On a longtemps estimé le nombre de femmes excisées vivant en France à 60 000 mais une nouvelle étude vient de réévaluer ce chiffre à 125 000. Le nombre de victimes de ces Mutilations Génitales Féminines (M.G.F) a doublé en 10 ans ! Le gouvernement a d’ailleurs annoncé en juin dernier, le lancement d’un plan national pour lutter contre le phénomène, en partenariat avec diverses associations. Il est effectivement urgent d’agir, en particulier en cette période de vacances scolaires, où le risque est le plus important.
Une réalité méconnue
Afin de lutter contre le problème, il est important de lever le tabou qui l’entoure. L’excision, qu’est-ce que c’est ? Il s’agit de l’ablation partielle ou totale de certains organes génitaux féminins externes tels que le clitoris, les petites ou les grandes lèvres. C’est une pratique répandue dans de nombreux pays et qui perdure depuis des générations. Ces mutilations ont pour but de contrôler la sexualité féminine et les conséquences sont très lourdes : au-delà de la diminution du plaisir féminin, les victimes peuvent être sujettes à des douleurs, des hémorragies, des infections et des problèmes urinaires sans oublier d’importantes séquelles psychologiques.
Cette pratique est particulièrement présente en Afrique, au Moyen-Orient et dans certains pays d’Asie. Toutefois, en raison des migrations qui se sont féminisées dans les dernières années, c’est une réalité qui concerne aussi l’Europe. 125 000 femmes victimes d’excision vivraient ainsi en France, un chiffre vertigineux et qui a doublé en 10 ans ! Et chaque année, en particulier pendant les vacances scolaires, ce sont des milliers de petites filles qui rentrent dans le pays d’origine de leurs parents et qui risquent de subir une excision…
Informer pour combattre le fléau
En France, l’excision est interdite et passible de 10 ans d’emprisonnement (15 si la victime est mineure) et de 150 000 euros d’amende. Ce volet répressif est important mais ne suffit pas à enrayer la pratique. C’est pourquoi de nombreuses associations luttent sans relâche pour porter le problème sur la place publique. Parmi elles, l’association « Excision, Parlons-en » a lancé, cette année encore, une campagne de prévention à destination des adolescentes âgées de 12 à 18 ans. Le but premier est d’informer les potentielles victimes des risques et de leurs droits.
Mais ce ne sont pas les seules visées, l’entourage de ces jeunes filles doit être sensibilisé afin d’accueillir au mieux leur parole et les aiguiller. Par conséquent, la campagne concerne aussi le personnel enseignant, l’entourage amical etc… En effet, chacun peut aider à lutter contre l’excision ne serait-ce qu’en redirigeant vers les structures adéquates comme « Excision, Parlons-en ». L’association possède notamment un site internet très complet, qui centralise toutes les informations sur le sujet ainsi qu’un tchat gratuit pour les victimes et les victimes potentielles.
Aider les victimes à se reconstruire
Au-delà de la prévention, les associations mobilisées accompagnent aussi les victimes par le biais de groupes de parole et une prise en charge médicale adaptée. Il y a par exemple La Maison des Femmes, une structure destinée aux femmes victimes de violences qui possède une unité dédiée aux mutilations génitales féminines. Celle-ci comprend une psychologue, un sexologue, des sages-femmes et des chirurgiens. Parmi, les marraines de la Maison des Femmes, on retrouve la chanteuse Inna Modja qui a elle-même été victime d’excision.
L’excision n’est donc pas un problème lointain et révolu. Elle continue malheureusement de concerner des milliers de jeunes filles en France. Et c’est un pan des violences faites aux femmes encore trop peu évoqué, d’où l’importance d’une meilleure information du grand public.
Chacun peut contribuer à protéger ces enfants et ces adolescentes. Il est possible de soutenir ces associations en relayant leur message sur les réseaux sociaux mais aussi en parlant du sujet autour de soi. La solidarité semble en effet, le meilleur remède pour éradiquer ce mal ?