Qu’est-ce qui vous vient en tête quand on parle de féminisme ? « C’est une affaire de filles », « Le féminisme, c’est détester les mecs, c’est une vraie chasse à l’homme franchement », « Être féministe et porter des mini-jupes, ça ne va pas ensemble », « Les féministes vont trop loin, féministe OK, mais pas extrême », « Tu es en couple/mariée ? Mais je croyais que tu tenais à ta liberté ? »… Le terme « féministe » a mauvaise presse dans notre société, bien souvent en proie à des jugements hostiles et stéréotypés. Un gros mot, ou presque, balancé telle une insulte, on lui attribue une image extrémiste. D’ailleurs, lorsqu’Alexandre Dumas emploie pour la première fois, en 1872, le terme « féministe », c’est dans un pamphlet afin de ridiculiser les hommes qui souhaitent donner plus de pouvoir aux femmes. Il faut attendre une dizaine d’années et son appropriation par la journaliste Hubertine Auclert, pour que le mot se réfère à un mouvement pour l’égalité entre hommes et femmes.
« Féministe » c’est un adjectif mal-aimé, mal compris, un mot qui divise quand il devrait nous rassembler. De par cette catégorie nous souhaitons ainsi démystifier le terme et lui redonner ses lettres de noblesse.
« Notre corps nous appartient »
Parler du féminisme c’est avant tout se poser la question de sa signification. Et de ce côté-là ce mot se voit bien souvent attribuer plusieurs définitions toutes plus erronées les unes que les autres. Penchons-nous donc sur celle du dictionnaire Larousse et celle de Wikipédia :
« Mouvement militant pour l’amélioration et l’extension du rôle et des droits des femmes dans la société. » selon le Larousse.
« Le féminisme est un ensemble de mouvements et d’idées philosophiques qui partagent un but commun : définir, promouvoir et atteindre l’égalité politique, économique, culturelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes. » selon Wikipédia.
En bref le féminisme, ce n’est ni plus ni moins que l’égalité des sexes. Homme ou Femme nous sommes capables de réaliser les mêmes actions. Soyons clair une bonne fois pour toute : le féminisme n’est pas un mouvement social qui « idéalise » les femmes et qui souhaite qu’elles seules se retrouvent « au pouvoir ». Le féminisme, c’est s’affranchir des codes culturels ou sociétaux. C’est une lutte mixte pour plus de liberté. Une lutte pour abolir, dans différents domaines, les inégalités homme-femme dont les femmes sont les principales victimes, et ainsi promouvoir les droits des femmes dans la société civile et dans la vie privée.
C’est choisir de s’habiller comme on le souhaite, sans craindre les remarques masculines ou grossophobes. C’est choisir de réagir intelligemment aux remarques misogynes et ne pas se taire. C’est aussi pouvoir disposer de son corps, et accéder aux postes à responsabilités sans être victime d’un « plafond de verre ». Une lutte pour qu’enfin on ne se pose plus jamais la question : « et si j’étais un homme, comment ça se serait passé ? ».
Parce que oui, c’est un fait, nous vivons dans un système qui fait d’une différence de sexe biologique une différence « fondamentale ». Il crée deux genres : le masculin et le féminin. Et à chaque genre est attribué des qualités et des compétences, des goûts et des aptitudes. Ainsi, les personnes nées avec un sexe féminin sont par exemple supposées être douces, aimer le rose ou encore avoir un instinct maternel, etc. À l’inverse, les personnes nées avec un sexe masculin se « doivent d’aimer » le bleu, le foot, être fortes, ambitieuses, etc. Chaque individu est ainsi éduqué depuis tout petit avec cette idée, l’intègre et la reproduit « naturellement ». Ce système de domination s’appelle le « patriarcat ». Il prend des formes diverses en fonction des cultures et des époques mais débouche toujours sur ce résultat : les hommes dominent les femmes dans tous les aspects de la société, l’hétérosexualité est la norme et les violences envers les femmes sont légion dans le monde.
Le féminisme se bat ainsi pour dépasser ces genres, pour construire une société dans laquelle chaque individu puisse vivre comme bon lui semble. Le sexe d’un individu ne doit, ni ne peut, justifier une différence de traitement, dans la sphère entrepreneuriale, commerciale, sociale, culturelle… partout. Il est grand temps de ranger à la cave le mythe du « sexe faible » aux dépens du « sexe fort » !
Où en est-on aujourd’hui justement ?
Le féminisme est de moins en moins tabou aujourd’hui mais, vous en êtes certainement témoins, un rejet persiste dans la société française. Si le féminisme est parvenu à gagner progressivement les esprits et que des avancées considérables en matière de droits des femmes ont été faites, des inégalités et des injustices subsistent en effet toujours en 2020.
Rien que dans notre pays, les hommes gagnent par exemple 27 % de plus que les femmes, 73 % des femmes contre 16 % des hommes avouent réaliser plus de tâches ménagères que leur conjoint.e (source Consolab), pendant que 60 % des femmes déclarent avoir déjà subi du sexisme au travail, qu’une femme décède tous les 2 jours et demi sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint élevant le chiffre des féminicides en 2019 entre 122 et 149 femmes, selon les sources.
S’il reste encore beaucoup à faire, le tournant suscité par le mouvement #MeToo a changé l’Histoire. C’est l’une des premières fois où le féminisme est devenu véritablement l’un des sujets principaux de débat sur internet. Fin 2017, à la suite des accusations d’agressions sexuelles contre le producteur Harvey Weinstein, l’actrice Alyssa Milano utilise le hashtag #metoo (« Moi aussi » en français), lancé dix ans plus tôt par la militante féministe Tarana Burke. Le harcèlement, puis le féminicide, deviennent alors des sujets médiatiques, accélérant la sensibilisation des consciences quant aux enjeux suscités par les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes.
Qu’est-ce qu’être féministe à l’heure actuelle ?
Simples citoyennes, intellectuelles ou artistes, les femmes sont alors de plus en plus nombreuses à revendiquer un féminisme militant et décomplexé face au machisme ambiant. On voit ainsi de plus en plus d’hashtags émerger sur Twitter ou Instagram, comme #OccupeToiDeTonCul, #PasTaPotiche, #PasVosBeurettes ou encore #UberCestOver. Mais aussi des comptes Instagram comme « Dans la bouche d’une fille », « T’as Dit Non », « Punchlinettes », « Bordel de mères » ; des courts-métrages ou encore des podcasts.
Selon votre âge, votre origine et vos expériences, le mot féminisme peut de ce fait résonner différemment. Il y a autant de manières de vivre et d’exprimer son féminisme qu’il y a de femmes dans le monde. C’est pourquoi les articles de cette catégorie, bien qu’ils aient des approches différentes, traiteront tous du féminisme avec un grand F afin que chacun.e trouve son bonheur et surtout comprenne l’importance du féminisme.
L’objectif restant toujours le même : l’amélioration des conditions de vie des femmes de façon globale pour un monde plus juste et moins violent. Les #GirlPower vont fuser de toutes parts, on vous l’assure, et c’est tant mieux !