La pandémie a décidément changé durablement nos habitudes et nos projets de vie. Depuis le premier confinement, on assiste à ce que l’on appelle un exode urbain. Les citadins fuient la grande ville et ses logements trop petits, en quête d’une meilleure qualité de vie, à la campagne. Et ce deuxième confinement n’a fait que confirmer cette tendance émergente. Est-ce le début d’une nouvelle ère ? Focus sur ce phénomène.
Quand le confinement pousse les citadins hors des villes
Se mettre au vert, moins souffrir du stress et du côté oppressant de la ville que l’on peut ressentir. Certain.e.s citadin.e.s y pensent de plus en plus. À l’image de Delphine, Parisienne de 42 ans, qui raconte à Elle.fr qu’elle a décidé d’emménager définitivement dans sa maison secondaire, en campagne normande :
« Notre résidence secondaire est devenue notre résidence principale. Je retourne travailler trois jours par semaine à Paris, où je loue un studio. Et mon mari, qui télétravaille, reste à la maison avec notre fille, qui est inscrite dans un collège de la région. C’est formidable de vivre au contact de la nature, de se promener sur la plage, de faire les marchés ou des confitures. Pour nous, c’est une révolution. »
Benoit Meyronin, spécialiste en marketing territorial et professeur de l’École de Management de Grenoble, explique à Lesechos.fr :
« En restant confinés chez eux, les gens ont pris conscience de l’espace exigu dans lequel ils vivent, sans accès à l’extérieur pour la plupart. Et puis la pandémie fait qu’ils ont de plus en plus envie de s’extraire de la grande métropole, considérée comme un endroit où on étouffe. »
Si cette tendance se confirme en cette fin d’année, elle ne date pas d’hier et couve déjà depuis plusieurs mois. En mai 2020, 54 % des Francilien.ne.s se déclaraient prêt.e.s à partir dès que possible s’installer dans une autre région. Il y en avait « seulement » 38 % avant le confinement (sondage réalisé par la plateforme « Paris, je te quitte« ).
Paris, je te quitte !
Un exode urbain qui semble particulièrement affecter la Capitale et plus particulièrement, ses cadres. 83 % d’entre eux envisagent une mobilité régionale. Parmi les raisons évoquées : le souhait d’accéder à une meilleure qualité de vie. Luc Moréna, directeur général de « Ma nouvelle ville », qui accompagne les salariés dans leur projet de mobilité, détaille :
« Les gens veulent devenir propriétaires de leur maison, mais désirent aussi plus de campagne et sont même prêts à faire davantage de route pour rejoindre leur lieu de travail depuis que la généralisation du télétravail pendant le confinement a montré qu’une nouvelle organisation était possible. »
Tou.te.s ceux.elles qui y ont vécu le savent : la belle Paris a sa part d’ombre. Surpopulation, bruit, pollution, béton, métro bondé, violences dans certains quartiers et surtout, prix exorbitant au mètre carré. D’après une étude du courtier Empruntis, 46 % des Parisien.ne.s souhaitent quitter la Ville lumière. Les quartiers les plus chers sont d’ailleurs ceux dont les habitant.e.s veulent le plus partir. Deux tiers des habitant.e.s des 1er, 3e, 4e, 6e et 8e arrondissements veulent déménager.
Depuis 2011, Paris perd ainsi en moyenne 12 000 habitants par an selon l’Insee. Au final, on se rend compte que la pandémie n’a fait qu’accélérer un phénomène déjà bien ancré.
Exode urbain : quelles régions sont les plus plébiscitées ?
Si tout le monde ou presque est d’accord pour quitter Paris, les décisions divergent en revanche sur la destination. S’installer en province, oui, mais pas n’importe où. Ainsi, selon une étude de l’Apec sortie en août 2020, les cadres d’Île-de-France envisagent plutôt de déménager en Nouvelle-Aquitaine (38 %) et en Provence-Alpes-Côte D’Azur (31 %). Emmanuel Kahn, responsable du pôle « direction données et analyses » de l’Apec, précise :
« Malgré ces déclarations, la réalité des chiffres montre que ce sont surtout vers l’Auvergne-Rhône-Alpes – et notamment Lyon – que se tournent la plupart des candidatures. »
La raison est simple pour Bertrand Kauffmann, directeur adjoint de l’Insee Auvergne-Rhône-Alpes :
« Avec Lyon et ses poids lourds que sont Sanofi, Biomérieux ou encore Renault d’un côté et de l’autre, la proximité de la Suisse dans les départements de l’Ain et de la Haute-Savoie, le Rhône-Alpes a toujours été une région attractive pour les Francilien.ne.s. Chaque année, environ 20.000 d’entre eux viennent s’y installer. Il s’agit surtout d’actif.ve.s, les retraité.e.s préférant des départements comme la Drôme et l’Ardèche. »
De même, les villes moyennes séduisent. Notamment sur les régions Bretagne, Normandie, Centre-Val de Loire et le long de la côte Atlantique. Le premier baromètre de l’immobilier des villes moyennes publié début septembre 2020 montre une réelle attractivité pour les villes de moins de 100 000 habitant.e.s. Les ventes immobilières ont en effet été soutenues en 2019. Luc Moréna ajoute :
« Vannes, Cahors, Rambouillet ou encore Cavaillon ont le vent en poupe. »
Avis à nos lecteur.rice.s qui habitent dans ces villes de France, vous risquez de voir une armée de Parisien.ne.s en mal de champs à perte de vue débarquer chez vous ces prochains mois !
Vivre à la campagne : entre utopie et réalité
La qualité de vie est meilleure à la campagne, c’est indéniable. Cependant, attention à ne pas voir la vie en rose sur un court séjour comme le rappelle Lemonde.fr. Habiter à la campagne sur le long terme signifie aussi isolement, éloignement géographique vis-à-vis de sa famille, temps de trajet rallongés et nécessité d’acheter un véhicule pour se déplacer. Il ne faut pas non plus sous-estimer le temps passé à faire le ménage de sa nouvelle grande maison et à prendre soin du grand jardin.
Le plus difficile est sûrement de conjuguer son utopie à la réalité du terrain. Le site Installation-campagne.fr (désormais hors ligne) dénombre trois étapes pour une installation à la campagne réussie : ne pas partir sur un coup de tête, ne pas essayer de convertir les ruraux à ses idées et surtout, aller vivre à la campagne pour soi-même.
Et vous, envisagez-vous de quitter la ville pour venir vivre à la campagne ? Si vous avez déjà franchi le cap, comment vous sentez-vous dans votre nouvelle vie ? On vous attend pour en discuter sur le forum, rubrique Café du commerce.