C’était une des grandes promesses du président de la République et celle-ci sera tenue. Après de longues négociations entre les divers acteurs, les ministres en charge de la Santé et du Handicap ont confirmé la nouvelle. Les fauteuils roulants vont être remboursés intégralement avant la fin de l’année 2024. Cette annonce a été très bien accueillie par les 1 million de personnes qui se déplacent avec ce véhicule à quatre roues. Une avancée significative en matière d’inclusion, qui reste cependant à nuancer. Il y a encore de nombreux chantiers à engager pour que les fauteuils roulants puissent s’immiscer partout, sans exception.
Fauteuils roulants 100 % remboursés, une annonce forte
Lors de la Conférence nationale du handicap de 2023, Emmanuel Macron avait annoncé une prise en charge totale des fauteuils roulants électriques et manuels. Il était très attaché à cette « mesure de justice sociale ». Ces paroles n’étaient donc pas prononcées en l’air. Avant la fin 2024, les personnes à mobilité réduite n’auront plus un centime à sortir de leur poche pour avoir un fauteuil roulant. La bonne nouvelle est tombée le 11 avril dernier, dans un communiqué de l’AFP.
Pour la concrétiser, la direction de la Sécurité sociale, les industriels fabricants et les distributeurs se sont réunis autour de la table pour trouver un terrain d’entente. Pour que le projet soit viable financièrement, le gouvernement avait prévu de débloquer environ 300 millions d’euros. Une somme que les divers partenaires avaient jugée insuffisante et qui a finalement pu être étirée grâce à un « coup de pouce » extérieur dont le montant a été tu. « Nous avons demandé au président de rallonger l’enveloppe initiale, ce qu’il a accepté », a précisé la ministre de la Santé Catherine Vautrin dans les colonnes du média La Croix. Un soulagement et surtout une belle note d’espoir pour les personnes qui ne peuvent se mouvoir qu’avec cet engin monté sur roulettes. Les fauteuils roulants 100 % remboursés, ça fait un souci en moins à gérer.
Il faut dire que le chef de l’État a un peu été « poussé » dans son élan. Le 26 janvier dernier, une pétition faisait surface pour demander à Emmanuel Macron d’aller au bout de son engagement. Initiée par Sébastien Peytavie, premier député en fauteuil roulant à l’Assemblée nationale, elle avait recensé presque 70 000 signatures. Un petit reminder qui a visiblement incité le gouvernement à « passer la deuxième ».
Le prix d’un fauteuil roulant peut monter jusqu’à 50 000 €
Se déplacer en fauteuil roulant relève parfois du luxe. Pourtant, c’est le seul accessoire qui permet de garder un semblant d’autonomie. Mais aussi de se déplacer sans solliciter l’aide d’un tiers. Les tarifs statuent dans les 10 000 € pour les fauteuils roulants manuels et peuvent grimper à 50 000 € pour les fauteuils électriques évolutifs, soit l’équivalent d’une belle cylindrée. Actuellement, le reste à charge est assez lourd pour le porte-monnaie. Le projet prévoyait de l’alléger avec une base du remboursement de 2 600 euros pour un fauteuil manuel (contre 600 euros aujourd’hui), et 18 000 euros pour un électrique (contre 5 200 euros). Mais finalement, toute la copie a été revue pour être en phase avec la réalité.
« La moyenne du reste à charge jusqu’à présent s’élevait à 900 euros. Pour 60 000 personnes, cela dépasse les 5 000 euros. Ce n’est pas normal », à indiqué Fadila Khattabi, ministre en charge du Handicap au média La Croix
Sur ces 1 million de personnes, pour qui le fauteuil roulant est une extension de leur corps, la majorité sont des séniors. Avec une petite retraite, difficile de se dégager du budget pour se procurer cette chaise mobile, pourtant si essentielle. Pour que les fauteuils roulants soient 100 % remboursés, quelques ajustements sont encore à faire. Le gouvernement a d’ailleurs sollicité les lumières des associations, qui devraient participer plus activement aux prochaines réunions.
Le bémol : les fauteuils roulants ne sont pas accessibles partout
Des fauteuils roulants 100 % remboursés, ça mérite des applaudissements, ou au moins un encouragement. Pourtant, il ne faut pas crier victoire trop vite. Même si ce projet est salutaire, il y a encore de gros efforts à fournir pour améliorer le quotidien des personnes handicapées. Avoir un fauteuil roulant flamboyant et à titre gracieux, c’est un beau geste. Mais les infrastructures ne sont pas toutes pensées pour les accueillir. La moitié seulement des établissements recevant du public (ERP) sont engagés dans une démarche de mise en accessibilité. 3 % des 309 stations de métro parisiennes sont accessibles aux handicapé.e.s, pointe APF France Handicap.
Mais ce sujet épineux fait aussi partie des 70 grandes mesures exposées par Emmanuel Macron. L’an dernier, il annonçait que l’État allait allouer 1 milliard et demi d’euros pour renforcer l’accessibilité dans les lieux publics. Les sites qui n’aménagent pas leurs espaces en conséquence pourraient même être sanctionnés dans les années à venir. Moyen de faire remonter sa cote de popularité ou véritable attrait pour l’inclusivité… Les intentions du président de la République restent floues à l’aube des JO. Mais elles ont le mérite d’aller dans le bon sens, celui du progrès.
Avec des fauteuils roulants 100 % remboursés, les personnes à mobilité réduite n’auront plus à piocher dans leurs économies. Dans une autre perspective, il serait aussi possible de « louer » des fauteuils roulants. Quoi qu’il en soit, la liberté de bouger ne devrait pas être payante.