Parce que les regards insistants, les remarques déplacées ou les agressions physiques dans les transports font partie du quotidien de beaucoup de Françaises, de nouvelles initiatives sont mises en place. À l’instar de taxis ou VTC réservés aux femmes, conduites par des femmes. Le but : lutter contre les agressions sexuelles et faire de ces moyens de locomotion des endroits sûrs.
Face à la multiplication des agressions ces dernières années, ces véhicules 100 % féminins apparaissent comme la solution. Mais si cette alternative représente, selon certain.e.s, une solution aux comportements sexistes, elle ne fait pas l’unanimité.
Une énième tentative d’enlèvement
C’est l’histoire révélée mi-octobre qui a secoué la toile. Nous sommes le mercredi 12 octobre quand L., une jeune femme de 24 ans, décide de commander un Uber pour rentrer chez elle. Rien de plus normal. Mais au bout de 5 minutes, le chauffeur annule la course alors qu’elle est dans le véhicule et prend une direction totalement opposée. C’est alors que la passagère l’interroge.
Le conducteur répond en rigolant « aie confiance, ça va bien se passer », tandis qu’une musique romantique retentit dans l’habitacle. En panique, la jeune femme réussira à ouvrir la porte du véhicule en route, à sauter et à s’enfuir en courant. Le lendemain, la belle-sœur de la jeune femme se décide à partager son histoire sur Instagram pour alerter. En moins de 24 heures, la publication devient virale et est partagée des milliers de fois par les internautes.
Les plateformes de VTC pointées du doigt
Malheureusement, L. n’est pas un cas isolé. Suite à la publication sur les réseaux sociaux, de nombreux témoignages de Français.es ont envahi la toile. Même si l’on connaissait déjà le fléau des agressions que subissent les femmes dans les transports en commun, le phénomène continue de grandir avec l’avènement des services collectifs routiers (VTC, taxis et chauffeurs privés).
Pour preuve, le leader sur le marché, Uber, s’est vu attaqué en justice en juillet 2022. Les plaignantes, plus de 500 femmes américaines, affirment avoir été agressées par des chauffeurs en exercice. Ce n’est pourtant pas une première pour le géant de la Silicon Valley. En décembre 2019, un premier scandale avait éclaté après la publication de chiffres alarmistes : 6000 signalements d’agressions sexuelles sur la période 2017-2018, rien qu’aux États-Unis.
L’alternative des taxis 100 % féminins
En réponse, des sociétés proposent une alternative de transport plus sécurisée. Le principe ? Des applications qui mettent en relation une clientèle avec des taxis exclusivement conduits par des femmes. C’est le cas, par exemple, de « Pink Ladies » à Londres, de « Pink Drives », de « VTC Femmes Paris » ou encore « Femme au volant ». Ces options permettent aux femmes de se déplacer entre elles en toute confiance, afin qu’elles puissent se sentir rassuré.e.s.
Sauf que malgré un secteur en plein essor, ces services 100 % féminins ont du mal à se faire une place en France. Pour cause, un manque de moyen financier, une limitation géographique et une clientèle pas aussi présente que sur les applications de VTC classiques. Plusieurs ont d’ailleurs dû mettre la clé sous la porte.
Une solution inefficace ?
Si l’initiative est applaudie, le procédé soulève quant à lui nombre d’interrogations et de doutes. La question d’un transport exclusivement féminin ne fait pas l’unanimité. Pour beaucoup, la séparation des genres n’est en aucun cas la solution. Cela résulterait, au contraire, à une marginalisation des femmes.
La véritable solution semble alors de passer par l’éducation. Notamment en sensibilisant les nouvelles générations, dès le plus jeune âge, à l’égalité des sexes et au respect des femmes. Peut-être aussi par l’installation de caméras dans les taxis et VTC. Le débat de la vidéosurveillance dans ces véhicules professionnels a récemment été relancée, suite à l’agression d’un chauffeur par des clientes en pleine course.
Ce qui reste certain, c’est que bon nombre de femmes redoutent toujours en 2022 de prendre les transports en commun. Un cinquième d’entre elles appréhenderaient une agression sexuelle, révélait en 2021 une étude de l’Institut Paris Région.
Pour plus de renseignements sur la lutte contre le harcèlement dans la rue et dans les transports, découvrez quelques initiatives mises à disposition pour plus de sécurité.