine de table.

Pour que ces fillettes ne deviennent pas des femmes pauvres en estime et riches en insécurités corporelles, la société tout entière a un rôle à jouer. Que ce soit entre les murs du foyer parental, avec des affirmations positives déclamées chaque matin ou à l’école, avec des programmes scolaires plus inclusifs, l’éducation façonne les êtres de demain. Dommage que l’acceptation de soi ne soit pas encore une matière à part entière dans les emplois du temps. Pour compenser ce manque, il existe toutefois des ouvrages bienveillants à l’effigie de « L’oiseau ne savait pas chanter«  et « Je peux le faire« .

Les filles s’inquiètent de leur apparence de façon très précoce. Elles enfilent alors leur costume d’adultes avec cet éternel désir de plaire et de coller à l’image de la femme tirée à quatre épingles. Difficile de revenir en arrière. D’ailleurs, les enfants, elleux-mêmes sont la cible d’une hypersexualisation. En témoignent les bikinis taille 8 ans. 

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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