Impossible de passer à côté de cette actualité qui a bouleversé le monde entier. Le 24 juin 2022, la Cour suprême américaine a renversé son arrêt de 1973 qui garantissait le droit à l’avortement sur l’ensemble des États-Unis. Désormais, chaque État est libre d’autoriser ou d’interdire l’avortement et nombreux sont ceux à l’avoir supprimé depuis. Un retour en arrière historique dans le cadre de la lutte pour le droit des femmes à disposer de leur propre corps.
En cette Journée Mondiale du Droit à l’Avortement, voici 8 fausses informations qui circulent à propos de l’avortement, qu’il faut impérativement oublier. Le but ? Rétablir la vérité et conforter les femmes dans leur droit de dire « non » à une grossesse non désirée. Car oui l’IVG est un droit en France.
1 – L’avortement peut rendre stérile
Un argument dont se sont énormément servies les anti IVG, criant à qui veut l’entendre que l’avortement endommage les organes reproducteurs. Fort heureusement, tout ceci est faux et ne s’appuie sur aucune donnée scientifiquement prouvée. Que ce soit médicamenteux ou chirurgical, l’avortement ne rend pas stérile. Selon certaines sages-femmes, la fécondité aurait même tendance à revenir très rapidement.
2 – Il déclenche des troubles psychologiques graves
Autre argument largement relayé par les anti IVG : l’avortement provoque un état dépressif et des troubles psychologiques graves chez les personnes qui ont décidé d’y avoir recourt. Bien entendu, il peut y avoir une sorte de décompensation après un tel acte. Mais il est bien moins courant que la fameuse « dépression post-partum », par exemple, qui touche environ 30 % des femmes après qu’elles aient accouché.
3 – On finit toujours par le regretter
C’est THE argument qui pourrait bien nous empêcher d’aller jusqu’au bout. Sauf que si cette décision est bien sous pesée et prise avec conviction au moment des faits, le regret ne s’invitera sûrement pas à la fête.
Selon une étude américaine parue en 2020 dans la revue « Social Science & Medicine », 99 % des femmes estiment avoir pris la bonne décision 5 ans après leur avortement. Celles qui ont le plus de mal à se remettre sont souvent écrasées par le poids de leurs croyances religieuses et/ou de la construction sociale (schéma familial classique).
4 – L’avortement c’est long et complexe
Le parcours est volontairement « par étapes » afin de l’encadrer au mieux pour le bien des femmes. Première étape après le test de grossesse positif : faire une prise de sang pour être certain.e du diagnostic. Si elle est positive, prendre rendez-vous dans le centre d’IVG le plus proche de chez soi. Vous aurez ensuite 2 consultations auprès d’un.e médecin et/ou une sage-femme. La première est une consultation d’information et peut s’accompagner d’une consultation psychosociale obligatoire pour les mineur.e.s.
Lors de la seconde consultation, un consentement écrit à l’IVG est nécessaire. Ensuite, l’acte a lieu par voie médicamenteuse (à la maison ou en établissement) ou par voie chirurgicale (à l’hôpital). Enfin, il y a une dernière consultation de contrôle pour vérifier que l’avortement s’est bien passé et que votre corps se remet bien.
5 – L’embryon souffre durant l’avortement
C’est peut-être l’argument le plus ignoble relayé par les anti IVG. Selon ces personnes, l’embryon souffre à partir de 3 semaines pour cause de développement du système nerveux. D’après Israël Nisand, gynécologue obstétricien et président du Collège National des Gynécologues Obstétriciens français (CNGOF), l’embryon développe ses centres de douleur « vers 22 semaines d’aménorrhée ».
De leur côté, les gynécologues expliquent que le foetus peut effectivement avoir des mouvements brusques, mais comme pendant le reste de la grossesse. Ces spécialistes rappellent qu’il n’y a aucune signification de douleur.
6 – Il coûte cher et nécessite un accord parental pour les mineur.e.s
Si vous vous posez cette question, sachez qu’en France, l’IVG est remboursée à 100 % par l’Assurance maladie, même en cas d’aide médicale de l’État ou de complémentaire santé solidaire et même si vous n’avez pas de mutuelle ! Depuis avril 2016, les examens nécessaires au préalable sont également remboursés.
Et enfin, les personnes mineures souhaitant avoir recours à l’avortement n’ont plus besoin du consentement parental. Elles peuvent notamment prendre tous les renseignements nécessaires auprès du planning familial de leur ville.
7 – L’avortement clandestin est tout aussi efficace que le médical
Nous le voyons à travers l’actualité, toutes les femmes du monde n’ont malheureusement pas le même accès à l’IVG. Et lorsqu’elles sont confrontées à une grossesse non désirée, comment faire pour avorter sans prendre et risquer de sanction, la prison voire la mort ?
Elles ont malheureusement parfois recours à des solutions extrêmes comme le fameux cintre. Oui l’avortement est pratiqué mais les conséquences sont désastreuses. Nous vous expliquions récemment dans notre article qu’une femme meurt toutes les 9 minutes des suites d’un avortement clandestin. L’IVG n’est pas un acte anodin, il doit être encadré.
8 – On peut avorter jusqu’au 9e mois
Oui, mais sous certains critères extrêmement encadrés, l’enfant étant déjà totalement formé. Il s’agit désormais d’un IMG (interruption médicale de grossesse) et non plus IVG (interruption volontaire de grossesse).
L’IMG peut être pratiquée jusqu’au 9e mois exclusivement sur décision d’un collège de professionnel.le.s et dans des situations bien précises. On parle ici de « détresse psychosociale mettant en péril grave la mère ». Elle est pratiquée seulement « si la grossesse met gravement en danger la santé de la femme enceinte » ou « s’il y a une forte probabilité que l’enfant à naître soit atteint d’une affection particulièrement grave reconnue comme incurable au moment du diagnostic ».
Si vous souhaité.e être accompagné.e dans le processus d’avortement, n’hésitez pas à rechercher des informations sur le site du planning familial et/ou à vous rapprocher de votre médecin traitant.e et/ou gynécologue. Vous trouverez aussi énormément de groupes de soutien sur les réseaux sociaux. Vous n’êtes pas seule et la décision de garder ou non un enfant doit être uniquement la vôtre. Mon corps, mes droits !