Dans le vaste panorama de l’histoire de la médecine, il existe un concept longtemps enraciné dans les mentalités occidentales : celui de la femme hystérique. Un terme chargé de préjugés et de stigmatisation, qui a marqué de son empreinte la perception de la santé mentale féminine pendant des siècles. Mais que se cache-t-il réellement derrière cette étiquette ? Voici ce que vous ignorez (peut-être) sur le mythe de la « femme hystérique ».
Des origines anciennes
L’histoire de la notion d’hystérie remonte à l’Antiquité grecque. Où Hippocrate, souvent considéré comme le père de la médecine moderne, a été le premier à décrire ce qu’il pensait être une affection spécifiquement féminine.
Il croyait que l’utérus, appelé « hystéra » en grec, pouvait errer dans le corps et causer divers symptômes psychologiques et physiques chez les femmes. Cette théorie, connue sous le nom de « théorie de l’utérus errant », a jeté les bases du concept d’hystérie qui a perduré pendant des siècles.
L’évolution du concept
Au fil du temps, le terme d’hystérie a évolué pour englober un large éventail de symptômes, notamment l’anxiété, la dépression, les convulsions, les pertes de conscience et les troubles du comportement. Ces manifestations, souvent mal comprises, ont été attribuées à des déséquilibres ou à des dysfonctionnements féminins supposés. Cela a alors renforcé l’idée de la fragilité mentale et émotionnelle des femmes.
Le rôle de la société
La société patriarcale a joué un rôle crucial dans la perpétuation du mythe de la femme hystérique. Dans un monde où le pouvoir et l’autorité étaient largement dominés par les hommes, les comportements jugés déviants ou non conformes chez les femmes étaient souvent interprétés comme des signes d’hystérie.
Cette étiquette servait également à maintenir les femmes dans un état de subordination, en les dépeignant comme émotionnellement instables et irrationnelles. Et donc incapables de participer pleinement à la vie publique et politique.
La médicalisation de l’hystérie
Au 19ème siècle, l’hystérie a été médicalisée de manière plus formelle, avec l’avènement de la psychiatrie moderne. Les médecins tels que Jean-Martin Charcot et Sigmund Freud ont contribué à populariser la notion d’hystérie en tant que trouble mental distinct.
Bien que leurs interprétations et approches thérapeutiques aient souvent reflété les préjugés de l’époque. Les traitements proposés, tels que l’hypnose et la thérapie par la parole, étaient souvent teintés de condescendance et de paternalisme envers les patientes.
La remise en question contemporaine
Heureusement, les dernières décennies ont vu une remise en question significative du mythe de la femme hystérique. Les mouvements féministes, ainsi que les progrès dans le domaine de la psychologie et de la psychiatrie, ont contribué à déconstruire les stéréotypes. Et à reconnaître l’importance de la prise en charge de la santé mentale des femmes de manière égalitaire.
Les professionnel.le.s de la santé mentale sont de plus en plus conscient.e.s de l’impact des facteurs sociaux, culturels et environnementaux sur la santé mentale. Cela conduit à une approche plus inclusive des troubles mentaux.
Vers une approche plus inclusive
Il est grand temps d’en finir avec les idées patriarcales ! Il est également crucial de reconnaître que les expériences des femmes en matière de santé mentale sont diverses. Trop souvent, le mythe de la femme hystérique a conduit à une généralisation excessive et à une invalidation des souffrances individuelles.
Pour surmonter les préjugés et les stigmates liés à l’hystérie, il est impératif de promouvoir une approche plus inclusive et respectueuse de la santé mentale des femmes. Cela implique de remettre en question les normes de genre rigides et de reconnaître l’impact du patriarcat sur la santé mentale.
Le mythe de la femme hystérique est profondément enraciné dans l’histoire de la médecine et de la société occidentales. Mais il est grand temps de le remettre en question et de briser les stigmates patriarcaux. D’autant que la santé mentale des femmes mérite d’être traitée avec le même sérieux que celle des hommes, sans jugement ni stigmatisation.